Virginie Grimaldi, l’autrice favorite des Français

  • Le roman Il est grand temps de rallumer les étoiles de Virginie Grimaldi a été élu « livre favori des Français » dans le cadre d’une émission de France 2, jeudi.
  • L’autrice originaire du sud-ouest, âgée de 45 ans, reste modeste. « Je sais que ça ne va pas durer et ce n’est pas grave parce que c’est déjà extraordinaire d’être arrivée là, dit-elle. Imaginer qu’il y a autant de personnes qui m’ont lue et se sont senties concernées par ce que j’écris, ça, c’est complètement dingue. »
  • Si elle reconnaît elle-même avoir des préjugés sur certaines œuvres, elle précise : « Ne pas laisser sa chance à un roman sous prétexte qu’il serait trop léger ou pas pour soi, me déplaît. Je préfère qu’on me dise : « Je n’ai pas aimé » un de mes livres après l’avoir lu. »

Quand elle a appris que son roman Il est grand temps de rallumer les étoiles a été désigné « livre favori des Français », dans le cadre d’une émission de France 2, Virginie Grimaldi a d’abord été déstabilisée. « Je me disais que beaucoup ne trouveraient pas ça justifié, moi la première. Je ressens un petit syndrome de l’imposteur. Mais, plus le temps passe, plus je me dis que ce sont les gens qui ont voté, alors j’accepte en me disant que c’est une très très bonne nouvelle. »

L’autrice de 45 ans est modeste. Elle publie un roman chaque année depuis 2015 – le prochain, en cours d’écriture, narrera « l’histoire de deux sœurs ». Elle est aussi l’une des plus grandes vendeuses de livres en France. Elle ne joue pas pour autant la diva à l’orgueil gonflé par les best sellers. « Je sais que ça ne va pas durer et ce n’est pas grave parce que c’est déjà extraordinaire d’être arrivée là, dit-elle. Imaginer qu’il y a autant de personnes qui m’ont lue et se sont senties concernées par ce que j’écris, ça, c’est complètement dingue. »

« Mais comment avez-vous fait pour raconter ma vie ? »

Elle raconte que ses lecteurs sont nombreux à se reconnaître dans ses pages. « Il y en a qui me disent : « Mais comment avez-vous fait pour raconter ma vie ? » Au début, ça m’étonnait. Je m’y suis faite. Cela veut dire qu’on vit tous les mêmes choses, qu’on a tous les mêmes ressentis, que c’est universel tout ça. Cela a quelque chose de rassurant, surtout à une période où l’on s’oppose sur tout et rien. »

Virginie Grimaldi pense que, dans cent ans, « ce ne seront pas [ses] livres qui resteront ». La postérité qui l’intéresse le plus est d’ordre émotionnel. « Souvent, quand j’écris, je me dis que si mes enfants veulent vraiment me connaître plus tard, quand je ne serai plus là, ils pourront lire mes livres : mes romans sont un témoignage de qui je suis. »

Celui dans lequel il y a le plus d’elle-même est, d’après elle, Le Parfum du bonheur est plus fort sous la pluie. Elle confie : « Parce qu’on a une histoire assez particulière, on a perdu notre premier enfant à la naissance. Dans ce livre, je parle de ça et de mon rapport à la maternité. Ma famille est ce qu’il y a de plus important dans ma vie. »

Virginie Grimaldi reste ancrée dans son fief girondin ; Elle a vécu à Toulouse et dans le Pays basque, mais est toujours restée fidèle au sud-ouest. Elle n’a jamais rêvé d’appartenir au milieu littéraire parisien. « Je ne viens pas du sérail, je suis issue d’une famille ouvrière, modeste où la culture se gagnait et n’était pas forcément à portée de main », résume-t-elle.

