Gabriela Hearst : "Mère Nature a le pouvoir de se réparer si on lui laisse une chance"

Toute sa vie, Gabriela Hearst a tenu un inventaire de ses peurs et des moyens de les conjurer. Ce « carnet de souhaits », comme elle l’appelle, est maintenant réduit à l’essentiel : empêcher le réchauffement de la biosphère.

Son angoisse étant soluble dans l’action, la créatrice américano-uruguayenne s’efforce depuis 2015 de réconcilier luxe et durabilité, d’abord à la tête de la marque new-yorkaise qui porte son nom et maintenant à grande échelle chez Chloé.

Un matin d’octobre, elle nous reçoit dans ses bureaux de Manhattan pour parler de la révolution écoresponsable qu’elle vient d’engager dans la maison parisienne.

En personne, cette Sud-Américaine à la silhouette fine et austère parle des enjeux climatiques avec la véhémence d’une Greta Thunberg.

« Je sais que je suis très intense », avoue-t-elle à la fin d’un entretien presque entièrement consacré à son « obsession » : repenser l’une des industries les plus polluantes de la planète.

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Marie Claire : Vous êtes directrice artistique de Chloé depuis la fin de l’année dernière, quel est votre projet pour cette griffe de prêt-à-porter qui aura bientôt 70 ans ?

Gabriela Hearst : Le langage esthétique de Chloé m’est très naturel : je le parle, je le comprends, et je l’aime. Cette facilité me laisse des ressources pour me consacrer à ce qui m’importe : la durabilité. Pouvons-nous faire prospérer une maison de mode tout en réduisant son empreinte carbone ?

À l’heure actuelle, personne n’a trouvé le modèle. Les marques de prêt-à-porter font d’authentiques efforts, certaines plus que d’autres, mais aucune n’a prouvé que c’est possible. Nous finirons par y arriver !

Peu importe qui trouvera la solution, pourvu qu’il existe une formule, un protocole que l’on puisse généraliser. C’est ma mission et mon chemin, c’est ce qui me fait me lever le matin, ce qui me motive, ce qui me pousse à me surpasser.

Quelles mesures concrètes avez-vous prises chez Chloé pour rendre les collections moins polluantes ?

La première étape a été de revoir les tissus. Nous savons quels tissus ont un meilleur impact sur l’environnement.

Nous savons que le lin est préférable au coton. Non seulement cette fibre présente des avantages nutritionnels – vous pouvez manger les graines de lin – mais elle consomme moins d’eau et requiert peu d’herbicides et de pesticides.

Ceux employés par la filière du coton contribuent à l’extinction de masse des insectes, sans lesquels nous ne pouvons pas vraiment survivre en tant qu’êtres humains.

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Retrouvez la suite de cette interview dans votre magazine Marie Claire n°831 spécial Planète, en kiosque depuis le 9 novembre 2021.

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