Un bébé pourrait ingérer des millions de microplastiques à cause de son biberon

Un bébé alimenté avec un biberon en polypropylène pourrait avaler chaque jour plus d’un million de microparticules de plastiques. C’est ce que révèle une étude publiée ce lundi 19 octobre 2020 dans la revue Nature Food.

La température joue un rôle clé

Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont exposé chacun des modèles les plus vendus de biberons en polypropylène à la procédure de préparation recommandée par l’Organisation mondiale de la Santé : stérilisation du biberon et préparation du lait maternisé avec une eau chauffée à 70°C pour éliminer d’éventuelles bactéries dangereuses.

Résultat : certains des biberons analysés ont libéré jusqu’à 16 millions de microplastiques par litre.

L’équipe a également constaté que plus la température des préparations était élevée, plus les particules étaient libérées. Ainsi, si l’eau pour préparer le lait est chauffée à 95°C, la quantité pourrait monter jusqu’à 55 millions par litre et descendre à un peu plus d’un demi million avec une eau à 25°C.

Aussi, l’exposition quotidienne serait plus forte dans les pays développés où l’allaitement est moins important : 2,3 millions en Amérique du Nord ; 2,6 millions en Europe.

Quels dangers pour la santé des enfants ?

« La dernière chose que nous voulons est d’alarmer excessivement les parents, d’autant plus que nous n’avons pas suffisamment d’informations sur les conséquences potentielles des microplastiques sur la santé des bébés », a commenté John Boland, l’un des auteurs de l’étude. « Il est très possible que (les particules) passent simplement très vite à travers le corps », note de son côté Oliver Jones, professeur à l’université RMIT de Melbourne, cité par l’organisme Science Media Centre mais qui n’a pas participé à l’étude.

Certaines études démontrent pourtant l’ampleur de la contamination par les microplastiques via l’alimentation. Celle de WWF a notamment estimé qu’un individu moyen ingère jusqu’à 5 grammes de plastique chaque semaine, autrement dit l’équivalent en poids d’une carte de crédit.

Une fois dans le corps humain, les microplastiques peuvent libérer leurs composants chimiques, dont il a déjà été démontré qu’ils altèrent les organes. Des scientifiques ont en effet découvert des traces de microplastiques dans les tissus musculaires de crustacés, ce qui signifie que les particules peuvent avoir migré à travers la paroi intestinale.

Cette migration peut également avoir lieu vers le sang. Après avoir donné des particules de chlorure de polyvinyle (PVC) à des chiens, des chercheurs ont pu identifier des microplastiques dans leur analyse sanguine. Enfin, des poissons exposés à des nanoplastiques ont fini par subir des lésions cérébrales, car ces dernières avaient traversé la barrière hémato-encéphalique (celle-ci isole le cerveau des substances indésirables qui peuvent se trouver dans la circulation sanguine, ndlr).

Quelques recommandations préventives

Pour limiter l’exposition des bébés, les auteurs de l’étude émettent des recommandations : rincer les biberons trois fois à l’eau stérilisée froide après stérilisation ; préparer la poudre de lait dans un récipient qui n’est pas en plastique avant de verser le liquide refroidi dans le biberon ; ne pas trop secouer le biberon ; ne pas le mettre au micro-onde. Enfin, pour faire chauffer l’eau, ne pas utiliser de bouilloire électrique en plastique qui libère « un nombre similaire de microplastiques ».

L’étude ne s’est pas penchée sur les biberons en verre qui « ne libèrent pas de particules », mais sont « lourds et cassables » et restent marginaux sur le marché, notent les auteurs.

Avec l’utilisation généralisée des modèles en plastique, « étudier le devenir et le transport des microplastiques à travers l’organisme est notre prochaine étape », ont-ils indiqué à l’AFP, précisant vouloir s’attacher aux questions d’immunologie et de biochimie liées à l’ingestion de micro, voire nanoparticules de plastiques.

Fait intéressant, les biberons en polypropylène comme en verre ont été particulièrement mis en avant depuis 2010 en France, année où ceux en Bisphénol A ont été interdits.

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