Qu'est-ce qu'on écoute en octobre ?
FACE A
Gorillaz
Le quatuor de primates en cartoons, entré dans le Guinness des records grâce à ses 20 millions d’albums vendus, faisant de lui le groupe virtuel le plus prospère du monde, est de retour avec un 7e album enregistré entre le Maroc, Londres, Paris, le lac de Côme? Grâce à la détermination musicale sans limite de Damon Albarn (chanteur de Blur, The Good, the Bad & the Queen?), les gorilles futuristes 2D, Murdoc Niccals, Noodle et Russel Hobbs, sortis de l?imagination de Jamie Hewlett (le dessinateur de Tank Girl), sont accompagnés de Beck, Elton John, Robert Smith, Tony Allen, Peter Hook? Le résultat : 17 titres électro, dub, hip-hop et rock décoiffants.
Song Machine : Season One (sortie le 23 octobre chez Warner)
Carla Bruni
Trois ans après son album d’envoûtantes reprises, French Touch, où elle réinterprétait de sa voix douce les tubes de Depeche Mode, des Stones, d’ABBA, l’ex-mannequin et première dame sort un sixième opus éponyme produit par Albin de la Simone (que nos lecteurs connaissent de la Session sur le toit) dans lequel elle se livre sur le départ de son fils Aurélien Enthoven de l’appartement familial (il a 19 ans), l’amour pour son mari Nicolas Sarkozy, un duo rigolo avec sa s?ur en italien? Charmant. Carla Bruni : Quelque Chose (sortie le 9 octobre chez Universal)
Bruce Springsteen
Avec sa voix rocailleuse qui fait vibrer les stades, Bruce Springsteen est un des rois du rock américain, connu aussi bien pour ses tubes entraînants (« Born in the USA », « Dancing in the Dark », « I’m on Fire »?) que pour ses engagements en faveur des démocrates, les gays et les ouvriers laissés pour compte. Retiré dans sa ferme du New Jersey, il a finalisé cet été la sortie de son vingtième album, enregistré en quatre jours avec son groupe historique, le E Street Band, dans des conditions live. Dans sa chanson « Ghosts », il chante « la beauté et la joie d’être dans un groupe, la souffrance liée à la perte de l’autre à cause de la maladie et du temps », explique-t-il. À près de 71 ans, il est toujours pertinent.
Letter to You (sortie le 23 octobre chez Columbia / Sony)
FACE B
Woodkid
Après avoir quitté la scène au sommet de sa gloire, l’auteur-compositeur-interprète-réalisateur sort un deuxième album mélodramatique et industriel, visuellement et musicalement dans la continuité de son premier opus et de ses tubes « Run Boy Run » et « I Love You », qui lui valurent deux nominations aux Grammy Awards et une victoire de la musique. Si The Golden Age (sorti en 2013 et vendu à 800 000 exemplaires) exsudait une puissance wagnérienne, à 37 ans, Woodkid explore des émotions plus complexes et sonde sa fragilité. Influencé par l’esthétique de l’Europe de l’Est dont sa mère est originaire, il raconte de sa voix grave des histoires d’échelle, de toxicité, d’amour mourant et de résilience, nourries par les poèmes de l’Américain Frederick Seidel. Les mélodies inquiétantes, accompagnées de cordes magistrales enregistrées au studio Abbey Road à Londres, rappellent les univers de Björk, Massive Attack, Portishead et Steve Reich. Un véritable voyage dans la machine du c?ur.
S16 (sortie le 16 octobre chez Barclay). En concert à la Seine Musicale (Paris) le 2 et 3 février 2021.
Lous and the Yakuza
À 24 ans, cette fille de médecins, née au Congo, a vécu au Rwanda et a étudié la philosophie en Belgique, où elle n’a pas eu une vie facile. Violée, mise à la porte par sa famille, elle s’est retrouvée à la rue pendant des mois? Une histoire dévoilée dans son premier album, Gore, réalisé par El Guincho, le producteur de Rosalia (la jeune star du flamenco pop). Création des Trans cette année (Yann Tiersen, Katerine, Stromae et Jeanne Added sont passés là à leurs débuts), elle oscille, dit-elle, entre « la lumière et le noir, la paix et la joie, la solitude et les autres? » Seule, elle ne le sera plus longtemps. Son interview sera à lire sur le site Le Point Pop, le 16 octobre !
Gore (sortie le 16 octobre chez Columbia/Sony). En concert à La Cigale (Paris) le 9 février 2021.
Eels
Deux ans après son lumineux opus, The Deconstruction, le leader de Eels, Mark Oliver Everett, alias E, nous enchante avec un 13e album flamboyant et optimiste. La voix éraillée est toujours unique, la batterie sautillante, les cordes joyeuses. Les paroles sont adressées à une des membres techniques du groupe, Dora, que le chanteur essayait de réconforter. Leur dernier single « Are We Alright Again » est une sorte de rêve de quarantaine dont il avait désespérément besoin, et nous aussi.
Earth to Dora (sortie le 30 octobre chez E Works Records/Pias).
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