TEMOIGNAGE. Charles Juvin : "La transplantation et le don d’organes m’ont toujours fasciné"
Chirurgien cardiaque depuis quatre ans à la Pitié-Salpêtrière (Paris), le Dr Charles Juvin, 34 ans, est spécialisé dans les transplantations où la question de vie et de mort est sans cesse présente. A découvrir dans Grands Reportages dimanche 25 octobre à 13 h 40 sur TF1.
On vous voit transporter un cœur dans une glacière. Vous semblez zen pendant tout le trajet. C’est le cas ou c’est une façade ?
Charles Juvin : La nervosité est présente en début de carrière mais elle disparaît une fois qu’on a l’habitude de faire un geste, qu’il devient presque mécanique. Donc oui, je suis assez zen. Quand quelque chose ne se passe pas comme prévu, l’adrénaline monte un petit peu mais c’est rare. Il est important de maintenir son calme. Si l’anesthésiste ou le chirurgien, leaders au bloc opératoire, perd son calme, cela fait perdre son calme à toute l’équipe. Même si la situation va mal, car il peut y avoir des moments tendus en chirurgie, il faut savoir rester serein. C’est le meilleur moyen pour trouver une solution.
Il y a pourtant tant de facteurs que vous ne pouvez pas maîtriser…
Oui, mais la transplantation est surtout une histoire de coordination et un des plus beaux exemples de travail d’équipe en médecine. Il n’y a pas que le chirurgien qui va chercher le cœur ou l’anesthésiste qui endort le patient, il y a aussi toute l’équipe paramédicale, les transporteurs, les infirmiers de coordination qui font un travail monstrueux pour que tout le monde soit à l’heure. La coordination se fait aussi au niveau national : quand on prélève un cœur, on prélève aussi d’autres organes. Des équipes viennent de toute la France. C’est une procédure très rodée. Et s’il y a un couac, on a toujours un plan B. Et un plan C.
Avez-vous le même état d’esprit quand vous prélevez un cœur et quand vous l’implantez ?
Oui, la fascination. Déjà l’énorme générosité que représente ce don anonyme, la grande solidarité de ces familles qui ont perdu un être cher… Après, au niveau technique, le donneur est en mort cérébrale et on arrête son cœur. On met le cœur arrêté et protégé dans une glacière. On le transporte. Moins de quatre heures plus tard, on le remet dans un corps qui est connecté à une machine de circulation extracorporelle en attendant le greffon. Dès que le cœur reçoit du sang chaud, il se remet à battre. C’est assez magique.
Quel est votre premier sentiment quand la transplantation est réussie ?
Cela met un sourire sur les lèvres quand l’histoire se finit bien.
Et quand elle se finit mal ?
Heureusement, cela n’arrive pas souvent mais cela attriste toute l’équipe. On se remet en question, on voit où on aurait pu faire mieux et les choses à corriger. Malheureusement, on ne peut pas sauver tout le monde et parfois, cela ne dépend pas que de nous. Mais on a des taux de réussite très élevés et d’excellentes survies en post-opératoire.
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