Nos pièces favorites viennent de cette marque polonaise

Durant la semaine de la mode parisienne, The Odder Side, la marque polonaise créée par Justyna Przygonska et Brygida Waclawek ouvrait les portes de sa nouvelle boutique rue de Poitou, dans le Marais.

L’occasion pour Marie Claire d’aller à la rencontre des pionnières du minimalisme made in Pologne.

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Justyna Przygonska de The Odder Side : « On a voulu créer des vêtements que nous avons envie de porter »

Il est des marques dont les noms se chuchotent entre amies. On se les confie tels des secrets précieux et plein d’amours en espérant que la personne à qui on les donne en prenne le plus grand soin. The Odder Side est décidément l’une d’entre elles.

Depuis quelques années, nous vous faisons découvrir l’essence de cette marque polonaise qui a pour désir de proposer des essentiels qu’on garde longtemps.

Sur internet, les pièces sont rapidement sold-out et en Pologne, le pays qui l’a vu naître aussi. Il était donc temps pour nous d’aller à la rencontre des femmes qui ont imaginé cette marque qui a vu le jour en 2015.

Initiée par deux amies, The Odder Side avait pour vocation de combler l’absence de vêtements casual et de bonne facture pour les femmes du pays.

Très vite, le succès est au rendez-vous et la marque obtient un rayonnement national puis international. Une première boutique pignon sur rue à Paris puis une seconde en font désormais la coqueluche de celles qui aiment porter des pièces simples, qualitatives et confortables qui ne se départissent jamais d’une certaine sensualité.

Rencontre avec Justyna Przygonska qui nous raconte les coulisses de cette marque qui nous a déjà conquises.

Marie Claire : Comment est née The Odder Side ?

Justyna Przygonska : On a commencé la marque il y a presque 9 ans à Varsovie. Nous avions 25 ans, de grands rêves et on a commencé par une petite collection de 8 pièces, chacune à hauteur de 100.

Ce sont des quantités plus élevées que ce que font habituellement les créateurs de mode polonais. Notre envie se trouvait entre deux, la création d’une mode prêt-à-porter et créée localement.

Avec The Odder Side, on montre que le prêt-à-porter polonais peut, lui aussi, raconter une histoire.

Revenez sur la scène mode polonaise, à quoi ressemblait-elle lorsque vous avez commencé ?

Il faut comprendre qu’ici, il y a deux types de designers ; ceux qui font des vêtements pour les événements tapis rouge et ceux qui font des survêtements… qu’à l’époque les marques polonaises étaient à la merci des ressources dont disposait la Pologne.

Le pays était producteur de coton, de nombreuses usines se sont spécialisées dans la création de pièces en coton ; t-shirts, survêtements, etc.

Les vêtements étaient aussi vendus à travers des yard sales soit des marchés via lesquels les marques vendaient sur des stands directement aux particuliers et non pas dans des boutiques. La marque est née ainsi, de la réalisation que rien à disposition ne nous faisait vraiment envie.

Aussi, ce n’était pas une époque où les gens pouvaient facilement acheter des vêtements en ligne. Instagram c’est même lancé cette année-là.

Lancer une marque comme la nôtre à ce moment-là… C’était le moment idéal car nous n’avions pas de concurrence ; soit les vêtements n’existaient pas soit ils étaient en dehors de nos budgets. On a voulu créer des vêtements que nous avons envie de porter et accessibles en termes de prix.

Pourquoi vous pensez qu’il est important d’avoir une offre de prêt-à-porter locale ?

Je traite les vêtements que nous produisons comme des amis ou des choses qui doivent m’aider. Ils doivent me rendre confiante.

Avec The Odder Side, nous voulons prouver qu’on peut être au meilleur de nous-mêmes dans des vêtements très simples, faits pour la vie de tous jours et dans lesquels on se sent bien.

Comment la marque a-t-elle été accueillie en Pologne ?

