"Lingui, les liens sacrés" : un film militant du réalisateur tchadien Mahamat-Saleh Haroun sur l'avortement et l'excision
Réalisateur avant d’être ministre du Développement touristique, de la culture et de l’Artisanat du Tchad de 2017 à 2018, Mahamat-Saleh Haroun était (Un homme qui crie) en compétition à Cannes avec Lingui, les liens sacrés qui sort mercredi 8 décembre. Rare réalisateur majeur du continent africain, passionné par son pays dont il partage l’amour dans ses films, progressiste et réformiste, Mahamat-Saleh Haroun bouscule les tabous en dénonçant l’excision et l’interdiction d’avorter dans son pays.
Exotisme et clichés ?
Fille-mère rejetée par sa famille, Amina vit seule dans un faubourg de N’djaména, capitale du Tchad, avec Maria, sa fille unique de 15 ans. Elle vit chichement d’un petit artisanat à base de récupération, quand Maria lui apprend être enceinte et vouloir avorter. Malgré la condamnation par la religion musulmane et les poursuites judiciaires qu’elles encourent, Amina va tout faire pour la tirer de ce mauvais pas.
Mahamat-Saleh Haroun filme admirablement la lumière blanche et dorée qui illumine N’djaména, où le ballet incessant des deux-roues vrombit dans les rues. On est au côté d’Amina, dans son petit atelier rudimentaire où elle confectionne des objets décoratifs, seule ressource de cette famille monoparentale mise à l’index. Le réalisateur ferait-il dans l’exotisme et le cliché ? Le décor est en tout cas évocateur, et le sens du cadre, de la couleur et du mouvement est de chaque plan.
Didactisme utile
Amina est une paria qui ne cherche qu’à s’effacer, à s’intégrer dans un voisinage qui la rejette. La grossesse de sa fille la ramène à ce qu’elle a vécu par le passé, comme si l’histoire se répétait. Compatissante, elle va l’aider. Mais le danger est partout : la rumeur se propage, l’imam fait pression, et bientôt la police. Une solidarité discrète s’organise entre femmes, mais tiendra-t-elle ?
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