Voilà pourquoi il faut vous méfier des compléments alimentaires à base de curcuma
« En France, le dispositif de nutrivigileance de l’Anses a enregistré plus de 100 signalements d’effets indésirables susceptibles d’être liés à la consommation de compléments alimentaires contenant du curcuma ou de la curcumine, dont 15 hépatites« , explique l’autorité dans une note d’expertise publiée le lundi 27 juin 2022, puis dans un avis détaillé dévoilé deux jours plus tard.
Si cette épice est populaire en cuisine, elle est également utilisée en médecine chinoise, pour ses vertus sur les systèmes digestif et immunitaire.
« Pour une consommation de curcumine sans risque pour la santé, l’Efsa a fixé la dose journalière admissible (DJA) à 180 mg de curcumine par jour pour un adulte de 60 kg. Au regard de cette dose, l’exposition de la population française par les aliments reste faible, avec 27 mg pour les grands consommateurs d’aliments à base de curcuma », rassure l’ANSES.
Malgré tout, ses propriétés dites anti-inflammatoires et « anticancéreuses » ont été reprises par l’industrie du complément alimentaire, qui est aujourd’hui mise en cause par le rapport de l’autorité sanitaire française. C’est après qu’une vingtaine de cas d’hépatites liés à une surconsommation de curcuma en Italie qu’elle s’est auto-saisie, afin d’identifier les risques de consommation de ces derniers.
Intoxications du foie et interactions avec des traitements médicamenteux
Bien qu’aucun consensus scientifique ne viennent confirmer la croyance, le curcuma est souvent conseillé aux patient.es souffrant de cancers. Pourtant, l’ANSES alerte, à haute dose, la curcumine – la molécule principale de l’épice – peut interagir avec des traitements médicamenteux.
« Il existe un risque lié aux interactions de la curcumine avec certains médicaments tels que les anticoagulants, les anticancéreux et les immunosuppresseurs. Leur efficacité ou leur sécurité pourrait en être altérée. Aussi, l’Agence déconseille la consommation de compléments alimentaires contenant du curcuma aux personnes traitées par ces médicaments sans avis médical », recommande l’avis.
De même, alors que l’épice est plébiscitée pour ses bienfaits sur le système digestif – elle stimule la sécrétion de bile – elle reste déconseillée aux personnes souffrant de la vésicule biliaire ou du foie. Surconsommée, elle peut se révéler toxique et être à l’origine, dans les cas les plus graves, d’hépatites, comme le note l’ANSES.
Des compléments alimentaires surdosés mis en cause
C’est pourquoi dans son avis détaillé, l’ANSES évoque les dangers d’une curcumine « optimisée » par les industriels du complément alimentaire. Selon l’autorité, elle serait associée à d’autres ingrédients, comme le pipérine, un alcaloïde contenu dans le poivre.
« La curcumine est très peu biodisponible, c’est-à-dire qu’elle passe difficilement dans la circulation sanguine et qu’elle est éliminée très rapidement par l’organisme. Les industriels ont développé diverses formulations pour améliorer cette biodisponibilité et ainsi augmenter les effets de la curcumine« , indique Fanny Huret, coordinatrice de l’expertise à l’Anses dans la note d’expertise.
Mais qui dit effets augmentés implique également un risque plus important de surconsommation. « Pour prévenir les intoxications, l’Anses recommande aux metteurs en marché de fournir les détails des données de biodisponibilité de leurs produits afin qu’une dose maximale d’apport journalier spécifique puisse être définie », demande l’institution.
Interrogé par Ouest France, le chef de l’unité d’évaluation des risques liés à la nutrition de l’Anses, Aymeric Dopter, rappelle que se supplémenter reste une décision qui doit prise et accompagnée par le corps médical. « Nous continuons à marteler ce message. Un complément alimentaire n’est pas un produit anodin. Il est préférable d’en parler à son pharmacien ou son médecin avant d’en consommer« , somme-t-il.
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