Vincent van Gogh : ce que vous ignoriez sur le peintre | Vogue Paris
Vogue revient sur la vie et la personnalité complexe et torturée de l’artiste néerlandais, l’un des maîtres incontestés du mouvement postimpressioniste.
Incompris et majoritairement ignoré de son vivant, Vincent van Gogh a pourtant bouleversé l’histoire de la peinture, dont il demeure reconnu comme l’un des plus grands maîtres. Associée au mouvement postimpressionniste, son oeuvre abondante (plus de 2000 toiles et dessins) a également eu une grande influence sur le fauvisme et sur l’expressionnisme, annonçant à elle seule certains des plus grands courants de l’histoire de la peinture.
Il méprisait le marché de l’art
Vincent van Gogh tenait en aversion le principe même du marché de l’art. Dans sa jeunesse, il travaille pendant près de 8 ans pour une galerie franchisée de l’éditeur d’art Goupil & Cie, d’abord à la Haye, puis à Londres et à Paris, avant d’être licencié pour avoir ouvertement remis en question, devant des clients, le fait qu’une oeuvre d’art puisse être considérée comme une marchandise. Lorsqu’il se rend à Arles en 1888, il crée l’Atelier du Midi, dans la célèbre maison jaune de la place Lamartine qu’il a peint la même année, et où il entend réunir une communauté d’artistes autour de la recherche et de l’expérimentation, en marge du marché de l’art traditionnel.
Les Tournesols, 1888, Vincent Van Gogh
© Vincent Van Gogh Tournesols, 1888 Huile sur toile, 92 x 73 cm Neue Pinakothek, Munich © Bridgeman Images
Il a été pasteur
Peu après son licenciement de chez Goupil & Cie, Van Gogh retourne en Angleterre, et est pris d’une grande spiritualité qui devient rapidement vocation religieuse. Travaillant d’abord quelques temps comme professeur dans un internat, il intègre ensuite une église méthodiste, où il travaille comme assistant. Entre 1877 et 1878, il étudie la théologie à Amsterdam, puis à Bruxelles, mais échoue aux examens pour finalement devenir prédicateur laïc. Cet échec engendre une longue période de dépression, et est déterminant dans le choix de Van Gogh de se consacrer à la peinture.
Autoportrait au chapeau de feutre, 1887, Vincent Van Gogh
© Autoportrait au chapeau de feutre, 1887, Vincent Van Gogh / Universal History Archive/UIG via Getty Images
Il utilisait l’autoportrait pour expérimenter différentes techniques
Entre 1886 et 1889, Van Gogh peint plus de vingt autoportraits, souvent de très petits formats, dont la plupart sont réalisés lors d’un séjour de deux ans à Paris. En peignant son propre visage, l’artiste expérimente différents styles et techniques de peinture, que l’on voit évoluer au fil de ces 37 tableaux, aujourd’hui répartis entre des collections privées et le Musée Van Gogh d’Amsterdam, le musée d’Orsay de Paris et le Metropolitan Museum of Arts de New York, entre autres. L’Autoportrait au visage glabre, daté de 1889, s’est vendu 71,5 millions de dollars en 1998, devenant l’une des toiles les plus chères au monde.
La Vigne rouge, 1888, Vincent Van Gogh
© DEA PICTURE LIBRARY
Il n’aurait vendu qu’une seule toile de son vivant
C'est Théo van Gogh, le frère cadet du peintre, marchand d’art, qui en 1890 adjuge pour 400 francs La vigne rouge, une scène de vendanges, à la peintre Anna Boch. Ce n’est qu’après la mort du peintre et de son frère que Johanna Bonger, veuve de Théo, qui hérite des tableaux de Vincent, et le père Tanguy (notamment l’un des premiers collectionneurs et marchands d’art à succès des impressionnistes), commencent à commercialiser les peintures de l’artiste. Le peintre Edgar Degas en sera l’un des premiers acheteurs.
Irises, 1889, Vincent van Gogh
© VCG Wilson/Corbis via Getty Images
Il a passé un an à l’asile de Saint-Rémy-de-Provence
En 1889, la dépression, chronique chez Van Gogh, le gagne une nouvelle fois. Il décide alors d’entrer à l’asile Saint-Paul-de-Mausole, jusqu’à ce que son frère l’encourage à en sortir pour le rejoindre à Auvers-sur-Oise. Depuis la chambre de l’asile, il observe les champs de blés qui donneront naissance à une grande série de peintures. Malgré les diverses crises qu’il subit pendant cette période, le peintre est très productif, peignant notamment les célèbres tableaux Iris, et Lilas du jardin de l’hôpital.
Autoportrait à l’oreille bandée, 1889, Vincent Van Gogh
© Universal History Archive/Getty Images
Il s’est coupé l’oreille après une dispute avec Paul Gauguin
Le fameux épisode de l’oreille coupée, dont témoignent notamment deux de ses autoportraits, eut lieu à Arles en 1988. Alors déterminé à réunir une communauté d’artiste autour de principes communs dans la maison jaune, Van Gogh convainc son ami Paul Gauguin de le rejoindre. Les deux peintres entament une série d’oeuvres autour de la nécropole des Alyscamps, mais peinent à s’entendre, et se disputent régulièrement. Le 23 décembre 1888, Van Gogh est trouvé dans son lit, l’oreille gauche coupée. La théorie la plus répandue est celle de l’auto-mutilation : Van Gogh, pris d’un élan de folie, aurait coupé son oreille d’un coup de rasoir, avant de la confier à l’une de ses voisines, employée de bordel. Mais d’autres versions du fait divers existent, notamment relatées dans un livre signé Hans Kaufmann et Rita Wildegans, deux universitaires allemands. Selon eux, Gauguin aurait, lui-même, tranché l’oreille de son ami d’un coup de sabre.
Il entretenait une riche correspondance
Plus de 800 lettres, dont plus des deux tiers adressées à son frère Théo, sont réunies après la mort du peintre en 1890 (s’il est connu que Van Gogh s’est suicidé d’un tir de balle dans la poitrine, cette thèse a plusieurs fois été remise en question). Elles permettent notamment aux experts de plonger dans l’esprit tourmenté de l’artiste, profondément dépressif, et offrent de nombreuses pistes d’analyse de son oeuvre. On peut la lire dans de nombreux ouvrages, dont Lettres de Van Gogh, six volumes initiés par le musée Van Gogh d’Amsterdam.
Japonaiserie : Un pont sous la pluie,1887, Vincent Van Gogh
© Fine Art
Il a été influencé par les estampes japonaises
Dans la seconde moitié du XIXè siècle, alors que les échanges commerciaux s’ouvrent entre le Japon et l’Occident, l’art japonais commence à circuler en Europe. Van Gogh se prend de passion pour les estampes, qui lui inspirent notamment la toile L’amandier en fleurs, peinte l’année de sa mort. Sa grande étude des paysages de Provence est pour lui la continuité de cet art japonais, qui a également eu une influence majeure sur le courant impressionniste.
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