Alejandro Amenábar raconte l'histoire espagnole via une « Lettre à Franco »

  • Alejandro Amenábar évoque une figure de l’histoire de l’Espagne dans « Lettre à Franco ».
  • Il évoque à la fois le futur dictateur et l’homme de lettres Miguel de Unamuno qui adhéra à ses idées avant de les rejeter.
  • Ce film historique permet au réalisateur de livrer une réflexion sur la montée actuelle des extrêmes.

Dans Lettre à Franco, le réalisateur chilien 
Alejandro Amenábar revient sur une figure controversée de l’Histoire espagnole : l’écrivain
Miguel de Unamuno (1864-1936). Le réalisateur évoque aussi la prise de pouvoir du 
général Franco dans les années 1930 mais ce film prenant est aussi une mise en garde contre les extrêmes qui menacent l’Europe actuelle.

« Aujourd’hui, on assiste à une résurgence des mouvements fascistes en Europe, déclare Alejandro Amenábar. En ce sens, le film parle autant du présent que du passé. » La « lettre à Franco » qu’évoque le titre français du film, c’est le discours que Miguel de Unamuno a lu face aux dirigeants fascistes pour dénoncer la « célébration de la race » qu’ils promouvaient avant la Seconde Guerre mondiale.

Le courage face aux extrêmes

D’abord convaincu par les idées de Franco, le romancier découvre progressivement les dérives auxquelles elles conduisent. « Je crois que le film est un portrait fidèle que ce qu’Unamuno a ressenti : coincé dans sa maison de Salamanque, rejeté par ses amis et adoré par ses futurs ennemis », insiste le réalisateur de Mar Adentro. La réflexion de l’homme de lettres, nourrie de diverses rencontres, le conduit à s’engager pour la liberté au péril de sa vie. Ses mots historiques « Vous vaincrez mais ne convaincrez pas » résonnent longtemps dans l’esprit du spectateur qui sait que l’Espagne va plonger dans la dictature jusqu’en 1977.

Loin de la figure autoritaire de son règne liberticide, le Francisco Franco que montre Alejandro Amenábar est un homme discret, presque effacé. « Il était impénétrable même pour ses collaborateurs les plus proches, insiste le réalisateur. Il s’est construit une image par l’intermédiaire de la propagande du régime. » Ce personnage glacial et taiseux n’est que plus inquiétant parce qu’on ne l’entend guère. Il laisse la prise de parole à son entourage, attendant son heure pour s’emparer du pouvoir. « A mon sens, très peu l’ont vu venir », commente le cinéaste.

Le cinéaste a pris conseil de la part d’un consultant militaire et d’un conseiller historique afin d’éviter de tomber dans la manipulation idéologique. « Je ne pense pas qu’on puisse être tout à fait impartial, reconnaît-il. En tant que spectateur, j’aime les films qui me laissent de la place pour réfléchir, ce que j’essaye d’offrir en tant que réalisateur. » C’est ce que parvient à faire Lettre à Franco, œuvre instructive sans être didactique.

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