Vaccin, dépistage : tout ce que l'on peut désormais faire en pharmacie

Ils délivrent les médicaments sur ordonnance ou en libre accès, mais pas seulement : en cette période d’épidémie de Covid-19, les pharmaciens jouent un rôle clé.

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Le pharmacien d’officine n’est plus uniquement le professionnel de santé qui délivre les médicaments prescrits par un médecin. Proche des patients, il est tout indiqué pour faire de la prévention, du dépistage et même de l’éducation à la santé. Le Dr Martial Fraysse, pharmacien et membre de l’Académie nationale de pharmacie, dresse la liste de tout ce qu’un pharmacien peut nous apporter.

Se faire vacciner contre la Covid-19 ou passer un test de dépistage

Depuis la mi-mars, les pharmaciens sont désormais autorisés à administrer le vaccin AstraZeneca aux personnes âgées de 50 à 75 ans qui présentent des comorbidités ainsi qu’aux individus de plus de 75 ans. Toutes les officines vaccinant contre la grippe peuvent vacciner contre la Covid-19.

Les pharmacies jouent aussi un rôle clé dans le dépistage de la Covid-19 : on peut y réaliser des tests sérologiques rapides et passer des tests antigéniques, réalisés grâce à un prélèvement nasal par écouvillon. L’avantage : on obtient le résultat quasi instantanément.

Automédication : obtenir des conseils avisés auprès de son pharmacien

Le pharmacien assume l’entière responsabilité de la vérification des prescriptions et de ce qu’il délivre. S’il estime que le traitement prescrit n’est pas adapté ou s’il a des doutes, il peut refuser de le délivrer. Il peut adapter la forme et le dosage à l’individu (en fonction de son poids, notamment). Concernant les médicaments en vente libre (paracétamol, ibuprofène…), compléments alimentaires, etc., il questionne le patient, recommande les plus appropriés et veille à leur bon usage. Pour qu’automédication ne rime pas avec intoxication.

Suivre l’historique de vos prescriptions

Le pharmacien est le gardien de votre historique de médicaments. En effet, il doit les enregistrer dans votre dossier pharmaceutique, avec leur posologie et, idéalement, les résultats d’analyse biologiques qui leur correspondent (état de la fonction rénale et hépatique, par ex.). En cas de maladie chronique ou d’allergies à certains produits, il peut également, avec l’accord de la personne, les noter dans ce dossier. Il veille ainsi à notre sécurité et permet une analyse plus rapide en cas de problème. Près de 40 millions de dossiers pharmaceutiques ont déjà été ouverts. Le dossier pharmaceutique se déverse dans le Dossier Médical Partagé.

Se faire vacciner contre la grippe

Pour l’instant, cela ne concerne que les personnes à risque (plus de 65 ans, personnes obèses, malades chroniques, etc.). Mais les expériences ont montré que cela permettait de toucher un plus grand nombre de personnes, car la démarche est bien plus simple qu’une consultation chez un médecin. On espère que le dispositif sera généralisé à l’ensemble de la population.

Se faire aider dans la bonne gestion de sa maladie

Toujours accessible, le pharmacien joue un rôle important dans l’apprentissage de l’autosurveillance de la maladie et de ses traitements. Notamment, il éduque le patient à l’automesure de la tension, à la reconnaissance des signes d’alerte, à la gestion de ses traitements (comme savoir utiliser son traitement inhalateur…), à s’alimenter en cas de diabète ou de maladie rénale… Depuis 2011, tous les pharmaciens qui sortent de la faculté sont formés en Éducation thérapeutique du patient (ETP).

La pharmacie, un lieu privilégié pour le dépistage

Alors que le médecin ne voit souvent les personnes qu’à l’occasion d’un problème de santé aigu, le pharmacien est au contact fréquent du public. Il peut repérer des signes typiques de certaines maladies, en particulier chroniques, et réaliser alors des examens de dépistage. Il peut proposer une glycémie pour dépister un diabète, un test rapide d’orientation diagnostique de l’angine (TROD angine), aider par ses explications à la réalisation des autotests VIH, faire souffler dans de petits appareils (débitmètre de pointe) pour repérer un problème de souffle (maladie BPCO)… Il peut ainsi orienter la personne vers son médecin traitant pour faire un bilan.

Se faire assister en vue d’une téléconsultation avec un médecin

En cas de déserts médicaux, de rendez-vous trop lointains avec un spécialiste… La téléconsultation est une solution. Depuis septembre 2019, le pharmacien peut désormais mettre à disposition au sein de son officine le plateau technique nécessaire à une téléconsultation par vidéotransmission avec un médecin. Il assiste alors le patient : prise de la pression artérielle et de la température, utilisation d’instruments comme le stéthoscope et l’oxymètre connectés, l’otoscope (inspection du conduit auditif externe et du tympan), la photographie d’une zone de peau en dermatologie, ou du fond de l’oeil pour examiner la rétine… Cette activité, encore balbutiante, est promise à un bel avenir.

Obtenir des conseils en matière de prévention

L’un des rôles du pharmacien est de repérer les comportements à risque (tabagisme, surpoids, problèmes de vue, d’ouïe, etc.). Certains sont formés en diététique et ont ouvert des consultations de nutrition. Il peut également effectuer des  » conciliations médicamenteuses « . Remboursées par l’Assurance maladie, elles sont pour l’instant réservées aux plus de 75 ans, à ceux qui prennent plus de cinq traitements chroniques (sur plus de six mois) ou les plus de 65 ans en affection de longue durée (ALD). Le patient rapporte tous les médicaments de la pharmacie familiale, d’une part pour effectuer un tri, et d’autre part pour ne conserver que ceux qui lui sont utiles. L’objectif est de le mettre en sécurité, lui apprendre à mieux gérer ses stocks et lui fournir des explications sur ses prescriptions.

Effets indésirables des médicaments : on peut les signaler en pharmacie

Ce pilier de la pharmacovigilance déclare à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) les effets indésirables des médicaments qui lui sont rapportés par les patients. Il repère tout mauvais usage des médicaments (posologie trop importante, contre-indication avec d’autres médicaments déjà pris par la personne…)

En cours d’expérimentation : le dépistage du cancer colorectal en pharmacie

« Seulement 32,1 % des 50-74 ans (sur la période 2017-2018) font le test. L’Institut national du cancer (INCa) expérimente la remise du kit de dépistage (test immunologique fécal) par les pharmaciens d’officine, plus facilement accessibles que les médecins généralistes ou les spécialistes « , indique Stéphanie Barré, responsable de la coordination des programmes de dépistage à l’INCa. Un essai est en cours dans les Hauts-de-France. D’autres viennent de se terminer en Bretagne, Ile-de-France, Guadeloupe et Corse. Selon les premières données, cela serait efficace et à moindre coût.

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