Laetitia Shériff vise encore juste dans son nouvel album

Toutes guitares dehors, la Rennaise chante dans son quatrième album les affres de l’immobilité et la reconstruction de soi. Ça résonne.

Certains disques, pourtant achevés avant que 2020 ne parte en vrille, résonnent particulièrement. Stillness, de la Rennaise Laetitia Sheriff, est de ceux-là. « Je suis de tempérament optimiste, mais l’époque teste mes limites », souffle-t-elle.

L’immobilité (stillness) subie ou qu’on combat est le fil rouge d’un quatrième album où la (magnifique) voix et les guitares s’exacerbent. Plus caressant ou plus sonique, l’heure n’est pas aux tiédeurs.

« L’oubli est l’autre chose qui me tourmente. Dans le rythme furieux de ce que l’on vit, comment ne pas oublier qui on est et ce qui compte », dit la jeune quadragénaire.

La révolte et la douceur

La grâce et la noirceur, la révolte et la douceur, et un certain idéalisme ont toujours été les compagnons de la chanteuse-guitariste.

People Rise Up et ses tonalités orientales espère que les Printemps arabes ne sont pas finis. Pamper Yourself insiste sur la « nécessité de trouver la force de se régénérer, prendre soin de soi mais sans tomber dans le culte du corps ». Go To Big Sur fait référence au roman de l’écrivain vagabond Jack Kerouac. Son héros-miroir espère « se sauver au contact de la mer. C’est un leurre.  »

Pour exprimer les nécessaires espoirs, même déçus, « je voulais un disque très guitare, très dense et fort. Mais sans assourdir. » Son mari Thomas Poli (Dominique A, Montgomery), l’un des plus fins guitaristes français, excellent producteur, a donné à leurs six cordes puissance, grains et flexibilité. Le batteur Nicolas Courret (Eiffel) apporte la force motrice. Cela pourrait suffire.

Le titre le plus accrocheur, Deal With This (Occupe-toi de ça), morceau enjoué en forme de défi à la dépression, s’épice d’arrangements de cuivres et d’un intermède à la Beatles grand cru.

On aimerait que ce soit un tube. Elle n’en rêve pas forcément « J’aime ma place actuelle dans le milieu musical, parce que je sais que je n’en ai pas fini. J’ai de l’ambition mais aucun cap à dépasser d’urgence. »

Stillness, Yotanka, 10 titres, 40 minutes.

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