120 battements par minute (France 3) : Le film est-il inspiré d'une histoire vraie ?
Couronné du Grand Prix à Cannes, en 2017, et de six César, en 2018, ce film raconte les premiers pas d’Act Up en France. Un film bouleversant, porté par une formidable troupe d’acteurs.
Dans le petit amphithéâtre où se tiennent les assemblées générales hebdomadaires de l’association de lutte contre le sida, on accueille de nouveaux militants : parmi eux, Nathan. Il a tout à apprendre. Ce soir-là, on commente la dernière action, qui a consisté à asperger de faux sang et à menotter le directeur de l’Agence française de la lutte contre le sida. Question : a-t-on dépassé les bornes ? Le débat est électrique. Bienvenue à Act Up-Paris ! Robin Campillo, à qui l’on doit le film Les Revenants, qui a inspiré la série (Canal+), ne pouvait commencer de manière plus directe son troisième long-métrage, dédié aux débuts, en 1989, de l’association, dont les actions subversives sont encore dans les mémoires, tel l’encapuchonnage de l’obélisque de la Concorde d’un préservatif rose géant. À cette époque, contracter le sida (plus de 35 millions de morts dans le monde), c’était être condamné à court terme. La trithérapie n’existait pas. Il était urgent de dénoncer l’inertie des pouvoirs publics et d’accélérer la recherche. C’est tout cela que raconte ce film débordant de vie, à travers les réunions où l’on s’engueule autant que l’on y partage une parole libre, et souvent joyeuse, les actions spectaculaires des activistes dans les laboratoires et les institutions, pour en saccager l’ordre, les distributions d’informations et de préservatifs dans les lycées…
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Une interprétation à vif
Ancien militant d’Act Up, Campillo a écrit le scénario à partir de ses souvenirs, de militants qui ont marqué l’histoire du groupe, et précise que « tout le contenu des assemblées générales avait été consigné. J’ai aussi consulté les documents relatifs aux laboratoires pour ne pas dire de bêtises, mais mon film est clairement une fiction. » Soit un film fleuve (2h20 que l’on ne voit pas passer !), qui plonge au coeur d’une aventure collective, avant de se resserrer sur la naissance d’un amour entre Nathan, joué par Arnaud Valois (Mon bébé, Garçon Chiffon), et Sean, séropositif, habité par la colère et la rage de vivre, interprété par le magnétique Nahuel Pérez Biscayart, acteur d’origine argentine. On a pu le voir, deux mois après la sortie de 120 battements par minute, en août 2017, prêter son immense regard bleu au soldat défiguré de la guerre 14-18 dans Au revoir là-haut, d’Albert Dupontel. Ici, son talent crève l’écran, éclipse ses camarades de jeu, y compris l’éloquente Adèle Haenel (Portrait de la jeune fille en feu), en passionaria au poing levé.
Le bon tempo
Le titre évoque les pulsations rapides du coeur. Ce sont aussi celles de la B.O. forgée dans la house du début des années 90. Elle a été composée par le DJ Arnaud Rebotini, pionnier et icône de la musique électronique française. Il signe aussi la version remixée de Smalltown Boy (1984), le tube du groupe Bronski Beat et chanson emblématique du film. « Elle a été, pour ma génération, un point de ralliement très fort », explique Robin Campillo. L’hymne d’une époque où la fête battait son plein : les dancefloors pour conjurer le temps compté.
120 battements par minute : ce lundi 30 novembre à 21H05 sur France 3
Isabelle Magnier
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