Delphine Boël, la fille illégitime d’Albert II, revendique le titre de princesse de Belgique

Après une féroce bataille juridique, qui durait depuis des années, Albert II de Belgique a finalement reconnu sa fille illégitime en janvier. Depuis, Delphine Boël demande à porter le titre de princesse de Belgique et le nom de Saxe-Cobourg.

Sa quête de vérité a pris fin en janvier. Delphine Boël, une artiste plasticienne de 52 ans, affirmait depuis 2013 être la fille biologique d’Albert II de Belgique. Le père de l’actuel roi des Belges, Philippe, aurait entretenu une liaison avec Sybille de Sélys Longchamps, la mère de Delphine Boël, des années 1960 à 1970. Albert II de Belgique avait finalement reconnu sa fille illégitime, le 27 janvier, par voie de communiqué. «Ce soir, c’est clairement un soulagement», avait déclaré Delphine Boël via son avocat. Pourtant, «rien ne pansera» sa «blessure affective», a déclaré ce dernier, fustigeant le communiqué du roi pour son «manque d’élégance, d’humanité, voire de gentillesse».

« Elle ne veut pas être une enfant au rabais »

Depuis que l’ancien roi a reconnu être le père biologique de Delphine Boël, cette dernière a demandé à la cour d’appel de Bruxelles de pouvoir porter le titre de princesse de Belgique, ainsi que le nom de Saxe-Cobourg, a révélé Le Soir après la dernière audience du procès, le jeudi 10 septembre. «Elle ne veut pas être une enfant au rabais, elle veut avoir exactement les mêmes prérogatives, titres et qualités que ses frères et sœurs», a expliqué son avocat Marc Uyttendaele. Les enfants de l’artiste, Joséphine et Oscar, nés le 17 octobre 2003 et le 28 avril 2008, pourront eux aussi prétendre à ce titre.

«Aujourd’hui, nous avons discuté de ce que Mme Boël estime être les accessoires de cette demande de reconnaissance, c’est-à-dire la question du nom et du port du titre de princesse de Belgique», a de son côté affirmé Me Alain Berenboom, l’avocat d’Albert II de Belgique. Avant d’ajouter : «Sur ce point, le roi rappelle en tout cas qu’il faut appliquer la loi. Pour le nom, c’est plutôt une procédure administrative que judiciaire, nous semble-t-il. En ce qui concerne le titre, ce n’est pas une prérogative de la cour mais une prérogative du pouvoir exécutif, d’après nous.»

Le 28 mai 2019, Albert II, 86 ans, avait accepté de se soumettre à un test ADN. Selon un communiqué officiel cité par Le Monde, il s’était rendu dans un hôpital de Bruxelles où l’échantillon était conservé dans un coffre. Depuis, «Sa Majesté le Roi Albert II a pris connaissance des résultats du prélèvement ADN auquel il s’est prêté à la demande de la cour d’appel de Bruxelles, ont indiqué ses avocats. Les conclusions scientifiques indiquent qu’il est le père biologique de Mme Delphine Boël». L’ex-roi affirme avoir décidé «de mettre un terme dans l’honneur et la dignité à cette procédure pénible», et regrette qu’elle n’ait «pas respecté la vie privée des parties», selon le communiqué.

Une guerre juridique datant de 2013

Albert II de Belgique et Paola Ruffo di Calabria assistent à la messe en mémoire des victimes de l’attentat de Bruxelles. (Le 22 mai 2016.)

Delphine Boël a 18 ans quand sa mère, Sybille de Sélys Longchamps, lui révèle l’identité de son père. Cette présumée filiation est rendue publique en 1999. Après une tentative de conciliation qui échoue, elle entame une procédure de reconnaissance de paternité en 2013. Alors que la même année, un sondage mené par Le Monde révèle qu’un Belge sur deux souhaite que le roi reconnaisse sa fille présumée, il nie. Commence alors une véritable guerre juridique.

Quatre ans plus tard, le tribunal de première instance rejette sa demande «recevable et non fondée» d’effectuer un test sur son propre père, l’industriel Jacques Boël. En parallèle, Sybille de Sélys Longchamps, la maîtresse supposée d’Albert II, décrit de façon très sombre la relation entre Albert II et son épouse Paola Ruffo di Calabria dans le documentaire Notre fille Delphine, ce qui est presque considéré comme un aveu de sa liaison avec le souverain.

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Prélèvement génétique ordonné

En septembre 2013, le quotidien Le Soir révèle que Jacques Boël fait l’objet de fortes pressions pour ne pas désavouer sa paternité. Le même journal expliquait, la veille, comment le futur couple royal avait manqué de divorcer à deux reprises, en 1969 et 1976. Dans un arrêt datant du 25 octobre 2018, la cour d’appel de Bruxelles statue finalement que Jacques Boël «n’est pas le père légal ou biologique de Delphine». L’industriel ne conteste pas cette décision. La juridiction ordonne également à Albert II de se soumettre à un prélèvement génétique. Le père de l’actuel roi des Belges refuse, ses avocats introduisent un pourvoi en cassation en février.

L’objectif de la fille présumée d’Albert II ne semble être ni l’argent, ni le pouvoir. En 2014, son avocat Alain De Jonge affirmait dans une interview au quotidien De Morgen : «Elle est lasse d’être considérée comme une fille illégitime et veut être enfin reconnue comme enfant».

Le 16 mai 2019, pour appuyer son arrêt d’octobre, la cour d’appel indique imposer à Albert II une astreinte de 5000 euros par jour, s’il persiste à refuser de se plier au test. Sur une suggestion des avocats de Delphine Boël, elle avait aussi stipulé qu’en cas d’accord sur le test, Albert II obtenait la garantie que le résultat reste confidentiel. Cette garantie tiendrait jusqu’à la fin de la procédure en cassation.

La question de l’héritage

Cette décision représentait la première victoire pour Delphine Boël. Au micro de Soir Première, son avocat Me Marc Uyttendaele avait affirmé : «Elle (Delphine Boël, NDLR) a directement pensé à ses enfants, affirmait le magistrat sur les ondes. Elle se dit qu’ils n’auront pas à porter ce poids, ce fardeau pendant toute leur vie.» Avant d’ajouter : «Je crois […] que ce test ADN est symboliquement important. La cour d’appel a dit qu’il fallait faire vite parce que le roi Albert II est âgé et que tout autre type de contrôle que l’on pourrait faire après son décès seraient des solutions compliquées. Il faut choisir la solution simple.»

Selon Le Monde, l’un des avocats d’Albert II, Me Guy Hiernaux, indiquait que son client était très affecté par la situation, parlant de cinq années de persécution et indiquant que son état de santé était loin d’être bon. Delphine Boël avait quant à elle fait répondre par son avocat que son objectif était simplement de faire établir la vérité. Au début de l’année, l’avocat d’Albert II, Alain Berenboom, avait affirmé à la télévision belge RTBF : «Juridiquement, il arrête là en quelque sorte le combat judiciaire et accepte que Delphine Boël devienne son quatrième enfant».

D’après la télévision belge RTL, Delphine Boël, reconnue comme fille d’Albert II, pourrait prétendre «à un quart de ce que les autres enfants auront droit» au décès du souverain depuis qu’une récente loi sur l’héritage a été modifiée en Belgique. Mais elle ne devrait pas avoir de dotation ni d’accès au trône, puisque la constitution belge prévoit que les héritiers de la couronne doivent être légitimes, donc nés au sein du mariage.

* Cet article initialement publié le 25 mai 2019 a fait l’objet d’une mise à jour.

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