On a testé : passer une semaine sans sac à main

Vivre une semaine sans sac à main, c’est l’expérience saugrenue qu’on a voulu tester sur la base d’un constat simple : si les hommes peuvent s’en passer, alors pourquoi pas nous ? Réponses de notre reporter de terrain.

Comme beaucoup de femmes, mon sac à main est une extension naturelle de mon corps. Au boulot, au resto, il me suit partout, dans toutes les situations. Je l’aime d’amour et il me le rend bien, accueillant toutes mes petites affaires dans ses moindres recoins. Une co-dépendance que j’ai voulu mettre à l’épreuve une semaine, comme ça, pour voir et surtout prouver à mon copain moqueur que je pouvais bien m’en passer. Les mecs y arrivent bien, alors pourquoi pas nous ?

Une semaine sans sac

  • Jour 1 : le sevrage forcé

Le premier jour sans sac à main, c’est un peu comme le premier jour sans tabac. On a une sensation de manque, on tremble, on est pris d’hallucinations et de paranoïa. À peine le foyer familial quitté, j’y retourne en galopant déplorant l’absence de sac à main à mon bras, me disant que je suis vraiment mal réveillée. Retournant la maison, mon mec me regarde hilare, me rappelant le challenge que je me suis donné. Forcément. Vexée, je prétends ne pas avoir oublié et revenir uniquement pour mes lunettes, de toute évidence déjà installées sur mon nez. 

Me sentant nue comme un vers, je m’attèle à mon trajet métro-boulot quotidien, ne sachant ni quoi faire de mon bras droit, ballant, ni du trio clés/portable/CB indispensable à ma survie dans la capitale. Dans la rame, les autres usagers me dévisagent. Tous se demandent ce que fait cette blonde sans sac à main, telle une va-nus pieds de la maroquinerie. Ils me jugent, j’en suis persuadée. Aussi malsaine soit-elle, cette parano a du moins le mérite de m’occuper l’esprit, l’absence de sac à main entraînant l’absence de livre à bouquiner. À cinq reprises d’ailleurs durant la journée, je suis pris d’un saut de panique à la non vue de mon cher et tendre, craignant de me l’être fait voler. Rebelote le soir en quittant le bureau, j’y retourne persuadée de l’avoir oublié. La fille qui écrit cet article a une mémoire immédiate inexistante, il faut lui pardonner. 

  • Jour 2 : la paresse a du bon

Bien qu’ayant assimilé que je n’ai plus de sac à main, cette absence continue de me perturber. Je ne ressens pas de manque, non, mais plutôt celle d’être complètement nue. Telle une tortue et sa carapace, mon sac contient habituellement ce qu’on pourrait communément appeler “ma maison”. Du coup, sans ce bazar, je deviens littéralement une assistée. Tas pas un tampon ? “Excusez-moi, vous n’auriez pas un mouchoir ?” “Ah non, désolée j’ai pas de feu.” “Quelqu’un a un chargeur d’iphone 5 ?. Au bout de quelques heures, mes collègues d’ open space sont épuisées, mon patron veut me virer. Je m’excuse, en vain, car cette obligation de se reposer sur les autres commence à me plaire. Pourquoi penser à prendre ses affaires quand les autres peuvent le faire pour vous ? Parfois, la paresse a du bon. Jusqu’au moment où l’on se rend compte, à la caisse, qu’on a oublié sa carte bancaire dans la poche du jean porté hier. 

  • Jour 3 : Anna Wintour ne porte pas de sac à main

Bien décidée à faire de ce challenge un succès (chacun ses défis ma bonne dame), je veille à prendre mes dispositions pour la journée. Exit la robe pull et le joli manteau cintré, j’opte pour une parka et un jean cumulant ainsi une dizaine de poches exploitables, soit autant d’alternatives au sac à main mis en RTT forcé. Une fois dehors, les impressions de manque slash nudité slash parano ont quasiment disparu au profit d’un confort physique inconnu. Sans cet accessoire protubérant, nos épaules restent droites, notre colonne vertébrale aussi et croyez-le ou non, ça fait sacrément du bien. Je foule le bitume avec la nette sensation d’être plus libre de mes mouvements et surtout, plus légère. Et je me dis qu’après tout, si même les plus grandes rédactrices de mode comme Anna Wintour ne portent (presque) JAMAIS de sac à main, ce n’est pas pour rien. La réussite de ma carrière est conditionnée par la dépossession de sac à main, j’en suis désormais persuadée. 

 

  • Jour 4 : le bonheur est dans les poches

Petit à petit, je commence à comprendre qu’une vie sans sac à main est une vie finalement plus simple, plus paisible. On concédera par exemple qu’il est plus rapide de trouver ses clés quand elles sont dans sa poche de parka que de jouer aux archéologues de l’extrême dans la caverne d’Ali Baba que constitue habituellement notre cabas. De manière générale, on arrête de s’encombrer d’affaires superflues qui nous encombrent habituellement. En effet a-t-on vraiment besoin d’un carnet, d’un stylo qui fuit, d’une trousse à maquillage, d’un porte-cartes-de-fidélité, d’un parapluie rétractable, de 2 paquets de mouchoirs à moitié vides, d’un trombone tordu, d’une pièce de 2 centimes et de quelques miettes non identifiées dans son sac ? Non, je ne crois pas. 

 

  • Jour 5 : l’arroseur arrosé

Je me rends compte que finalement dans cette histoire, le plus embêté reste mon copain, qui à chacune de nos sorties, ne sait plus quoi faire de ses petites affaires qu’il a l’habitude de me confier avec un immanquable : “Je peux mettre ça dans ton saaaaaac. ?. L’homme se moque de notre fourre-tout mais s’en sert presque autant que nous, se gardant bien de nous le porter. Sauf que cette semaine, il a bien dû se débrouiller, gardant ses bricoles dans les mains, l’air hagard et empoté. Et rien que pour ça, ma semaine sans sac à main mérite d’être testée. Rire machiavélique. 

  • Jour 6 et 7 : la révélation du week-end

Cela est désormais une évidence : la femme de demain sera une femme sans sac à main. Et pour cause, rien de tel qu’écumer les portants et d’enchaîner les essayages sauvages sans un poids sur l’épaule droite, sans un sac qu’on refuse de poser de peur de se le faire voler. On se concentre sur l’essentiel : l’usage de sa carte de crédit, qu’on a soigneusement glissé dans sa poche arrière. Même constat le samedi soir, quand on se présente devant l’entrée d’une boite de nuit. Plus besoin de présenter honteusement le contenu de son sac désordonné à un videur peu avenant ou de se faire racketter 4€ au vestiaire parce qu’on a eu l’audace (ou la bêtise, ça dépend des points de vue) de venir accompagnée de notre Darel 48h et non d’une minaudière. Fini le boulet en cuir matelassé qu’on doit faire surveiller ou qui nous empêche de danser ! Libérée, délivrée, je laisserai désormais mon sac à main au placard, c’est décidé.

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