Le Terminal (6Ter) L'incroyable histoire vraie derrière le film de Spielberg

Le personnage interprété par Tom Hanks s’inspire de l’histoire de sir Alfred Mehran, d’origine iranienne, qui a vécu seize ans dans l’aéroport de Roissy…

Des millions de spectateurs ont ri des mésaventures de Viktor Navorski, un immigré d’Europe centrale coincé dans l’aéroport JFK de New York. Mais au départ, cette histoire est un authentique fait divers. En 2000, Steven Spielberg tombe sur un portrait télévisé qui le stupéfie : celui d’un certain Mehran Karimi Nasseri, surnommé « sir Alfred Mehran ». Opposant politique iranien expulsé de son pays en 1975, cet étrange personnage vit depuis août 1988 dans les couloirs de l’aéroport parisien Roissy-Charles-de-Gaulle. Sans-papiers, plusieurs fois emprisonné en Europe pour séjours clandestins, il a demandé l’asile politique à une douzaine de pays, dont la France. En vain. Victime des lois d’immigrations kafkaïennes, il se retrouve condamné à errer des mois en zone de transit. 

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Apatride plongé dans une solitude abyssale, Mehran va s’improviser citoyen d’un nouveau territoire plutôt original : celui du terminal 1 de Roissy, dans la zone dite « boutiquaire », où il va demeurer pendant seize ans, entre le McDonald’s, les toilettes publiques et la pharmacie. Sir Alfred est un modèle de discrétion et de savoir-vivre qui se fond dans le décor. Il sympathise avec les femmes de ménage, les policiers, les commerçants et devient même l’ami du docteur Bargain, médecin chef de l’aéroport. Il prend une douche quotidienne, fait sa gymnastique sous les yeux amusés des passagers et passe le plus clair de son temps à lire le Financial Times. Cet intellectuel a autrefois suivi des cours de psychologie à l’université de Bradford. 

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En juin 1999, son avocat, Me Bourget, lui obtient enfin des papiers auprès du tribunal de Bobigny. Mais contre toute attente, sir Alfred refuse de quitter ses chers mètres carrés aéroportuaires. « Roissy était devenu son pays d’adoption : en psychanalyse, on parle du “syndrome de l’escargot”, en référence à ces routards qui prennent racine dans des gares », explique le docteur Bargain. L’affaire fait alors grand bruit. Les journalistes du monde entier se bousculent pour interviewer « l’apatride de Roissy », dont de nombreuses télévisions américaines.

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Fasciné par cette histoire, le réalisateur de E.T. décide donc, en mai 2000, d’acheter à sir Alfred les droits d’exploitation de son incroyable vie. Mais comment diable le joindre ? En fait, on ne peut l’atteindre que sur le téléphone de Martin Youenang, le gérant de la pharmacie du terminal 1. Les producteurs de Spielberg l’appellent sur ce poste. Dans un anglais parfait, le « SDF » négocie calmement les clauses de son contrat. Il empoche un pactole de 300 000 dollars qui lui sont versés directement sur un compte à La Poste de Roissy ! Le 27 juillet 2006, sir Alfred, malade, doit se résoudre à quitter son terminal pour l’hôpital. Aux infirmiers, il confesse le désir de vivre un jour dans un bel hôtel, mais tout près de son cher aéroport, bien sûr.  

Le Terminal est à voir dimanche 24 novembre à 21h05 sur 6Ter

Jean-Baptiste Drouet

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