Pourquoi peut-on se sentir particulièrement déprimé au moment des fêtes ?

Rues illuminées, Mariah Carey en fond sonore de chaque journée et cadeaux à gogo… Habituellement, les fêtes de fin d’année riment avec gaieté. Mais pas pour tout le monde.

En effet, certaines personnes sont agacées voire pour certaines carrément abattues à l’approche de cette période. On parle alors de blues des fêtes. 

Un phénomène que Laurie Hawkes*, autrice et psychologue, définit comme “un sentiment d’irritation, d’angoisse ou de déprime à l’approche des festivités à ne pas confondre avec la dépression saisonnière ». 

L’enfant intérieur, la clé des fêtes appréciées

En effet, si le petit moral lié aux saisons fraîches est dû au manque de lumière, le blues des fêtes est décrit par notre spécialiste comme “un sentiment d’agacement tourné spécifiquement vers Noël ou le Nouvel An”. Et celui-ci s’explique par différentes raisons.

Ce qui joue en premier lieu, c’est notre passif des fêtes. Pour Lila, 24 ans, cette période est source d’irritation. “Je n’ai jamais vécu ce que l’on voit dans les téléfilms. Mes parents étaient divorcés et j’étais ballotée de droite à gauche”, se rappelle-t-elle. Alors, quand les pubs et romances de Noël commencent à émerger, le moral de Lila dégringole. “Tous les ans, c’est comme si je changeais de personnalité”, ajoute-t-elle, lucide.

Pour notre psychologue, tout est lié à l’enfance : “Se réjouir de l’ambiance festive dépend de ce que l’on appelle l’enfant intérieur. Ceux qui, plus jeunes, n’ont pas eu de bonnes expériences de fêtes ressentent des sentiments négatifs quand cette période arrive”. Une sorte de réminiscence annuelle déprimante qui nous renvoie dans le passé et à la frustration qui était alors de mise.  

Une charge mentale décuplée 

Pour Sophie, pourtant, c’est tout l’inverse. « Petite, j’ai eu de beaux Noël et je veux donner autant à mes enfants”, rapporte cette maman de 42 ans qui avoue ne plus s’émerveiller devant la magie du moment tant le stress l’envahit.

Cadeaux à trouver, repas à confectionner en respectant les habitudes alimentaires de chacun, plan de table à organiser… “C’est une vraie charge mentale supplémentaire”, soupire-t-elle. Résultat ? Depuis quelques années, la joie liée à cette période est ternie par un sentiment d’abattement teinté d’anxiété. 

“Les préparatifs stressants peuvent atténuer cette joie propre à l’enfant intérieur”, confirme la psychologue. Ainsi, si la flamme de l’enfant intérieur peut s’essouffler, elle peut aussi être ravivée. « Avec un travail de thérapie, des personnes parviennent à ré-enchanter les fêtes par elles-mêmes », rassure-t-elle.

Une solitude honteuse et déprimante

“Les fêtes entouré de mes enfants et de mes petits-enfants, c’était toute ma vie avant », raconte André, 77 ans. Mais depuis le décès de son épouse et le départ des autres dans d’autres régions, le retraité se retrouve seul. “C’est dur de passer de tout à rien, mais particulièrement au moment des fêtes”, confie-t-il. 

“Avoir des enfants – même grands – dans son entourage ajoute du plaisir. Faire le sapin, chercher les cadeaux, attendre minuit pour fêter la nouvelle année… Pour beaucoup, les fêtes sont réussies si l’autre est présent”, explicite Laurie Hawkes.

Aujourd’hui, si André évoque avec nostalgie et tristesse ses décembres passés, il n’ose pas parler de sa détresse et se sentirait même “honteux” s’il en informait ses proches.

Notre experte conseille donc à tous de garder un œil sur son entourage. “Il ne faut jamais forcer quelqu’un à passer les fêtes avec nous, mais demander, c’est important, tout comme il l’est d’accepter celui qui n’aime pas les fêtes. Se contraindre à faire comme les autres n’est une solution pour personne”, conclut la psychologue.

*Laurie Hawkes, psychologue clinicienne et auteure du « Petit traité de lucidité »

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