Comment les chaînes de télé attirent-elles les plus petits devant l’écran ?

  • La production de séries d’animation pour enfants a le vent en poupe et les programmes se multiplient aussi bien à la télévision que sur les plateformes.
  • Comment s’y retrouver et faire le tri dans cette jungle de la programmation jeunesse, 20 Minutes vous donne quelques pistes.
  • Les chaînes TF1, France Télévisions et M6 conduisent chacune leur propre politique de production et de diffusion pour la cible des 3-6 ans.

Comment capter le jeune public ? C’est le défi quotidien de TFou, Okoo ou Gulli, les chaînes ou marque jeunesse de la TNT. A l’heure où la France est devenue le 3e pays au monde (derrière les Etats-Unis et le Japon) en volume de séries d’animation commandées, 20 Minutes s’est penché sur la façon dont les groupes TF1, France Télévisions et M6 mènent leur politique de diffusion et organisent leur programmation pour le jeune public.

Rayonnement international

Depuis une vingtaine d’années, l’animation s’érige en secteur phare de la production audiovisuelle en France. Certes, cette production a connu une baisse en 2022, mais la commande de saisons avec moins d’épisodes et le poids plus important des séries courtes de moins de 8 minutes expliquent cette situation qui n’est que transitoire, selon le Centre national du cinéma (CNC) qui publie, chaque année, une étude sur ce marché prospère.

Dans les coulisses, la production française est portée par France Télévisions (75 des 200 programmes jeunesse proposés). Et notamment les séries pour les 3-6 ans. « Ces séries étaient traditionnellement moins bien financées car on considérait qu’il y avait moins de mouvements à produire, raconte Pierre Siracusa, directeur des programmes jeunes publics du groupe. Or, depuis le début des années 2000, nous avons voulu la même ambition que pour d’autres tranches d’âges. » Et le succès est au rendez-vous. « La série française Simon est parvenue à détrôner la britannique Peppa Pig », se félicite-t-il.

Hormis Simon, d’autres séries comme Molang (TF1), Miraculous (TF1) ou encore Oggy et les cafards (Gulli/Okoo) sont également devenus des marques au rayonnement international.

Explosion de l’offre à la demande

C’est un constat dressé par le CNC : « Les confinements ont accéléré la transformation des pratiques médias chez les plus jeunes avec une plus grande place au délinéaire ». Ainsi, l’année 2022 a vu l’explosion du nombre d’épisodes de séries d’animation disponibles sur les services de vidéos à la demande par abonnements (VàDA) ou sur les plateformes ADN, Benshi, TFouMax ou GulliMax. En avril 2023, près de 76.000 épisodes d’animations, dont la grande majorité s’adresse aux enfants, étaient disponibles en ligne. Un nombre qui a été multiplié par 2,3 depuis 2018.

Les plateformes des chaînes de la TNT n’échappent pas à ce phénomène. La plateforme jeunesse de France Télévisions, Okoo, revendique 1,5 million de vues par jour. Selon Médiamétrie, elle et le groupe M6 (dont fait partie Gulli) dominent largement la couverture des 4-14 ans. Devant TF1 (TFou) qui se contente de régner sur le direct (38 % des parts de marché).

« Notre plateforme Okoo, avec des anciennes saisons en stock, est un usage complémentaire du direct qui concentre encore le gros de l’audience », précise, néanmoins, Amandine Roussel, coordonnatrice des programmes à France Télévisions. Mais certains signes de cette nouvelle pratique ne trompent pas. « Il existe une logique de rituel chez les touts petits, avance Pierre Siracusa. Par exemple, un épisode de Peppa pig a été vu trois plus que les autres parce qu’on y voyait un vélo rouge. Il faut s’adapter. »

D’où le développement de cette plateforme qui propose aussi des saisons en exclusivité, comme ce fut le cas, cet été, pour la 4e saison de la série Hé, Oua-Oua.

Un positionnement différent des chaînes

« On ne revendique pas l’aspect éducatif », avoue Yann Labasque, responsable des programmes jeunesse chez TF1. Avec la case dédié au jeune public TFou, la plus grande chaîne privée d’Europe propose des programmes destinés aux 4-10 ans. « Le héros TFou par excellence, c’est le gentil sale gosse », note Yann Labasque qui précise que la chaîne travaille « avec une psychologue qui visionne et suit toutes les séries ».

Chez M6, on mise aussi beaucoup sur l’identification. Et ce, grâce à un cahier des charges très précis sur le vocabulaire, l’absence de violence, l’hygiène de vie et la protection de l’environnement. « La charte alimentaire et la vie saine sont aussi des éléments que nous mettons en valeur », explique Coralie Boitrelle-Laigle, directrice jeunesse.

Comme chez TF1, la cible de Gulli, le vaisseau amiral jeunesse de M6, se situe entre 4 et 10 ans avec des gros succès comme Bienvenue chez les Loud ou encore Les Sisters. La prochaine grosse nouveauté de M6, ce sera l’adaptation de la BD Mortelle Adèle, d’abord en podcast depuis cet été, puis en série animée dans les mois qui viennent (sans doute pour la rentrée 2024).

Enfin, sur France Télévisions, c’est plutôt le pluralisme qui est mis en valeur. « On essaie de proposer différents modèles de héros », glisse Pierre Siracusa. Le dernier en date se retrouvera, dès cette rentrée, dans la série Billy et le hamster cow-boy qui transfigure un Far West imaginaire.

Le podcast en renfort sur application

Gulli a ouvert le bal, en avril, avec le lancement de son application mobile qui propose des programmes par âge. En plus de contenus vidéos originaux (comme la série Milo) ou en replay, l’audio y a fait son apparition. Et les podcasts mettant en voix des héros ou des figures connus intègrent de plus en plus l’univers jeunesse. Cet été, par exemple, c’est l’héroïne de BD, Mortelle Adèle, qui présentait « Le podcast des bizarres » en intervenant sur des sujets comme la phobie, le harcèlement scolaire ou la lecture.

Okoo n’est pas en reste avec le lancement, avant les vacances, de contenus audios originaux sur l’appli, également par tranche d’âge. Une nouvelle déclinaison du Petit Prince, pour célébrer les 80 ans de la sortie du livre, sera bientôt disponible.

« La nouveauté, c’est que les enfants peuvent retrouver leurs héros favoris en audio, ça aide les parents à négocier le nombre de dessins animés à la télé », plaisante Amandine Roussel chez France Télévisions. Ainsi les aventures des As de la jungle ou d’Edmond et Lucie, par exemple, peuvent désormais s’écouter avant de faire dodo.

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