Hedi Slimane signe un défilé bluffant de perfection pour Celine
Collections. – Vendredi soir, Hedi Slimane persiste et signe avec un défilé cohérent de bout en bout, comme une relecture de la bourgeoisie rive gauche des années 1970. Et un éloge de la répétition.
Le même espace de défilé, place Vauban aux Invalides, le même premier rang de musiciens à la crédibilité rock, le même concept d’installation mobile au bout du podium (cette fois, un monumental Triomphe, le logo maison), le même principe de chanson hypnotique tournant en boucle tout au long du show (Get Out of my Head de Sofia Bolt), la même attitude des mannequins, mains dans les poches dans cette posture de la jeunesse dorée belle et arrogante à qui – quel que soit l’âge ou le compte en banque – on voudrait secrètement ressembler. La même silhouette pétrie des années 1970 – la jeunesse de Slimane, l’âge d’or de la griffe Celine -, la même obsession pour la bourgeoisie rive gauche qui lui vient de sa période Saint Laurent, voire de plus loin. Le designer très discret dédie ainsi ce défilé, à sa mère, sur la note d’intention, c’est d’ailleurs la seule mention en français du communiqué en anglais et peut-être un indice sur la mythologie de la femme Slimane.
Le défilé Celine automne-hiver 2020-2021
C’est ainsi toute la question de la répétition, considérée de façon un peu courte, comme le moyen de l’imitation sans créativité, mais qui est plus souvent l’outil d’un apprentissage et le temps de la profondeur. L’apprentissage serait celui du designer aux jeunes générations nées dans le streetwear et auxquelles il aimerait transmettre une culture française du raffinement, du beau vêtement. La profondeur, c’est ce sillon que creuse Slimane depuis la fin des années 1990, d’une silhouette nourrie des fantômes du Drugstore jusqu’à la scène rock des années Libertines puis Franz Ferdinand (dont certains membres sont présents au premier rang), de ses idoles comme Jane Birkin (également là, tandis que la bande-son n’est pas sans évoquer Jean-Claude Vannier, coauteur de Melody Nelson) ou Jacno, disparu il y a dix ans et représenté par sa fille Calypso Valois.
La répétition n’est, certes, pas une valeur en vogue, on préfère jouer la carte de la rupture, du dégagisme et du renouvellement. Mais depuis qu’Hedi Slimane a redoré le blason de la bourgeoise « made in France », tout le monde a quitté son survêt et retourné sa veste.
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