« Je trouve mon premier roman publié trop léger »

Elle a d’ailleurs longtemps pensé que son rêve de petite fille, devenir écrivaine, était inaccessible. Au début des années 2000, elle a tenté sa chance en envoyant un manuscrit à huit maisons d’édition. « Evidemment, vu que je ne connaissais rien du milieu, c’étaient les huit plus importantes, sourit-elle. Le texte m’est revenu avec une fin de non-recevoir mais j’ai eu quelques retours argumentés qui étaient sympas. »

Malgré cette déconvenue, elle continue d’écrire pour elle-même, puis, en 2009, ouvre un blog. « J’y écrivais tous les jours des billets d’humeur. Cela m’a permis de me confronter à l’avis des lecteurs et d’affiner ma plume. C’est là que j’ai trouvé mon style. Les lecteurs, dans les commentaires, m’encourageaient à écrire des romans. »

Une amie finit par la convaincre d’envoyer le manuscrit du Premier jour du reste de ma vie à City Editions. « Ils m’ont rappelé deux jours plus tard. C’était le bonheur, mais je me disais qu’il avait été écrit trop vite. Je l’ai énormément retravaillé. Ce n’est pas celui que j’assume le plus. Je le trouve trop léger et en surface. Je ne me suis pas donné à fond comme dans les suivants », estime-t-elle.

Cela n’a pas empêché le livre de rencontrer un succès immédiat. Il y a aussi ce qu’elle considère comme « un aboutissement » : voir apparaître en grosses lettres, sur la couverture, « Grimaldi ». C’est le nom de jeune fille de sa grand-mère, celle qui lui a donné le goût de l’écriture, toute petite, avec ses carnets de poème. « Elle écrit sur tout, sur ce qui l’émeut dans l’actualité ou dans sa vie », glisse l’autrice.

« Je suis assez sarcastique »

Depuis 2015, Virginie Grimaldi a l’habitude de caracoler dans les hauteurs des classements des meilleures ventes. Une telle popularité s’accompagne de préjugés sur son œuvre, qui ne la bouleversent pas. « C’est humain, concède-t-elle. Moi-même, j’en ai sur certains films ou livres. Mais ne pas laisser sa chance à un roman sous prétexte qu’il serait trop léger ou pas pour soi, me déplaît. Je préfère qu’on me dise : « Je n’ai pas aimé » après l’avoir lu. »

Ce qui l’agace surtout, c’est que ses livres soient étiquetés « chick-lit » ou « feel good ». « Les gens qui réduisent ses romans à ça ne l’ont jamais lue. Je crois qu’il n’y en pas un qui se termine bien. Il y a toujours énormément de souffrance, les personnages ne s’en sortent pas forcément bien », souligne Baptiste Beaulieu, auteur, médecin et ami de Virginie Grimaldi.

Elle reconnaît que certaines couvertures ont pu créer le malentendu. « Les visuels avec des femmes allongées au bord de l’eau, ça n’allait pas du tout, ça n’était pas représentatif du texte. C’était une volonté marketing de l’éditeur et cela a sans doute contribué au succès, donc je ne renie absolument pas ça… La méprise peut aussi venir du fait qu’il y a de l’humour dans mes livres. Je suis comme ça dans la vie, j’aime bien tourner les choses en dérision, je suis assez sarcastique. »

« Elle ne gâche pas son succès »

« Virginie est quelqu’un qui arrive à faire rire et pleurer les gens. Générer une telle émotion chez le lecteur est difficile. Faire pleurer, ce n’est pas compliqué, mais arriver à fédérer autour de son rire est plus compliqué », salue Baptiste Beaulieu.

Les valeurs qui tiennent le plus à cœur Virginie Grimaldi sont « l’intégrité et la liberté ». C’est ainsi qu’elle a quitté, aux printemps, les éditions Fayard après que sa présidente Sophie de Closets en est partie. « J’ai senti qu’on entrait dans une nouvelle ère où les auteurs et éditeurs n’auraient plus la liberté d’avant. Je trouve ça très dangereux, avance l’écrivaine. Cela m’était insupportable de cautionner quelque chose que j’ai toujours réprouvé dans ma vie perso. J’étais en position de m’opposer à ça. C’était facile pour moi, je savais que je retrouverais sans problème une autre maison d’édition. » Elle a depuis rejoint Flammarion.

Baptiste Beaulieu livre une autre anecdote : « Ma famille a accueilli des réfugiés ukrainiens. J’ai lancé un appel sur Instagram pour savoir si quelqu’un avait une vieille voiture à leur procurer. Dans la demi-heure qui a suivi, Virginie m’a envoyé un message en me disant que je pouvais supprimer mon post et elle m’a offert une voiture pour eux. Elle n’est pas quelqu’un qui gâche son succès, elle en fait profiter les autres autour d’elle. Elle est extrêmement généreuse. » Une générosité que l’on retrouve dans les livres de l’autrice au même titre que son humour et cette notion du courage dans l’adversité.

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