"Il me faut un assistant champagne !" : les meilleures citations notées par Loïc Prigent
Depuis quelques années, il est considéré comme les yeux et les oreilles de la mode. Cette saison, Loïc Prigent publie un nouvel ouvrage savoureux de ce qu’il entend dans les coulisses de l’industrie.
Dans son nouvel ouvrage qui vient de paraître chez Grasset, Loïc Prigent chronique pas loin de deux ans de mode, de 2018 à 2019, à travers les « pépiements » des acteurs de l’industrie.
« Il vit dans la Pradasphère »
On nous le dit et le répète, la mode d’aujourd’hui est mainstream, globale… Pourtant, quand on lit les propos relevés par Loïc Prigent en bord des défilés ou dans les soirées de l’industrie de la mode, on réalise que le milieu reste très mondain. Souvent considéré comme désuet, le terme est pourtant le premier qui vient en tête lorsqu’on lit les conversations relevées par Loïc Prigent.
Vidéaste reconnu ayant fait ses armes sur Canal+, où il officie encore aujourd’hui, Prigent semble connaître la mode comme sa poche et les perosnnalités -ou personnages !- qui évoluent dans ce milieu plus encore. Ce qui a commencé comme une chronique, « La Phrase entendue » chez Libération « devient, en 2012, un compte Twitter qui, s’il est moins actif aujourd’hui comptabilise toujours 452,3k d’abonnés. Aujourd’hui, on retrouve trace de ses aphorismes soignés sur Instagram et parfois, sur Youtube.
Je vois que tu as encore choisi des souliers clivants.
Des bons mots qu’on a aimé découvrir dans J‘adore la mode, c’est tout ce que je déteste, premier volume sorti en 2016, qui se voit compléter en ce mois de Novembre par Passe-moi le champagne, j’ai un chat dans la gorge. Également publié par l’éditeur Grasset, il regroupe une nouvelle liste de « pépiements » entendus -et fort habilement retenus- par Prigent.« Fatalement, je continue d’écouter mes petits camarades du monde de la mode, il faut même avouer que parfois, je participe à la conversation, et même, je rajoute de l’huile sur le bûcher des vanités », s’amuse l’auteur dans la préface de l’ouvrage.
« Il est capitaliste, mais écolo le mardi »
Que s’est-il donc passé depuis 2016 dans la « Champagnie » comme Loïc Prigent se plaît, non sans affection, à surnommer l’industrie de la mode ? D’après l’auteur lui-même : « des tremblements de terre ont eu lieu, des glissements de terrain mentaux. Les fortunes ont été multipliées par cinq. Certains melons aussi. Quelques scandales ont obligé à rajouter des filtres de décence, mis souvent les filtres auraient besoin d’être filtrés ». Comment ne pas lire, entre les lignes, des références au mouvement #MeToo, à la question de la diversité dans la mode, des scandales qui secouent une industrie peu habituée à être challengée dans sa vision du monde, et une inquiétude vive concernant l’environnement ?
« Ce n’est pas un sac, c’est un geste militant pour la sororité » lit-on sur une page. « Sa mode n’est pas mal mais complètement hétéronormative, le pauvre », voit-on ailleurs. Et, glissé avec mordant un peu plus loin : »Depuis quelques mois, on a réalisé que les mannequins sont aussi des êtres humains ».
L’industrie a changé et dans ses couloirs, on plaisante sur le burn-out, les datas, la perte de l’indépendance de la presse au profit des annonceurs, la vieillesse, la consommation… « Le cachemire c’est comme les ecstas, c’est plus du tout la même qualité ».
« Bonjour, je voudrais un parfum pour me faire oublier qui je suis »
Mais alors qu’est-ce qui nous plaît dans ces bonbons aussi acidulés que piquant distillés par Loïc Prigent ? Leur part de vérité sans doute. Derrière l’exagération qui règne dans le milieu de la mode, derrière les voiles de tissus et les mots acerbes, c’est en effet notre monde contemporain qui se révèle. Notre monde et, par son intermédiaire, nous aussi. D’un côté, nos envies de fêtes, de consommation, nos références pince-sans-rire à la start-up nation et aux valeurs qu’elle véhicule. De l’autre, la prise de conscience brutale et donc inconfortable des inégalités et des conséquences de nos actes.
« C’est ça le vrai luxe, ne pas savoir »
Dans sa préface, Loïc Prigent l’explique parfaitement : » Je persiste à tenir le registre du milieu peut-être le plus créatif du monde, en tout cas le plus drôle, le plus polluant, le moins raisonnable. La mode n’est pas une instance administrative, elle est nous et c’est nous qui la faisons, qu’on l’adore ou non ».
Et il conclut : « Et puis surtout, la mode et ses pépiements restent un puit sans fond de vérités à renier, de tendances éternellement fugaces, une quête d’absolu qui durera huit minutes maximum. De l’extase qu’il faut vivre pour le croire : « C’était au-delà du fantastique. Trop dommage que tu n’étais pas là, parce qu’en photo ça ne rend rien ». En acceptant le vrai comme le faux, la mode amuse autant qu’elle énerve et c’est ce qui rend les livres de Loïc Prigent aussi précieux.
Nos citations préférés de Loïc Prigent
Elle est intenable. C’est Stefano Gabbana dans le corps de Cardi B.
On été cambriolé, ils ont pris la télé, les Yeezy et les sacs Chanel.
L’inspiration c’est l’Écosse et le mouvement MeToo. L’inspiration c’est Simone Weil au Studio 54.
– Encore ?
Sa collection Haute Couture est un commentaire social sur la migration.
Quel est son talent ?
– Porter du Suprême.
Elle veut des invitations au défilé pour son community manager, son équipe beauté et le retoucheur. À partir de combien de millions d’abonnés on accepte ça ?
Dans les années 90 tout le monde était méchant, c’était cool d’être méchant.
Tu crois que ta robe pas chère a été faite en deux secondes mais il a fallu des millions d’années à des fossiles pour devenir le pétrole qu’on a transformé en ton polyester.
No picture, je suis pas en Hermès.
Comment vas-tu?
– Chanel, et toi ?
Elle est hyper chic mais pas le bon chic.
On voulait faire un magazine avec des images fortes mais tous les grands photographes sont coincés dans les affaires MeToo.
J’espère que ça va fonctionner !
– Touchons du bois Hermès.
Il faut repenser la ménopause.
Dolce & Gabbana a bien pris la page de pub en face de tous les éditoriaux des magazines de mode, pour bien dire : si vous parlez de notre mégascandale en Chine, le page de pub ne sera plus là.
La mode nous demande constamment de suspendre notre premier degré.
Je sais jamais si elle a peur ou si c’est le Botox?
– Fais gaffe aux blagues Botox c’est de l’âgisme.
J’adore les défilés vraiment hideux parce que tu sais que c’est sincère.
Qu’est-ce qu’elle devient ? J’ai regardé son Instagram mais elle n’est plus dans l’algorithme.
Je ne consulte plus ma voyante, elle voyait tout et ça me faisait flipper. Je l’ai remplacée par une psy beaucoup moins invasive.
Elle a relu la maquette du magazine. Elle a enlevé tout ce qui pouvait être intéressant et a viré toutes les photos où il n’y avait pas de logos de marques.
Je ne comprends rien.
-La chance.
J’ai fait un chèque à sept millions, je te raconte pas le stress au moment d’écrire les 0.
Passe-moi le champagne, j’ai un chat dans la gorge, de Loïc Prigent. Éditions Grasset, 16€.
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