Le répertoire de Jeffrey Epstein contenait "treize numéros de téléphone" au nom du prince Andrew
Accusé d’agressions sexuelles sur mineures, le duc d’York aurait fourni une dizaine de numéros de téléphone correspondant à ses différentes résidences – dont Buckingham Palace – au milliardaire Jeffrey Epstein, a révélé le Daily Mail, le dimanche 29 septembre.
Les révélations sur le prince Andrew, pris dans la tourmente depuis l’avènement de l’affaire Jeffrey Epstein et accusé d’agressions sexuelles sur mineures, se multiplient. Les enquêteurs ont en effet mis la main sur le répertoire personnel de Jeffrey Epstein, retrouvé au sein de sa résidence de Palm Beach, en Floride, a révélé le policier Mike Fisten, le dimanche 20 octobre. Ils y auraient découvert pas moins de treize numéros de téléphone inscrits au nom du prince Andrew. Ces numéros correspondraient, par ailleurs, aux différentes résidences du duc d’York – parmi lesquelles Buckingham Palace.
Durant une interview à Channel 4, Mike Fisten déroule la liste de certaines adresses du prince, parmi lesquelles «Wood Farm, la ferme de Sunninghill Wood, une résidence de Sunninghill, le palais royal, le numéro de sa maison, son adresse email». «Il avait même un numéro de téléphone pour son modem», précise l’enquêteur. Si le prince Andrew a toujours prétendu ignorer les activités illégales de Jeffrey Epstein, le policier n’en croit rien. «Parce que si vous côtoyiez Jeffrey Epstein, vous côtoyiez des jeunes filles mineures, poursuit-il. Il (Jeffrey Epstein, NDLR) n’a pas d’enfants. Il n’a pas de nièces… Allons. Il ne faut pas être un génie pour comprendre qu’il se passe quelque chose.»
Une enquête du FBI
Des révélations qui font suite à l’ouverture d’une enquête sur le fils cadet de la reine Elizabeth II, initiée par le Federal Bureau of Investigation (FBI) en septembre, révélait alors le Sunday Times. «Les enquêteurs américains se concentrent sur plusieurs victimes potentielles dans l’espoir qu’elles puissent fournir plus de détails sur le prince Andrew et son degré d’implication dans l’affaire Jeffrey Epstein», confiait alors une source proche du dossier, employé du ministère de la Justice américain, dans les colonnes du Times. Des entretiens que l’agence fédérale espère mener au cours des prochains mois, précise le quotidien britannique.
La police de Scotland Yard aurait également été sollicitée par le FBI, afin que des détectives puissent enquêter en Angleterre. Le journal avait ainsi interrogé Dai Davis, ancien chef de la sécurité royale à Scotland Yard, qui avait assuré la protection du prince Andrew dans les années 1990. Le policier avait estimé qu’une enquête au sujet du fils de la reine d’Angleterre serait «d’intérêt public», mais aussi dans l’intérêt du principal intéressé.
D’autant que de nouveaux témoignages sont récemment venus accabler le prince Andrew. Invitée sur le plateau de la chaîne NBC, le vendredi 20 septembre, Virginia Roberts, ex-esclave sexuelle présumée du milliardaire américain, avait ainsi détaillé l’une de ses rencontres supposées avec le prince.
« Tu vas rencontrer un prince »
«La première fois à Londres, j’étais si jeune, raconte l’invitée de 35 ans, qui avait 17 ans en 2001. Ghislaine (Maxwell, la compagne de Jeffrey Epstein, NDLR) m’a réveillée et m’a dit : « Tu vas rencontrer un prince aujourd’hui ». Je ne savais pas, à ce moment-là, que j’allais être victime de trafic au profit de ce prince.» Avant de poursuivre : «Cette nuit-là, le prince Andrew est arrivé chez elle, à Londres, et nous sommes sortis au Club Tramp. Andrew m’a donné de l’alcool, c’était dans le carré VIP, et il me disait « Allons danser ensemble ! », j’ai répondu « O.K. ». Puis nous quittons la boîte de nuit, je monte dans la voiture avec Jeffrey et Ghislaine, et Ghislaine dit : « Il revient à la maison, et je veux que tu fasses pour lui ce que tu fais pour Epstein ».»
Virginia Roberts arbore alors une expression abattue : «Je ne pouvais pas y croire, conclut-elle. Il n’était pas impoli, il a dit « merci » et quelques mots gentils, puis il est parti. Je ne pouvais tout simplement pas y croire. Je ne pouvais pas croire que même la royauté était impliquée. Il nie que cela soit jamais arrivé, il va continuer à le nier, mais il connaît la vérité, et je la connais aussi.»
« J’aurai de gros problèmes »
En août, un échange de mails mis au jour par le magazine américain New Republic révélait également que le prince avait été aperçu alors qu’il se faisait masser les pieds par deux jeunes femmes dans le manoir du milliardaire, à New York. John Brockman, un agent littéraire, raconte cet épisode : «La dernière fois que je lui (Jeffrey Epstein, NDLR) ai rendu visite dans sa maison (la plus grande résidence privée de New York), je l’ai trouvé en maillot de bain avec un type anglais en costume à bretelles, en train de se faire masser les pieds par deux jeunes femmes russes bien habillées», écrit-il.
