À partir d'aujourd'hui à 16h16, les Françaises travailleront bénévolement
Selon la lettre d’information féministe Les Glorieuses, les Françaises travailleront bénévolement à partir de ce mercredi et jusqu’à la fin de l’année. Explications.
Dès le mercredi 4 novembre, à 16h16, les Françaises travailleront… pour des prunes. «À partir de ce jour, les femmes en France commencent à travailler bénévolement jusqu’à la fin de l’année, du fait des inégalités salariales», dénonce la newsletter féministe Les Glorieuses.
https://instagram.com/p/CG7ScS-nEQx
Cette date n’a pas été arrêtée au hasard. Elle a tout simplement été calculée en prenant le chiffre des inégalités de salaires femmes-hommes, dressé par le baromètre Eurostat. Concrètement, que dit l’Office européen de statistiques ? D’après lui, le salaire horaire brut moyen des Françaises est de 15,5% inférieur à celui des hommes. Sur la base de journées de 7 heures (et de semaines de 35 heures), Les Glorieuses ont ensuite rapporté cet écart au nombre de jours ouvrés en 2020 (soit 253), veillant à exclure les week-ends et les jours fériés. Résultat : on obtient la date du 4 novembre à 16h16 et 48 secondes.
Plusieurs mesures des inégalités salariales
Il convient de rappeler que la donnée d’Eurostat est elle-même sujette à débat. Pour l’Insee, dont les chiffres les plus récents ne prennent en compte que le secteur privé, l’écart salarial entre femmes et hommes s’établit à 18,5%. Tandis qu’il est de 9,9%, d’après l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Difficile donc d’avoir une réponse unique mais ce qui est certain, c’est que lorsque l’on compare les salaires à postes et âges équivalents, «il demeure 9% d’écarts de salaire injustifiés entre les femmes et les hommes», observe le ministère du Travail. Un écart que l’Observatoire des inégalités qualifie de «discrimination pure».
«Est-ce mieux qu’il y a quatre ans lorsque nous avons commencé à faire ce mouvement pour l’égalité salariale ? Au mieux, je peux répondre que cela stagne. Mais quand on voit les chiffres, on voit qu’on régresse. Il y a quatre ans, cet écart était de 15,1%», regrette Rebecca Amsellem, fondatrice des Glorieuses.
Comment changer la donne ?
Pour rectifier le tir et faire de l’égalité salariale une réalité, ces dernières années, en France, les pouvoirs publics ont misé sur plus de transparence. En découle, le vote de la loi Pacte en avril 2019. Celle-ci prévoit que chacune des plus grandes entreprises communique désormais l’écart entre le niveau de rémunération de ses dirigeants et la moyenne des salaires. Cette loi impose aussi de dévoiler le salaire médian, qui sépare les salariés de l’entreprise en deux groupes de même nombre : la moitié des effectifs gagne plus que ce montant ; l’autre moitié, moins.
Qui plus est, la loi sur l’égalité professionnelle – entrée en vigueur en 2019 – a instauré un Index de l’égalité. Soit un outil permettant de savoir où se situe une entreprise en matière de parité, selon plusieurs indicateurs (dont les écarts de salaire, les chances d’augmentation ou de promotion). En cas de mauvais résultats, des sanctions – notamment financières – sont prévues.
Mais cela ne suffit pas. Pour Les Glorieuses, il s’agit de mettre en place des politiques publiques d’envergure. Comment ? En soutenant notamment un congé paternité équivalent au congé maternité ; en renforçant l’Index de l’égalité par la création d’un certificat d’égalité obligatoire des entreprises ; ou encore, en conditionnant l’accès aux marchés publics, l’obtention des subventions publiques et celui des prêts garantis par l’État au respect de l’égalité salariale au sein de sa structure.
En vidéo, que disent les chiffres des inégalités hommes-femmes en France ?
Si d’habitude, les Françaises étaient invitées à quitter le bureau pour dénoncer les inégalités salariales, la pandémie de Covid-19 modifie les champs d’action. Cette année, Les Glorieuses propose donc d’agir autrement : signer leur pétition, interpeller les députés pour leur demander un plan de relance économique féministe, ou tout simplement partager le hashtag #4Novembre16h16 sur les réseaux sociaux. De quoi alimenter la vague pour l’égalité salariale.
Source: Lire L’Article Complet