Sur le front (France 2) Hugo Clément : "On a voulu éviter l’écologie apocalyptique"
Pour la première de ses quatre émissions consacrées aux problématiques environnementales, le journaliste a suivi des militants qui se battent pour la protection des océans…
Comment avez-vous abordé ce sujet, si vaste ?
Hugo Clément : On a voulu éviter l’écologie « apocalyptique ». C’est l’écueil auquel on se heurte, souvent, au sujet de l’environnement. Les nouvelles ne sont pas encourageantes, lorsqu’on regarde les études des organismes de recherche. Du coup, on se retrouve avec des documentaires anxiogènes. On a préféré cibler des endroits où des gens luttent avec succès. L’objectif est de se dire : « OK, la situation est grave, mais on peut améliorer les choses. »
Qui sont les gardiens des océans ?
Ils viennent de tous les horizons : activistes, chercheurs, scientifiques… Ces gens ont décidé de tout quitter pour se consacrer à leur combat. Au Mexique, nous étions avec des militants de l’ONG Sea Shepherd, parmi lesquels, des Français. Ils passent des mois au large de la Californie pour sauver les vaquitas, une espèce de marsouins menacée. On a suivi des activistes australiens, qui s’opposent à l’exploitation d’un des plus gros gisements de charbon au monde, une menace pour la Grande Barrière de corail. En Méditerranée, nous avons vu des bénévoles qui sauvent des tortues menacées de disparition.
Quels enseignements avez-vous tirés de cette expérience?
J’ai été frappé par la capacité de résilience des écosystèmes. Quand on relâche la pression, la nature reprend ses droits. Rien n’est désespéré. En revanche, je crois qu’il faut insister sur l’urgence. Car quand on parle d’échéance à cent, cinquante ou même vingt ans, les gens se sentent peu concernés. Or, les choses se passent maintenant. Les vaquitas sont en voie d’extinction. Il n’en reste aujourd’hui que six spécimens. La Grande Barrière de corail, elle, ne va pas mourir dans un siècle : 50 % de sa superficie a déjà disparu. En ce qui concerne la Méditerranée, victime de la pollution et de la surpêche, l’Union européenne vient d’alerter sur un risque d’effondrement de l’écosystème. À ce rythme, les anchois et les sardines vont devenir rares…
À lire également
Hugo Clément arrêté en Australie en plein tournage
Quelles difficultés avez-vous rencontrées pendant le tournage ?
Techniquement, déjà, les prises de vues sous-marines étaient relativement compliquées. D’autre part, les questions environnementales suscitent des tensions. En Australie, par exemple, on a senti que nous n’étions pas les bienvenus. Il y a eu l’épisode de l’arrestation par la police… Nous étions avec des activistes qui bloquaient la route par laquelle transite le minerai. Aucun d’entre eux n’a été arrêté, sauf nous ! Ils ont ensuite multiplié les tracasseries. On a aussi eu des difficultés au Mexique, avec le cartel de Sinaloa, l’un des plus puissants du pays. Il contrôle la pêche du totoaba, un poisson dont la vessie, prisée des Chinois, se vend à prix d’or. C’est dans leurs filets que les vaquitas se font piéger. Ils ont accepté de nous emmener en mer, mais nous n’étions pas rassurés.
Quels seront les sujets de vos prochaines émissions ?
Quatre documentaires, en tout, ont été commandés. Le deuxième sera consacré aux glaciers. Pour les deux autres, rien n’est encore arrêté.
Hugo Clément Sur le front est diffusé mardi 26 novembre à 21h05 sur France 2
Interview Hacène Chouchaoui
Source: Lire L’Article Complet