Les défilés vont-ils devenir mixtes ?
La maison italienne Versace a annoncé prévoir un défilé automne-hiver 2020-2021 qui présentera à la fois sa ligne homme et sa ligne femme. Un nouveau concept qui semble gagner du terrain et interroge quant à l’avenir des défilés.
Le défilé mixte est-il l’avenir de la mode ? Après Gucci, Bottega Veneta, Balenciaga, Lemaire ou encore J.W Anderson, Versace dévoile travailler sur un défilé mixte pour la saison automne-hiver 2020-2021. La maison italienne présentera ainsi au monde sa ligne femme en même temps que sa ligne homme en février prochain, à la Fashion Week de Milan. Une décision qui change le planning des défilés de la marque qui, au lieu de présenter quatre défilés de prêt-à-porter par an, en présentera désormais seulement deux : un premier en février et un second en septembre. La maison italienne va-t-elle lancer un nouveau modèle de présentations des collections ? Si pour le moment Donatella Versace, directrice artistique de la marque, précise qu’il s’agit d’une expérimentation temporaire qui reste cantonnée à l’année 2020, il se pourrait qu’elle soit définitivement adoptée l’année suivante en cas de succès.
Un système à bout de souffle ?
Un nouveau modèle qui rappelle la naissance puis l’adoption par certaines marques du concept du « see now, buy now » il y a quelques semaines. Pour rappel, les collections de prêt-à-porter sont traditionnellement présentées deux fois par an, en février et en septembre. Le mois de février dévoile les collections automne-hiver de la saison suivante, tandis que le mois de septembre présente celles du printemps-été prochain. Il se passe donc en moyenne six mois entre la présentation d’une ligne et sa mise à disposition sur le marché. Pour faciliter l’expérience d’achat de leurs clients, les marques de luxe ont imaginé le « see now buy now » en 2016, s’engageant à mettre en ventes leurs collections aussitôt après le défilé. Un nouveau mode de fonctionnement qui a permis à certaines griffes de se distinguer et relancer la machine économique d’une industrie très concurrentielle qui peine parfois à se renouveler.
Mais si des grands noms comme Tommy Hilfiger et Ralph Lauren (entre autres) l’adoptent définitivement, beaucoup de marques restent prudentes et continuent de se fier au calendrier traditionnel. Si le « see now, buy now » n’aura finalement pas eu l’effet escompté, il a néanmoins montré que la fast fashion, qui s’inspire des collections des grandes maisons pour vendre des pièces similaires à petits prix, a rendu les marques de luxe vulnérables. Dans ce contexte, elles n’ont pas d’autres choix que de se renouveler, au risque de voir ses ventes ralentir ou pire, devoir mettre la clé sous la porte. Le créateur américain Zac Posen annonçait il y a quelques jours mettre un terme à sa marque éponyme à cause du « contexte toujours plus difficile du marché de la mode et de la vente au détail ».
La question écologique à prendre en compte
Autre problématique : la question environnementale, dont les maisons de luxe commencent à se saisir. Deuxième industrie la plus polluante au monde, la mode a émis plus de 1,715 million de tonnes de CO2 et engendré 92 millions de tonnes de déchets solides pour la seule année de 2015, selon Le Monde. Des données inquiétantes qui ont poussé des militants écologistes à investir les abords des défilés lors de la dernière Fashion Week londonienne et organiser des mises en scène choc. De quoi obliger le secteur à évoluer et envisager notamment, moins de défilés au cours de l’année. Un concept qui, en plus de répondre aux besoins environnementaux, pourra aussi donner un coup de boost à l’industrie.
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