Qui est Alina Kabaeva, ancienne gymnaste et compagne supposée de Vladimir Poutine ?

Voilà des années que des tabloïds russes et la presse people internationale lui prête une relation de longue date avec le leader du Kremlin Vladimir Poutine. Le nom d’Alina Kabaeva est entouré de mystères et enjeux politiques. Le point sur celle qui aurait fait imploser le mariage du président russe.

Juin 2013, Vladimir Poutine a surpris le monde entier en annonçant sa séparation tout sourire à la télévision, aux côtés de son ancienne épouse Lyudmila Putina. Après trente ans de mariage, le chef d’État russe confirmait ainsi une rumeur qui courrait depuis plusieurs mois. Lorsque le journaliste lui a demandé : « selon certaines informations, vous ne vivez plus ensemble. Est-ce vrai ? », Vladimir Poutine a répondu d’un laconique : « oui, c’est ainsi. »

En revanche, le journaliste n’avait pas osé parler de l’autre rumeur qui concernait la vie sentimentale de Vladimir Poutine. Celle de la relation extraconjugale qu’entretiendrait le président avec une ancienne gymnaste, Alina Kabaeva, reconvertie comme députée à la Douma, puis magnat de la presse russe.

Le Kremlin verrouille les sources qui évoquent Alina Kabaeva

Originaire de l’Ouzbékistan, né dans la capitale Tachkent, elle est bien plus jeune que Vladimir Poutine. Alina Kabaeva est née en 1983, l’année durant laquelle il s’est marié avec sa première épouse. Elle est la fille d’une joueuse de basket russe, membre de l’équipe nationale d’Ouzbékistan, et d’un père footballeur professionnel.

D’après Paris Match, qui a consacré un article à la mystérieuse athlète dans son édition du 5 mai 2022, Alina Kabaeva serait la compagne de Vladimir Poutine depuis 2006. L’hebdomadaire évoque une télégramme de la CIA révélé par WikiLeaks et qui décrit la jeune femme comme étant « liée à Poutine » depuis cette année-là.

La rumeur d’une liaison entre Vladimir Poutine et la jeune sportive a été formellement contestée par le journal officiel du régime, Pravda. « J’aime toutes les femmes russes », s’était justifié le chef russe.

En 2008, le tabloïd russe Moskovski Korrespondent paye pour son indiscrétion. Après avoir affirmé que Vladimir Poutine préparait son second mariage avec Alina Kabaeva, le quotidien a été interdit de publication pendant trois mois et son rédacteur en chef Grigori Nekhorochev a été limogé. Quelques mois plus tard, le « Moskovski Korrespondent » fermait définitivement pour « difficultés financières ».

Boris Nemtsov, opposant du régime assassiné en 2015, aurait mené ses recherches sur Alina Kabaeva. Selon son investigation citée par Paris Match, la gymnaste se trouvait à bord d’un jet privé de Gennady Timchenko, proche de Poutine, pour se rendre à Sotchi, destination balnéaire si chère au président russe, le 19 mai 2008.

Un proche de l’opposant Alexeï Navalny, Georguy Alburov, témoigne dans Paris Match tandis qu’il est en cavale en Europe pour avoir enquêté sur la jeune femme. « L’argent laisse des traces (…) Alina, sa mère, sa sœur, ainsi que sa grand-mère sont les propriétaires de nombreuses et très chères propriétés qui, toutes, leur ont été données par des intimes de Poutine », souligne le journaliste de 32 ans.

De gymnaste à députée

La sportive était surnommée la « femme la plus souple de Russie » pendant des années. Son palmarès est assez impressionnant, Alina Kabaeva se targue d’avoir décroché 9 titres de championne du monde, 16 titres de championne d’Europe, une médaille d’or aux Jeux Olympiques d’Athènes en 2004 et une médaille de bronze aux JO de Sidney quatre ans plus tôt en 2000.

D’après le Sunday Times, Vladimir Poutine et Alina Kabaeva se seraient rencontré en marge d’une cérémonie félicitant les athlètes russes pour leur performances aux JO, où elle venait d’être médaillée. Le 8 juin 2001, le site du Kremlin poste une photo de la sportive et du leader russe, c’est leur première apparition ensemble note Paris Match.

La même année, la carrière de la championne est entachée par une affaire de dopage. Elle est suspendue un an par la Fédération internationale de gymnastique, après avoir été contrôlée positive au furosémide, un puissant diurétique réputé pour dissimulé les produits dopants.

