Cnews écope d’une mise en demeure du CSA après des propos d’Eric Zemmour sur la guerre d’Algérie
Le CSA a mis en demeure la chaîne CNews de respecter ses obligations, en matière d’incitation à la haine ou à la violence, suite à des propos tenus par Eric Zemmour dans son émission Face à l’Info.
Cnews et Eric Zemmour rappelés à l’ordre par le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) dans une décision publiée mardi 3 décembre. L’instance a mise en demeure la chaîne du groupe Canal + en raison de propos tenus par le journaliste dans son émission Face à l’Info le 23 octobre 2019. Ce jour-là, l’éditorialiste avait assimilé l’islam et l’islamisme, avant d’évoquer la guerre d’Algérie. Il avait alors affirmé, en tant que Français, être "du côté" du général Bugeaud, qui, lors qu’il "arrive en Algérie, […] commence à massacrer les musulmans et même certains juifs".
Le gendarme de l’audiovisuel estime que ces propos ont pu être perçus comme "une légitimation de violences commises par le passé à l’encontre de personnes de confession musulmane, mais aussi comme une incitation à la haine ou à la violence à l’égard de cette même catégorie de la population". Il juge également que la séquence exprimait un "rejet insistant des personnes musulmanes dans leur ensemble, tendant à encourager des comportements discriminatoires en raison de la religion". Le régulateur pointe ainsi l’absence "de réaction ni même de modération" de la part de l’animatrice, Christine Kelly, à ces propos en direct et ainsi un manquement à son obligation de garder la maîtrise de son antenne.
Une décision "injustifiée, contraire aux principes de la liberté d’expression"
Mardi 3 décembre, dans un communiqué de presse, le groupe Canal + prend acte de la décision du CSA, au sujet de propos tenus par Éric Zemmour,mais se considère "que les proposes diffusés à l’antenne ne constituaient ni un manquement à la convention de la chaîne, ni une méconnaissance de la loi". Il estime avoir laissé le champ "à l’expression du pluralisme des courants de pensées et d’opinions", soit "la liberté d’expression et de communication ainsi que l’indépendance éditoriale de l’éditeur". CNews considère que le débat critiqué respectait "l’équilibre entre les idées et les opinions des deux contradicteurs", tout en reconnaissant que ces idées ont été exprimées " avec vivacité et ont pu heurter, choquer ou inquiéter". Le communiqué fait part d’une "décision injustifiée" de la part du CSA, "contraire aux principes de la liberté d’expression", et indique la volonté de CNews de saisir le Conseil d’Etat au sujet de "ces questions fondamentales conditionnant l’existence même du pluralisme de la presse".
Cette mise en demeure constitue une forme de rappel à l’ordre pour la chaîne d’info du groupe Canal +. En cas de manquements répétés, cette décision peut être suivie d’une suspension temporaire d’un programme jusqu’au retrait de l’autorisation de la chaîne, mais également des sanctions financières et la privation d’écrans publicitaires.
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