Le ringard, une esthétique à la fête sur Internet

Si le confinement a débridé les créativités, il a aussi remis au goût du jour des tendances que l’on pensait enterrées à jamais dans le grenier de la mode. Focus sur cette passion du vintage qui fait vibrer la Toile.

Cardigan un peu poussiéreux, lunettes à double foyer, robe fraise en tulle… À première vue, nous voici dans un grenier où il va falloir avoir le nez creux pour dénicher la perle rare. Et pourtant, celle-ci est bien là, servie sur un plateau. À eux seuls, ces vêtements et accessoires affolent les compteurs (le hashtag #strawberrydress -robe fraise- comptabilise 8 millions de vues sur TikTok) et répondent à des envies mode bien dans l’époque.

Une époque entre autres marquée par une pandémie et un rapport alarmant sur le réchauffement climatiques. Comprendre, une ère propice au stress, à l’anxiété et à la peur du lendemain qui encourage grandement au refuge. Pour la Génération Z, cette tanière se trouve en partie dans le virtuel, devenu haut lieu de créativité. Ici, la nostalgie y est célébrée et le passé ressuscité et fantasmé. Ainsi, on y voit renaître des codes et des esthétiques mode désuètes à coup de challenge et de hashtag bien nommés.

En vidéo, cinq influenceurs à suivre sur TikTok

Les codes pastorals, célébrés

Dans les références sucrée, le hashtag #cottagecore est en bonne place. Ici, il faut s’imaginer plonger dans un épisode de la série culte des années 1970 La Petite Maison dans la Prairie. Toute référence à une petite maison de campagne bucolique y est encouragé. Largement de quoi inspirer des millions d’utilisateurs qui revisitent la simple sortie en forêt en tableau de maître. On comprendra que l’idée du cottagecore est de flirter avec des codes pastorals et champêtres, un brin naïfs, frisants souvent avec l’excès visuel. Dans les faits, cela se traduit pas des mises en scène travaillées avec des robes en tulle, evanescentes, fluides, et agrémentées de motifs régressifs. Les noeuds sont également légions et le panier de pique-nique en osier, un indispensable. Une tendance qui prône une connection à la nature et de laquelle naît un désir de s’éloigner de la ville (et de tous ses dangers).

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As I was planning this shoot I came across a thread on Twitter showcasing black girls in whitewashed aesthetics and cottagecore was the first one in the thread. Now I know a lot of aesthetics are whitewashed especially the soft ones, but I never realized how much until I saw all of the aesthetics showcased in the thread and replies, & the same goes for this genre of movies (Little Women, Nanny McPhee, Sleeping Beauty, Maleficient, Sound of Music, etc) you never see black girls, especially dark skinned black girls in soft dainty aesthetics or soft, carefree leading roles like this. When people post about them or you google them there’s no diversity & when you look them up on Pinterest, you specifically have to search ‘cottagecore black women’ if you want to see someone other than white. This was one of my favorite sets I’ve created to date and I felt really pretty and dainty like I had one of those cute sneezes (which I def do not ?), that thread inspired my next 3 shoot ideas which are based off of white washed genres in film & there’s a LOT. I just want to showcase that black women are multifaceted, we’re beautiful, soft, magical & more. And I want to see more black women especially dark skinned black women in roles that showcase that. I want more black women superheroes, fairies, wizards. I want to see a dark skinned black woman be the lead in an awkward coming of age film, I wanna see us in Victorian era or being a warrior like in Game of Thrones. I want the next generation to see themselves everywhere. So…this is cottagecore…but adding a black girl. ✨

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Porter haut le cheveu gras et le vernis écaillé

Dans un genre plus sombre, l’esthétique «rat de bibliothèque» fait aussi son chemin sur la toile. Baptisée Dark Academia, ce hashtag connaît un gros succès sur les médias sociaux. Visuellement, il s’inspire de la littérature et de la philosophie ancienne, et fait la part belle aux thématiques relatives à l’existentialisme et à la mort. Sur TikTok, ce style est honoré par des palette de couleurs foncées et des mélange d’imprimés, rappelant la mode prônée par Gucci depuis l’arrivée d’Alessando Michele à la direction artistique, en 2015. On est bien loin aussi du courant minimaliste également prôné par les podiums.

Ici, on porte haut le cheveu gras, le vernis écaillé et on réinvente l’attitude «premier de la classe» avec le cuir noir, les dentelles crochet, la fourrure brodée, ou encore les imprimés art déco que l’on accessoirise volontiers à des bijoux vintage piqués dans les tiroirs de sa grand-mère. Les chaussures sont à semelle épaisse, voire plateforme, le col se veut claudine, les yeux maquillés de noir… Les plus adeptes iront chercher le foulard vintage pour le mettre sur la tête et le nouer sous le menton, façon Deschiens.

La tendance Dark academia repérée sur le compte Instagram de @maracalli.

Un style qui pourrait aussi rappeler à plus d’un millennials la silhouette d’Effy Stonem, personnage de la série britannique Skins interprété par Kaya Scodelario. Mais la Dark academia version Gen Z préfère les extrêmes. Dans cet univers gothique, bougies, chat noir, cadres dorés et livres anciens sont des éléments fétiches. Une ambiance cultivée par Netflix, qui alimente la tendance à l’aide de séries comme Sex Education ou Riverdale. Et qui aide à dépoussièrer les vieux placards.

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