Non, la taille 40 de la mannequin Jill Kortleve n’est pas plus size
Tandis que les médias mode s’agitent devant l’avènement – mérité – de Jill Kortleve, il est temps de rappeler que non, la mannequin est loin d’être plus-size. Ce size-washing ou vision biaisée de la "grande taille" nuit aux efforts mis en place par le mouvement body-positive.
Ah, la mode… À l’heure où les questions de diversité et d’inclusion sont désormais évoquées librement au sein de l’industrie, il ne subsiste pas moins la confusion autour de celles-ci.
Pour preuve, quel ne fut pas notre étonnement ce jeudi en découvrant que la nouvelle chouchou des podiums, Jill Kortleve, est qualifiée de « mannequin plus size ».
Après une saison remarquée pour les défilés de l’automne-hiver 2020-2021 où on l’a vue – entre autres – sur les podiums de Chanel, Fendi ou encore Valentino, la presse international s’est en effet empressée de la ranger dans la case des mannequins « grande taille ». Vraiment ?
Qu’est-ce qu’un modèle plus-size ?
Une taille 40 est-elle plus-size ? Soyons claires, non. Et si les marques sont heureusement de plus en plus nombreuses, ces dernières années, à mettre en avant des mannequins taille 40 ou 42 en avant sous les applaudissements du public, le terme « plus size » est lui de plus en plus souvent dévoyé.
Pour rappel, les vêtements « plus-size », ou en français « grande taille », désignent à la base des vêtements confectionnés pour les personnes dont la corpulence dépasse une moyenne – qui varie d’un pays à l’autre.
En France, par exemple, la taille moyenne d’une femme est le 42. Pourquoi alors ranger Jill Kortleve dans la catégorie « grande taille » ? Sans doute parce que la mode, qui a encore du mal à intégrer des corps réellement différents en ses rangs, passe déjà un cap en choisissant la plus petite taille sur l’échelle du grande-taille.
Les nouveaux « token » de la mode
Longtemps utilisé pour parler de l’unique mannequin noir casté dans les défilés, le terme « tokenisme » est un concept sociologique qui a fait son apparition aux États-Unis dans les années 50.
Selon Wikipedia, il renvoie à la pratique de faire « un effort superficiel ou symbolique pour se montrer inclusif auprès des membres des groupes minoritaires, en particulier en recrutant un petit nombre de personnes dans les groupes sous-représentés afin de donner l’apparence d’une égalité raciale ou sexuelle au sein d’une main-d’œuvre ».
Il suffit de jeter un rapide coup d’œil sur The Fashionspot, un site qui publie chaque saison un rapport sur la diversité dans l’industrie depuis 2014 pour se rendre compte que cette dernière n’est pas perçue de la même façon selon l’endroit du globe.
Pour le printemps-été 2020, le rapport comptait 86 mannequins plus-size sur les podiums des défilés, contrairement à 50 pour l’automne-hiver 2019.
Une progression en majorité portée par New York qui comptait 68 mannequins « ronds » sur ses catlwalks. Paris suivait de très loin avec 13 mannequins – merci au défilé Etam – et en queue de file Londres et Milan qui comptaient respectivement 3 et 2 mannequins dits « plus size ». Le tout sur environ 2 203 mannequins qui défilent chaque saisons.
Si l’on peut se réjouir que la mode élargisse un peu plus le scope de mannequins dans ses castings et en cover de ses magazines, comme le prouvent la mise en avant des mannequins Paloma Elsesser, Tess Holiday ou encore Clémentine Desseaux pour ne citer qu’elles, on notera tout de même que les mannequins grandes tailles non-blancs sont, en général, moins mis en lumière.
Et Jill Kortleve de déclarer dans un post Instagram touchant : « J’espère vraiment qu’à l’avenir, je pourrai voir et travailler avec beaucoup plus de modèles qui ne correspondaient pas au classique briefing ». Et nous d’espérer avec elle.
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