« Mon public ? Des gens sensibles de tous les âges », décrit Coline Rio
- Ce qu’il restera de nous (et plus encore), réédition du premier album de Coline Rio, avec cinq titres supplémentaires, sort ce vendredi 3 novembre.
- « Je l’ai pris comme un bonus pour retourner au studio et dire encore des choses, préciser qui je suis et ce que j’ai envie de dire. Normalement, une réédition, est composée de titres qui avaient été enregistrés mais n’ont pas été retenus. Ce n’était pas le cas pour moi », explique l’artiste de 26 ans à 20 Minutes.
- « J’ai eu beaucoup de retours sensitifs, de gens profondément émus, bouleversés. Je trouve ça fou, déclare-t-elle au sujet de l’accueil de son album paru en mars. Je suis heureuse de voir aussi que ça me permet de jouer beaucoup. Le live c’est très important pour moi. »
C’était un rendez-vous manqué. On aurait aimé interviewer Coline Rio en mars, pour la sortie de son premier album, Ce qu’il restera de nous. Nous étions tombés sous le charme de ces treize titres dont la mélancolie se love au creux de la voix douce de l’autrice et interprète de 26 ans. Mais nos agendas respectifs ne l’avaient pas permis. La réédition de l’opus avec cinq chansons supplémentaires, Ce qu’il restera de nous (et plus encore), livrée ce vendredi, était l’occasion parfaite de reprogrammer cette rencontre. Entretemps, Coline Rio a gagné en notoriété. En septembre, elle a remporté le trophée Coup de cœur de l’Académie Charles-Cros, qui récompense les meilleurs disques francophones de jeunes talents. Elle a aussi dépassé les 6 millions de streams sur les plateformes. Et elle a enchaîné les dates de concerts – ce qui semble être le plus important pour elle qui, au cours de notre discussion, n’a jamais manqué d’insister sur son amour de la scène.
Une réédition d’album est désormais un passage obligé pour un artiste ?
Non, je ne crois pas, mais c’est une chance de pouvoir le faire. Je n’y avais pas pensé. C’est ma productrice qui me l’a proposé. Je l’ai pris comme un bonus pour retourner au studio et dire encore des choses, préciser qui je suis et ce que j’ai envie de dire. Normalement, une réédition, est composée de titres qui avaient été enregistrés mais n’ont pas été retenus. Ce n’était pas le cas pour moi. Paysages, par exemple, je l’avais commencée un an plus tôt et j’ai pu la terminer. Après le silence, je l’ai écrite durant le mois de la sortie du disque. La plus vieille, c’est La Mort des amants écrite en 2019 et que j’ai complètement retransformée en studio.
Vous disiez dans votre note d’intention que « Ce qu’il restera de nous » raconte ce qui vous a constituée. Ces cinq chansons inédites reflètent donc la personne que vous étiez lors de la sortie de l’album ?
Complètement, j’ai encore plus zoomé sur ce qui fait qui je suis : mes souvenirs, mes doutes, mes peurs, mes questionnements, mes histoires d’amour. Vis-à-vis du son, de ce qu’on a fait en studio, l’affirmation du vrai mélange électroacoustique, ce sont les prémisses de ce vers quoi je veux aller. J’ai aussi fait ma première chanson à la guitare, Après le silence. Cela annonce la suite.
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Comment avez-vous vécu la sortie et l’accueil de l’album ?
Je ne m’attendais à rien. Je ne savais pas quoi projeter. J’ai eu beaucoup de retours sensitifs, de gens profondément émus, bouleversés. Je trouve ça fou. Je suis heureuse de voir aussi que ça me permet de jouer beaucoup. Avec l’album, ma tourneuse et moi avons eu davantage de propositions, de beaux plateaux. Le live c’est très important pour moi. Je n’ai jamais arrêté de chanter, même après mon groupe, j’ai lancé mon projet solo.
Votre groupe, c’est Inuït, que vous avez rejoint alors que vous saviez d’emblée que vous vouliez une carrière solo…
C’est ça ! Vers 15 ans, je faisais des concerts dans les petits festivals de ma région [elle est originaire de Nantes] et c’est comme ça que j’ai connu les gars avec qui j’ai fait le groupe. Je les ai prévenus que mon projet solo était ma priorité, mais Inuït a pris, alors on y est allé à fond. On a tourné beaucoup pendant quatre ans. Quand on a décidé de faire une pause tous les six, j’ai repris mon projet solo. Eux ont lancé des trucs de leur côté, on est tous super épanouis en ce moment mais pour autant le groupe n’est pas terminé, il n’y a pas eu de split [de séparation].
Parmi les membres du groupe, Pierre Cheguillaume et Alexis Delong ont travaillé sur le premier album, lui aussi très remarqué, d’une autre artiste Nantaise : Zaho de Sagazan…
Je la connais bien. Elle est géniale. C’était une vraie chance de la voir enregistrer dans notre studio à Saint-Herblain (Loire-Atlantique), c’est fou d’avoir pu voir grandir ce projet aussi vite. Dans la musique, je reconnais la patte de mes copains.
Dans votre album, il est beaucoup question de nostalgie, de l’ombre de la mort. Vous êtes une mélancolique ?
Je ressens une mélancolie heureuse, une mélancolie douce. Je suis quelqu’un de très joyeux dans la vie, motivée, toujours dans l’action. J’ai besoin de faire plein de trucs tout le temps – ça va aussi avec la peur de la mort, on veut être présent, on craint de louper les choses, que ça passe trop vite. Ce n’est pas maladif, c’est plutôt une réflexion sur le sens de la vie. Je suis fan de Leonard Cohen, ce genre d’ambiance… J’ai tendance à m’émerveiller, ce qui va de pair avec la mélancolie : il y a l’envie de magnifier les choses simples.
Le Prix de l’Académie Charles-Cros, vous vous y attendiez ?
Ça a été une surprise, je ne connaissais pas et cela a été une super découverte. Ça fait toujours plaisir d’avoir un prix. C’était une super soirée, j’ai rencontré plein de super artistes. Je me suis dit « on m’a écoutée, mon album est reconnu à cet endroit-là. » C’est quelque chose en plus pour s’aider à avancer. Mais ma plus grande validation ce sont les retours du public, le fait d’avoir des dates de concert…
Participer au concours Eurovision de la chanson vous intéresserait ?
Pas vraiment, ce n’est pas dans ma culture, je n’ai pas de culture télé. Je n’ai rien contre cependant. Et puis, j’adore Barbara Pravi et, comme elle l’a fait, que je l’ai trouvée hyperclasse… alors, je ne sais pas.
Quelles chansons de votre répertoire faut-il écouter en priorité pour savoir qui vous êtes ?
Monstres car il y a le piano voix qui est à la base de presque toutes mes compositions et que, dans le texte, il y a cette idée de réfléchir sur la vie. Il faudrait aussi écouter une chanson plus orchestrée parce que c’est aussi une grosse part de ma créativité. Donc Se dire au revoir où l’on entend des frottements de guitares. Un spectre s’ouvre au niveau des arrangements.
A quoi ressemble votre public ?
Mon public est cosmopolite, il y a plein d’âges différents, j’adore. Des enfants, des ados, des trentenaires, des quinquagénaires, des personnes plus âgées… J’ai remarqué que ce sont des gens sensibles, du moins ceux qui viennent me voir. Après les concerts, j’aime énormément parler aux gens. Beaucoup d’entre eux sont émotifs, les larmes aux yeux, ils ont quelque chose à fleur de peau qui me touche.
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