Le Britannique en question – qui ne serait autre que le prince Andrew – lance alors : «À Monaco, Albert travaille douze heures par jour mais à 21 heures, quand il sort, il fait ce qu’il veut, et tout le monde s’en moque. Mais si je fais ça, j’aurai de gros problèmes.» John Brockman, lui, conclut son mail de la manière suivante : «Une semaine plus tard, un jour sans actualités, la couverture du New York Post montrait une photo pleine page de Jeffrey et Andrew marchant à Central Park sous le titre « le prince et le pervers »».
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D’étranges voyages en jet privé
Le prince Andrew aurait également effectué un voyage dans le jet privé du milliardaire (surnommé le «Lolita Express») en compagnie de Jeffrey Epstein et de Virginia Roberts, a révélé The Sun mercredi 21 août. Des documents judiciaires, qui ont refait surface douze jours plus tôt, reprennent en effet le témoignage du pilote de l’avion, David Rodgers, 66 ans. Dans sa déposition, ce dernier se souvient d’un trajet vers les îles Vierges en compagnie de Jeffrey Epstein, du prince Andrew et de Virginia Roberts, 17 ans à l’époque. Ce dernier aurait eu lieu le 11 avril 2001, en compagnie de Ghislaine Maxwell.
Le Daily Mail avait par ailleurs obtenu les carnets de vol du «Lolita Express». Ces registres confirment que Virginia Roberts a pris place à bord de l’appareil à plusieurs reprises en 2001. Elle s’envolait alors pour Londres, New York et les Caraïbes – trois lieux où la jeune femme clame avoir eu des relations sexuelles avec le prince Andrew. «Des recherches du Daily Mail suggèrent que le duc était à chaque fois à proximité durant ces voyages», confirme le quotidien britannique. Néanmoins, ces carnets de bord ne sont en aucun cas la preuve qu’il y ait eu un «contact sexuel ou une relation» entre le prince Andrew et la jeune femme, précise le média.
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Une séquence compromettante
Le fils cadet de la reine Elizabeth II s’était défendu contre les accusations d’agressions sexuelles formulés à son encontre dans un communiqué de Buckingham Palace, publié lundi 19 août. Il se disait alors «consterné» par de telles allégations. «Le duc d’York est consterné par les récents articles sur les crimes présumés de Jeffrey Epstein, pouvait-on lire dans le communiqué relayé par l’agence Press Association. Son Altesse Royale déplore l’exploitation de tout être humain et l’idée qu’il pourrait cautionner, participer ou soutenir de telles pratiques est abominable.» Des déclarations survenues après la publication d’une vidéo compromettante sur le site du Daily Mail, samedi 17 août.
La séquence, qui aurait été filmée le 6 décembre 2010, montrerait l’ex-époux de Sarah Ferguson à la sortie du manoir de Jeffrey Epstein, à Manhattan, en compagnie d’une jeune fille brune. On y aperçoit d’abord le milliardaire quittant sa demeure, suivi d’une jeune fille blonde. Moins d’une heure plus tard, une autre femme brune sort de la maison et, sur le pas de la porte, un homme qui paraît être le prince Andrew hoche la tête dans sa direction avant de lui faire signe.
Il jette un coup d’œil prudent vers l’extérieur, puis referme la porte. À l’époque, le prince Andrew est encore le représentant spécial du gouvernement britannique pour le commerce international. Le duc d’York avait également été photographié au côté de Jeffrey Epstein à New York, près de Central Park, en 2010, précise le quotidien britannique. Depuis, une source anonyme clame dans le Times que cette visite visait pour le prince à dire au milliardaire «qu’ils ne pouvaient plus être amis».
Dix ans plus tôt, en décembre 2000, le prince Andrew avait déjà été aperçu aux côtés de Jeffrey Epstein et Ghislaine Maxwell sur le domaine de Sandringham, dans le Norfolk, en Angleterre. Dans une série de clichés mis au jour par The Sun, on voit le trio prendre part à une partie de chasse sur les terres de la reine d’Angleterre, durant les fêtes de Noël. En 1999, le prince Andrew aurait également accueilli Jeffrey Epstein et un mannequin d’une vingtaine d’années au château de Balmoral, en Écosse, poursuit le quotidien britannique.
Une décennie plus tard, Jeffrey Epstein, 66 ans, était retrouvé pendu dans sa cellule, le samedi 10 août. La veille de son décès, des éléments du dossier, également resurgis du passé, accusaient le prince Andrew d’être impliqué dans l’affaire Epstein. Selon l’enquête américaine, le fils cadet de la reine Elizabeth II aurait sollicité des «massages» de jeunes filles, qui pouvaient devenir des rapports sexuels forcés, durant ses visites au milliardaire.
Des accusations jugées « fausses et infondées »
En 2015 déjà, Virginia Roberts, victime présumée de Jeffrey Epstein, affirmait avoir eu des relations sexuelles avec le prince alors qu’elle n’avait que 17 ans. Elle avait expliqué avoir eu un contact avec lui à trois reprises, à New York, Londres et sur une île privée des Caraïbes détenue par Jeffrey Epstein – entre 1999 et 2002. En 2015, une femme dénommée Johanna Sjoberg expliquait que le prince lui avait touché les seins pendant qu’ils étaient assis sur le canapé de Jeffrey Epstein, en 2001.
Le palais de Buckingham démentait alors des accusations jugées «fausses et infondées», ajoutant que «toute idée d’indécence avec des personnes mineures» de la part du duc d’York était «catégoriquement fausse». Jeffrey Epstein, quant à lui, encourait avant son décès la prison à perpétuité pour «trafic sexuel» sur mineures, dont certaines à peine âgées de 14 ans.
*Cet article du 19 août 2019 a fait l’objet d’une mise à jour.
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