VIH : un homme serait guéri grâce à une greffe de moelle osseuse
Après « le patient de Berlin » en 2009 et « le patient de Londres » en 2019, « le patient de Düsseldorf » serait le « troisième cas de probable guérison dans le monde » d’une infection au VIH.
Dans un communiqué envoyé à la presse le 14 février dernier, l’Institut Pasteur – en collaboration avec le consortium IciStem et plusieurs hôpitaux allemands, espagnols et néerlandais – explique que cenouveau patient, un homme âgé de 53 ans, a reçu une greffe de moelle osseuse.
Au travers des résultats de leur étude, publiée le 20 février dans la revue Nature medicine, les chercheurs assurent que « le virus n’était plus détectable dans son organisme » quatre ans après la suspension de son traitement antirétroviral. Bien qu’elle soit encore jugée « probable », cette guérison permet aux scientifiques d’envisager de nouvelles perspectives thérapeutiques », se sont-ils félicités dans le communiqué.
Un donneur de cellules souches porteur d’une mutation protectrice du VIH
Si l’on en sait peu sur ce nouveau patient, on apprend toutefois qu’il a été suivi à Düsseldorf, à l’Ouest de l’Allemagne. Diagnostiqué en 2008 d’une infection au VIH, ce dernier a commencé son traitement antirétroviral dès 2010. Un an plus tard, les médecins détectent chez lui une leucémie qu’il commence à traiter par chimiothérapie.
« Après une rechute, il doit recevoir en 2013 une greffe de cellules souches issues d’un donneur anonyme », informent les chercheur.euse.s. D’abord greffé de cellules provenant d’un donneur uniquement compatible sur le plan immunogénétique, le patient reçoit ensuite de la moelle osseuse d’un.e patient.e portant la mutation CCR5 delta-32. Cette modification dans le génome est connue pour « empêcher l’entrée du VIH dans les cellules et donc protéger de l’infection », soulignent les scientifiques.
« Lors d’une greffe de moelle osseuse, les cellules immunitaires du patient sont ainsi remplacées intégralement par celles du donneur, ce qui permet de faire disparaître l’immense majorité des cellules infectées », explique Asier Sáez-Cirión, responsable de l’unité Réservoirs viraux et contrôle immunitaire à l’Institut Pasteur, et co-principal auteur de l’étude, dans le communiqué.
Cinq ans plus tard, plus de VIH dans l’organisme du patient
Cette opération avait peu de chances d’aboutir. D’abord, parce qu’il n’est pas aisé de trouver un donneur compatible pour éviter le rejet de la greffe, mais aussi parce que « moins de 1 % de la population générale porte cette mutation protectrice du VIH ».
Pourtant, cinq après cette greffe de moelle osseuse, le virus n’était plus détectable dans l’organisme du patient de Düsseldorf. Son état a même été considéré stable dès 2018, ce qui a mené à la suspension de son traitement antirétroviral. Quatre ans de surveillance plus tard, plus « aucune trace de particule virale ou de réservoir viral activable dans le sang » n’ont été constatés. Le patient est aujourd’hui en « en bonne santé ».
« Même si nous n’avons pas pu analyser tous les tissus du patient pour formellement écarter la présence du VIH dans l’organisme, ces résultats indiquent que le système immunitaire n’a pas détecté le virus après l’interruption du traitement », a déclaré Asier Sáez-Cirión.
Frôlant l’exploit, cette stratégie thérapeutique reste exclusive aux patient.e.s souffrant de maladies hématologiques comme la leucémie, et n’est « pas adaptable au reste de la population vivant avec le VIH », précisent les chercheur.euse.s. Le traitement antirétroviral reste la meilleure alternative, ajoutent-ils.
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