Le chapiteau de la Porte de la Chapelle raconté dans un documentaire
- Le documentaire Que m’est-il permis d’espérer, en salle depuis le 30 mars, raconte comment les migrants qui sont passés par le chapiteau de la porte de La Chapelle, à Paris, ont été reçus par la France.
- La langue est à la fois un trait d’union et un mur, raconte l’un des réalisateurs à 20 Minutes.
- Mais le film brille aussi de moments joyeux ou simplement touchants. “Ces histoires personnelles les sortent de l’image du migrant. On retrouve une grande part de nous” estime Raphaël Girardot.
Ils s’appellent Ahmed, Salomon ou bien Youssouf. Avant d’arriver en France, ils ont souvent traversé plusieurs pays, où ils ont connu bien des galères, des maltraitances, de la prison, la faim, le froid, la maladie. Leurs visages et leurs récits défilent sous l’œil de Vincent Gaullier et Raphaël Girardot, qui ont installé leur caméra pendant plusieurs mois dans le camp de La Chapelle, entre octobre 2016 et mars 2018. C’est l’objet du film documentaire Que m’est-il permis d’espérer, en salle depuis le 30 mars.
Dans cette bulle blanche démontable, gérée par des bénévoles d’Emmaüs Solidarité, environ 60.0000 migrants sont passés. On les voit attendre dans le froid. Mais aussi être pris en charge avec humanité, entre les mains d’un médecin soucieux de leur bien-être, et un personnel qui s’échine pour leur trouver vêtements, nourriture, eau…
« Vous vous faites tuer. Alors vous partez »
« Cela faisait longtemps qu’on voulait faire un film sur les exilés à Paris, il y en avait plus de 4.000 alors, et on n’arrivait pas à le faire dans la rue, car les personnes n’étaient pas dans des situations pour se confesser. Quand on a entendu parler de ce lieu, on a trouvé que c’était un bon exemple de l’ambiguïté de la France : d’un côté l’accueil très généreux des bénévoles, de l’autre le côté glaçant de la préfecture… » explique à 20 Minutes Raphaël Girardot. Ou comment la langue peut réunir ou exclure, dit le cinéaste.
La machine administrative est décortiquée, apparaissant avec son jargon comme une sorte de monstre froid. En face, des vies abîmées, comme cet Ethiopien qui raconte avoir été vendu comme un animal en Libye. « Dans mon pays, un soldat peut arriver, tirer sur quatre ou cinq personnes. Personne ne le saura. Il n’y a pas d’informations. Vous vous faites tuer. Alors vous partez », dit-il.
Mais le film brille aussi de moments joyeux ou simplement touchants. Des hommes qui chantent, un regard qui s’illumine. Des solidarités qui se créent. Des souvenirs qui se dénouent. « Ils racontent leur pays exactement comme on raconterait le nôtre, explique Raphaël Girardot. Ces histoires personnelles les sortent de l’image du migrant. On retrouve une grande part de nous ».
- Séances au cinéma Saint-André des Arts à Paris les 1er avril à 20 heures, 3 avril à 18 heures, 5 avril à 20 heures, 6 avril à 20h30. D’autres séances jusqu’au 18 avril. Plus d’informations sous ce lien.
Source: Lire L’Article Complet