« Matrix Resurrections » accuse le coup de la nostalgie
- Les héros de la saga « Matrix » reviennent en nombre pour ce quatrième volet et se perdent de nouveau entre mondes réel et virtuel.
- « Matrix Resurrections » ne manque pas d’atouts, notamment des scènes à couper le souffle, mais joue un peu trop la carte de la nostalgie et de l’autocitation.
Ils sont de retour. Neo, Trinity et Morpheus ont mis près de vingt ans à se réinventer pour Matrix Resurrections, réalisé en solo par Lana Wachowski. Certains ont bien vieilli (
Keanu Reeves et
Carie-Anne Moss). D’autres moins (Jada Pinkett-Smith avec un maquillage surprenant). D’autres ont été remplacés (Laurence Fishburne a pris les traits de
Yahya Abdul-Mateen II) et certains arrivent en renfort (Coucou
Neil Patrick Harris !).
« La trilogie parle de très belles relations amoureuses, du combat de l’être humain et du sens de notre vie », explique Lana Wachowski dans une note d’intention. C’est ce que la réalisatrice a voulu insuffler à ce quatrième volet qui évolue entre univers virtuel et réel en entraînant le spectateur à sa suite. Ce voyage est à l’image du film qui tente de se frayer une voie entre références et nouveauté, comme semblent le faire de plus en plus les grosses productions hollywoodiennes. Témoin le récent Spider-Man : No Way Home où les spectateurs sont largués s’ils n’ont pas vu les films précédents.
Une question de gélules
En 1999, Matrix était un choc narratif et esthétique, notamment avec le spectaculaire
effet «bullet time» qui ralentit l’action de façon hypnotique. Les deux autres volets (sortis en 2003), plus foutraques ont moins
remporté l’adhésion. En 2021, la saga a été beaucoup copiée et parodiée si bien que l’effet de surprise s’est envolé, laissant la place au plaisir de retrouver les héros pour de nouvelles aventures. Lana Wachowski a pris cet élément en compte. Elle transforme son héros en créateur de jeu vidéo, auteur d’une saga Matrix pas bien dans sa tête et sa célébrité, qui s’interroge sur la pertinence de lancer un nouveau volet mais y est contraint par des financiers cupides.
Il n’est pas besoin de divulgâcher le reste de l’intrigue pour se douter que les protagonistes vont être confrontés au choix de la gélule rouge ou bleue et se paumer dans la Matrice au point de devenir zinzin. Si vous ne comprenez pas cette phrase, vous touchez du doigt le problème du film : il faut déjà être familier avec la saga Matrix – ou tout au moins avec le premier volet – pour suivre. De (trop) nombreux extraits des autres films ne suffisent pas vraiment pour s’y retrouver.
De l’action et de la nostalgie
Quelques scènes à couper le souffle (elle sait vraiment y faire, Lana), une dose d’autodérision et un joli sous-texte romantique rendent indulgent pour l’ensemble malgré quelques baisses de rythme – deux heures et demie, ce n’est pas raisonnable !- et un certain moment de cabotinage vraiment collector d’un acteur français qui semble avoir explosé en vol… Matrix Resurrections fonctionne principalement sur la nostalgie ce qui en constitue tout autant le charme que les limites.
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