Le film Les Misérables, révélation du Festival de Cannes, débarque au cinéma
Le mercredi 20 novembre prochain sort Les Misérables réalisé par Ladj Ly. Un premier long-métrage poignant. Mais, surtout, il dévoile une vision juste sur les banlieues.
Les Misérables est sans aucun doute un des films les plus attendus depuis la cérémonie de clôture du Festival de Cannes de cette année. Le film démarre avec, Stéphane, tout juste arrivé de Cherbourg. Il intègre la Brigade Anti-Criminalité dans le 93 à Montfermeil. Il rencontre alors ses deux nouveaux coéquipiers, Chris et Gwada. Lors d’une interpellation, les trois flics se retrouvent débordés par l’agitation et un enfant est blessé. Dans tout cela, un drône a tout filmé.
De Kourtrajmé au Festival de Cannes
Le film de Ladj Ly n’avait pas laissé indifférent sur la Croisette. Il faut dire que la projection à Cannes avait de quoi émouvoir. On nous dévoilait un film français sur les banlieues 24 ans après la claque qu’avait procuré La Haine de Matthieu Kassovitz. Et, pour couronner le tout, Kassovitz lui-même était aux côtés de Ladj Ly lors de la projection du film Les Misérables. Tout ceci, c’est sans compter la présence de Vincent Cassel, l’iconique Vinz de La Haine, mais aussi JR, Kim Chapiron et Romain Gavras. A ce moment-là, la symbolique est forte. A eux tous, ils forment le collectif Kourtajmé, et ce depuis 1994.
A l’époque, ils se font très vite une place. Ils filment leur génération avec une justesse et une authenticité qu’on ne retrouve nullepart ailleurs. Ladj Ly, lui, filme déjà Montfermeil. Il passe même devant la caméra de Kim Chapiron qui le suit dans les hall des immeubles de la cité. Plusieurs personnalités apportent leur soutien à cette initiative coup de poing : Vincent Cassel apparaît dans certains court-métrages du collectif, à l’instar de Matthieu Kassovitz ou encore Oxmo Puccino. Une nouvelle génération de réalisateurs est née. Kim Chapiron et Romain Gavras réalisent ensuite chacun de leurs côtés des long-métrages de fiction. La crème de la crème, Notre jour viendra, Le Monde est à toi... Ladj Ly, lui, continue, sa contemplation sur notre société contemporaine à travers divers documentaires. En 2007, le réalisateur a 26 ans lorsqu’il réalise 365 jours à Clichy-Montfermeil, documentaire consacré aux émeutes de 2005. Pendant un an il filme ce qu’il se passe dans sa cité. L’impact que le documentaire lui fait prendre conscience du pouvoir de la caméra : elle devient comme une arme pour Ladj Ly.
24 ans après « La Haine », quelle situation dans les banlieues ?
Lorsque Ladj Ly reçoit le prix du jury au Festival de Cannes de 2019, son discours est vibrant. Premier long-métrage de fiction du réalisateur, la Croisette prend conscience de l’authenticité de son film grâce à ses paroles : « Le seul ennemi commun qu’il y a entre ces habitants et les policiers, c’est la misère. » déclare-t-il sur la scène du Palais des Festivals. C’est sans aucun doute ce qui fait la force de ce film. Dans Les Misérables, il n’y a pas de parti pris. Le film dépeint la détresse dans laquelle se trouvent les habitants comme les policiers. 24 ans après La Haine, Les Misérables fait l’état des lieux des banlieues où la colère gronde toujours autant, que ce soit du côté des habitants ou celui des forces de l’ordre. Les civils ne demandent qu’à être respectés et traités en tant qu’êtres humains, dénonçant une bavure de plus. Celle de trop. Les policiers, eux, sont à bout de nerfs.
Ce film a sa part de réalité. Ladj Ly affirme avoir déjà été confronté à une bavure étant plus jeune. A Montfermeil, il filme tout de sa banlieue parisienne. Un jour, il finit par filmer une bavure policière, à l’instar du petit garçon dans Les Misérables. Cette bavure, elle va refléter toute la problématique engrainée au sein des banlieues depuis des années maintenant. La colère des jeunes, si elle est compréhensible, pousse à la réflexion. Celle des policiers aussi. Le regard de Ladj Ly est tout en nuance et c’est ce qui rend le film si touchant. Dans son documentaire 365 jours à Clichy-Montfermeil, le réalisateur filmait déjà la colère des jeunes et leur demandait des explications : « On parle, on parle… On n’est pas entendus. Le seul moyen de se faire entendre c’est avec des pierres. On existe, on est là » expliquent les adolescents à Ladj Ly.
Aujourd’hui, Ladj Ly affirme que certaines choses ont changé depuis le tournage de ce documentaire, mais aussi depuis La Haine. Des rénovations urbaines ont été faites, par exemple, au sein de Montfermeil mais ça ne suffit pas : « Il y a encore beaucoup à faire, en termes d’infratructure, d’éducation de culture » expliquait-il à Mouloud Achour dans l’émission Clique. Ce qu’il reste à changer aussi, ce sont les rapports entre policiers et habitants des quartiers. C’est en tout cas probablement ce qu’essaie de dépeindre Les Misérables. Chaque camps fait face à une détresse sans nom, délaissé par une société qui les rend invisibles. Les habitants de la cité sont humanisés, les policiers aussi. Les moments de vies dans le film y sont pour beaucoup. Ils trouvent leur place au sein de cette violence commune et rendent les situations de chaque personnages poignantes.
Au cinéma ce mercredi 20 novembre, Les Misérables est à présent en route vers l’Oscar du meilleur film étranger.
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