Dès le début, inspirées par nos marques européennes favorites, on a créé des visuels packshot, des campagnes… Autant de choses auquel le public polonais n’était pas habitué.  Avec The Odder Side, on montre que le prêt-à-porter polonais peut, lui aussi, raconter une histoire.

Six mois après nous avons ouvert notre première boutique à Varsovie et je pense que la simplicité de nos vêtements a été appréciée mais il nous a aussi fallu changer les habitudes des Polonaises. Il faut comprendre que l’on créait des vêtements oversize dans un pays où les femmes aiment porter des vêtements moulants. Les usines non plus n’avaient pas l’habitude.

Qui est la cliente The Odder Side ?

J’aimerais que tout le monde puisse se retrouver dans la marque. D’autant que plein d’hommes commencent à porter nos basiques.

Avant j’avais une réponse et je dois dire que maintenant je ne veux pas définir quoi que ce soit, la marque se construit aux côtés de nos client.e.s et c’est elleux qui nous poussent à aller plus loin.

Je suis fière de produire dans mon pays, mais ce n’est pas sans difficultés.

Ça été une évidence pour vous de confectionner vos vêtements en Pologne ?

Au début, c’est la praticité qui nous a poussées à produire ici car la Pologne est connue pour la qualité de sa production vestimentaire.

Aujourd’hui, je perçois les limites de ce choix ; la technologie manque ce qui nous empêche parfois lancer des produits. Il nous faut attendre que l’usine investisse dans les machines qui permettront de le créer. C’est frustrant.

On a aussi un problème avec les délais de productions, ce qui fait qu’on est parfois en retard dans nos livraisons.

Je suis fière de produire dans mon pays, mais ce n’est pas sans difficultés.

C’est un sujet dont on parle peu et finalement, la manière dont en créant une marque on peut faire progresser les filières…

C’est vrai. Il y a deux ou trois ans, le coton organique qu’on utilisait n’était produit qu’en Italie. Désormais, la Pologne en produit également car elle a compris qu’il y avait un marché pour cela et que des clients étaient prêts à payer plus chers pour le même t-shirt, simplement pour des raisons éthiques.

Beaucoup pensent qu’on cherche à créer de la désirabilité en limitant les stocks mais c’est juste le rythme auquel les vêtements sont produits. Ils sont lancés lorsqu’ils sont prêts. 

Parlons de votre système de drop…

Nos clients adorent et détestent ce système. On a changé durant la pandémie car produire des vêtements a été difficile à cause des délais de production et de livraison.

Beaucoup pensent qu’on cherche à créer de la désirabilité en limitant les stocks mais c’est juste le rythme auquel les vêtements sont produits. Ils sont lancés lorsqu’ils sont prêts. 

C’est un choix difficile dans une industrie toujours à la recherche de nouveautés, de tendances…

Je pense que c’est une preuve de notre maturité. On a passé l’âge de vouloir changer de style à chaque fois qu’un nouveau se présente.

Les tendances peuvent avoir du bon parce qu’elles peuvent rafraîchir un look, un style… Mais j’aime l’idée de rester moi-même, de savoir ce que j’aime.

Et puis, lorsque nous avons lancé la marque nous savions que ce ne serait pas facile. On prend notre temps, on grandit avec nos usines.

Vous allez célébrer vos 9 ans bientôt… Comment voyez-vous votre évolution et qu’envisagez-vous pour la suite ?

En octobre oui. Je pense qu’on a sous-estimé notre ligne de basiques et qu’elle pourrait être la collection essentielle que l’on retrouve constamment.

On se concentre tant sur nos collections temporaires qu’on oublie les opportunités offertes par nos basiques. Notre but est de continuer à créer des vêtements de qualité et améliorer notre impact sur l’environnement… Et puis on veut créer plus d’événements où nous rencontrons nos clientes.

The Odder Side
32 Rue de Poitou, 75003 Paris
Lun-Ven 11h-19h
Sam- Dim 13h – 18h

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