Comment « West Side Story » fait renaître le New York d’autrefois

  • L’action du «West Side Story» de Steven Spielberg se déroule à New York en 1957.
  • Une équipe a été chargée de trouver des décors naturels pouvant correspondre à cette période.
  • Rob Striem explique comme il a rempli sa mission dans une ville en constante évolution.

C’est la destination —New York – qui fait le plus rêver depuis que les Etats-Unis ont rouvert leurs frontières. Mais pour ceux qui ne peuvent s’y rendre dans l’immédiat, West Side Story propose déjà une visite spectaculaire dans la Grosse Pomme de 1957.
Rob Striem, responsable des repérages sur le film de
Steven Spielberg, a montré à 20 Minutes les lieux où Maria et Tony vivent leur histoire d’amour tragique.

« Mon travail a consisté à dénicher des décors naturels qui pouvaient correspondre à l’intrigue, ce qui n’était pas évident car la ville a beaucoup changé et elle continue à évoluer constamment », explique Rob Striem à 20 Minutes. Steven Spielberg l’a parfois accompagné dans ses visites, ce qu’a vécu comme un honneur ce spécialiste des décors urbains qui a travaillé notamment avec Martin Scorsese, Steven Soderbergh, Tom McCarthy, ainsi que sur les séries Sex and the City et The Knick.

Entre réalité et création

C’est à Harlem, Washington Heights et Brooklyn que Rob Striem a trouvé son bonheur avec les échelles à incendies mythiques où les deux héros chantent leur passion. Il s’est aussi rendu à Paterson dans le New Jersey, ville qui a inspiré Jim Jarmusch pour sonfilm éponyme. « On a utilisé les bâtiments d’origines dont certains sont encore dans leur jus, explique Rob Striem, mais la gentrification a fait disparaître bien des choses et la circulation nous a encore compliqué la besogne. » Le film montre d’ailleurs comment les quartiers pauvres ont été rasés dans les années 1950 pour laisser la place à des habitations modernes et luxueuses. Le film s’ouvre sur un chantier au cœur de Manhattan où a été érigé un haut lieu de la culture new-yorkaise : le Lincoln Center.

Les bâtiments réels se mêlent à des ajouts de l’équipe « déco » pour que l’illusion soit parfaite. « Il fallait faire très attention aux sols, se souvient Rob Striem, car ils devaient être sécurisés pour permettre aux danseuses et danseurs d’évoluer sans danger. » Certains numéros musicaux comme America, où la communauté portoricaine évoque le rêve américain et ses désillusions, ont été tournés dans plusieurs lieux différents, la mise en scène donnant l’illusion que tout se passe au même endroit. « C’était un casse-tête mais le résultat en vaut la peine : la précision de la vision de Steven Spielberg rend l’ensemble homogène et magique », déclare Rob Striem.

Son équipe et lui ont aussi connu des soucis inattendus. « L’un de nos grands problèmes a été les arbres, qui ont beaucoup poussé depuis qu’on les a plantés dans les années 1950, explique-t-il. Ce ne sont plus des arbustes comme à l’époque, mais des géants qui créent des canopées au-dessus des rues. » Il a parfois fallu élaguer les feuillages en prenant soin de ne pas abîmer les troncs, une besogne supervisée par la ville. « Les règles sont strictes : il ne faut en aucun cas gêner les habitants et toujours négocier avec eux pour leur causer le moins de souci possible. » Mission accomplie : lors de notre reportage, des passants venaient saluer Rob Striem, le sourire aux lèvres en se remémorant le tournage. « Ma plus grande fierté est de me dire qu’ils en gardent un bon souvenir. » Tout autant que le spectateur du film, émerveillé de redécouvrir la « ville qui ne dort jamais » sous un jour différent.

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