Je fais le mort (6Ter) Géraldine Nakache :"L’idée de travailler avec François Damiens m’enchantait"

Dans ce polar poilant, François Damiens et Géraldine Nakache nous régalent avec leur tandem mal assorti et jubilatoire. Comme « Titi et Grosminet », selon les mots du réalisateur.

« Cherche comédien pour trois jours de figuration judiciaire tous frais payés à la montagne. » C’est en lisant un article dans le quotidien Libération, sur les jobs réservés par Pôle emploi aux intermittents du spectacle, que Jean-Paul Salomé a eu l’idée de ce petit bijou de comédie policière. Les galères, Jean Renault, et non Reno (mais ça fait toujours son petit effet), les cumule. Depuis qu’il a reçu, dans les années 80, un César du Meilleur espoir, il a plutôt fait le désespoir des cinéastes qui l’ont engagé. Pinailleur névrotique, doté d’un ego surdimensionné, Renault, incapable de faire ce qu’on lui demande sans mettre son grain de sel, s’est vu bannir des plateaux. D’où Pôle emploi !

Le burlesque est au rendez-vous 

Voilà donc ce grand escogriffe dans le TGV pour la montagne. La bonne nouvelle – ce qui le rend parfaitement insupportable et tout aussi attachant –, c’est que ce loser magnifique est servi par l’impayable François Damiens. « Mon personnage, il fallait qu’on l’aime, qu’on ait envie de le prendre dans ses bras. Il n’est connu que par une pub pour un suppositoire, il n’existe ni dans le regard de son ex-femme, ni dans celui de ses enfants. En l’excusant un peu, je pouvais le charger ! » Et comme Jean n’en rate pas une, il drague une passagère avec la finesse d’un pachyderme autocentré : « Moi, moi, moi ! » Manque de bol, il s’agit de la jeune juge d’instruction chargée de mener la reconstitution dans laquelle il doit jouer le cadavre en se glissant dans les marques. Ambiance !

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D’autant que Noémie Desfontaines, incarnée par Géraldine Nakache, calme son stress de débutante en jouant la carte de la psychorigide de service. Quand deux tatillons pathologiques se rencontrent, le burlesque est au rendez-vous ! « J’ai adoré le mélange de franche rigolade avec le côté angoissant de l’enquête. Et pour être tout à fait honnête, l’idée de travailler avec François m’enchantait« , confie la comédienne. Par chance, comme il est incapable de se brider, Jean ramène une fois encore sa fraise pour noter quelques invraisemblances dans la reconstitution de la scène de crime. Bingo ! Grâce à lui, le roi de l’embrouille et des mythos, la vérité avance ! Pour être crédible en magistrate, Géraldine Nakache a voulu rencontrer une femme juge. « C’est une comédie, mais si, dès le départ, on ne croit pas au personnage, alors, c’est perdu ! »

Étoiles des neiges 

Comme référence pour le côté mystérieux, Jean-Paul Salomé cite volontiers Twin Peaks, de David Lynch. Pour son art de croquer les notables de province marron avec gourmandise, il a pioché chez Claude Chabrol. Entre François et Géraldine, l’étincelle est là : ils font vraiment plaisir à voir. Bonus dans cette enquête imprévisible en neige trouble : des seconds couteaux de premier ordre les accompagnent (Lucien Jean-Baptiste, Anne Le Ny, Jean-Marie Winling). Comme nos deux héros, on glisse de surprise en surprise dans ce « Cluedo des cimes », qui joue admirablement de l’atmosphère oppressante d’une station de ski hors saison. Dans ce village fantôme, la juge et le saltimbanque sont vraiment nos étoiles des neiges.

Je fais le mort : lundi 27 juillet à 21h05 sur 6Ter

Julien Barcilon 

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