Malgré cette sanction, son entraîneuse Irina Viner la convie à un gala organisé en l’honneur des gymnaste. Alina Kabaeva est contrainte de rester sur sa chaise, aux côtés de Poutine. « Elle a donc dû s’asseoir à côté de notre président et parler de gymnastique rythmique », a commenté la coach célèbre dans le Moskovsky Komsomolet, qui évoque une « amitié de longue date » entre les deux protagonistes.

Elle profite de cette pause dans sa carrière sportive pour se lancer en politique. Après une tentative de carrière de chanteuse, qui n’a pas aboutie. Membre du Conseil suprême de « Russie unie », le parti de Poutine, elle devient, en 2007, députée de la Douma, où elle est nommée vice-présidente de la Commission de la jeunesse.

C’est depuis cette période que l’ex-gymnaste, qui a pris sa retraite sportive en 2005, est apparue plusieurs fois au bras de Vladimir Poutine, lors de dîners de gala.

La « voix de Poutine » pour la propagande

En 2014, elle quitte la politique et rejoint la direction du conseil du National Media Group, holding russe de médias détenue par Gazprom et possédant plus de 38 chaînes de télévisions et 10 stations de radio.

Une promotion d’autant plus exceptionnelle, puisque celle-ci passe sous le nez du neveu de Yuri Kovalchuk, proche de Poutine avec qui Alina Kabaeva se serait rendue à Sotchi des années plus tôt et qui détient l’organe de presse.

« Elle est la voix de Poutine. Et rien dans son système n’est plus important que de contrôler la presse et la propagande », estime auprès de Paris Match Roman Dobrokhotov, fondateur du média The Insider et auteur de l’enquête reliant Poutine à l’empoisonnement de Navalny le 20 avril 2020.

Il se souvient de cette année, en 2014, édition des JO d’hiver de Sotchi, pour laquelle Alina Kabaeva a défilé comme l’une des porteurs de la flamme olympique, alors même que sa discipline n’est pas au programme. « Elle n’avait rien à y faire », précise le journaliste depuis Londres, où il s’est réfugié.

Des absences remarquées et des naissances cachées

La compagne supposée de Vladimir Poutine a plusieurs fois disparu des radars. D’abord en 2014, pendant quatre mois elle ne donne plus signe de vie dans les médias. Selon plusieurs sources évoquées dans Paris Match, elle aurait accouché en 2015 en Suisse. Une amie d’enfance de Poutine travaille à la clinique Sant’Anna, où la mère aurait logé, d’après La Tribune de Genève.

Les deux amants auraient, au moins, quatre enfants ensemble. Un premier bébé serait né de leur union, un petit garçon, en 2009. Alina Kabaeva avait déclaré à Vogue Russia, dont elle faisait la couverture en 2011, qu’il s’agissait en fait de son neveu. Son ancienne coach et amie Irina Viner avait démenti, rappelle Vanity Fair. Aussi, le média Express-Gazette, appartenant à un proche de Poutine, aurait publié un article consacré à la maternité de l’athlète, avant de le supprimer et que cette dernière ne se fende d’un démenti sur son blog.

Selon le New York Post, dans un article publié en novembre 2013, le couple officieux aurait mis au monde son deuxième enfant. Une fille cette fois.

En 2019, Alina Kabaeva aurait accouché de deux autres garçons, peut-être des jumeaux, au centre hospitalier Koulakov de Moscou.

À partir de 2018, elle disparait à nouveau. Elle est annoncée enceinte de deux mois, puis elle s’évapore. Son absence questionne à l’international. D’après Vanity Fair, Vladimir Poutine aurait misé sur la discrétion absolue lors de cette grossesse. Pour l’accouchement, le service fédéral de protection du pays (FSO), qui veille à la sécurité du leader russe et de son entourage, aurait évacué le quatrième étage de la clinique, congédié une partie du personnel médical et aurait interdit les visites extérieures.

Puis en 2021, elle réapparait, et commente les Jeux de Tokyo à la télévision. Les informations sur son quotidien et ses lieux de vie sont très difficiles à obtenir, seules des sources anonymes assurent qu’elle se rend régulièrement dans les résidences de Poutine, ou bien sur un luxueux yacht long de 140 mètres et dont l’équipage travaille pour le FSO.

Soutien net à l’invasion russe en Ukraine

Sa dernière apparition officielle date du 21 avril 2022, elle a posé en marge des répétitions d’un festival de gymnastique qui porte son nom, devant un panneau où il était inscrit plusieurs « Z », symbole du soutien de l’invasion russe en Ukraine. Le spectacle a été diffusé le 9 mai à la télévision russe.

« Nous nous souvenons et nous sommes fiers de l’exploit de notre grand peuple multinational », a-t-elle déclaré lors de l’événement. 

Cet article a été initialement publié en 2013, il a été mis à jour le 16 mai 2022.

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