Un an de prison ferme requis contre le juge qui proposait de violer sa fille sur un site libertin
Il proposait à des inconnus de « dépuceler » sa fille, donnant « carte blanche » sur son corps à des internautes contactés via le site libertin Wyylde. Olivier B., magistrat respecté de 56 ans, était attendu au tribunal de Besançon vendredi 18 février 2022.
Mais l’ancien vice-président du tribunal judiciaire de Dijon (Côte-d’Or), où il coordonnait le pôle des affaires familiales, était absent de son procès pour pédocriminalité. Son état psychologique a été jugé incompatible avec sa comparution par un expert psychiatre.
Étienne Manteaux, procureur de la République de Besançon, souhaitait quand même qu’il soit jugé. Après l’audience, il a requis à son encontre une peine de prison de deux ans dont un avec sursis avec une obligation de soins. Le verdict sera rendu le 11 mars prochain.
Il se justifie par un « traumatisme » judiciaire
Depuis le 28 juillet 2019, Olivier B. a été révoqué et donc radié des cadres de la magistrature par le conseil de discipline du Conseil supérieur de la magistrature. Il a été mis en examen le 5 juin 2020 pour « instigation à commettre un viol sur un mineur, non suivi d’effet ».
« Le terme ‘sans suivi d’effet’ me crispe », a réagi la danseuse et comédienne, Adréa Bescond, victime de pédocriminalité sur Instagram. « Je pense aux trois enfants de ce couple, au traumatisme de cette adolescente quand elle réalisera ce que son père a fait. Je m’interroge sur l’autorité parentale de ce monsieur, je m’interroge sur la clémence de la justice française à l’égard des pédodélinquant.e.s et pédocriminel.le.s. », a-t-elle commenté.
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Pour Olivier B., il s’agissait de « fantasmes (…) jamais concrétisés », explique le procureur de Besançon. Un « suicide social », selon les mots de l’accusé, repris par France 3 Bourgogne Franche Comte, alors qu’il savait qu’il finirait pertinemment qu’il finirait par être découvert.
Olivier B. assure que « ses délires sexuels » sont liés à sa participation au procès de Pierre Bodein, alias « Pierrot le fou », reconnu coupable de trois meurtres, deux viols et deux enlèvements. Ses victimes étaient torturées, violées et éviscérées. Olivier B. était avocat général lors du procès en 2007. Pierre Bodein est le premier détenu condamné à la perpétuité incompressible en France, la peine la plus lourde jamais donnée.
« J’ai dans la tête des choses horribles. Bodein, c’était la rencontre avec le mal incarné », a-t-il justifié auprès des enquêteurs, d’après L’Est Républicain. Pour le procureur de Besançon, qui s’appuie sur les conclusions du psychiatre Daniel Zagury, il s’agit là purement et simplement d’une manipulation du magistrat.
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Pas de preuves de rendez-vous
D’après le procureur, il y avait « un risque de passage à l’acte » de la part du père de famille. S’il proposait bien de violer sa fille, notamment à l’un des partenaires sexuels que lui et son épouse fréquentaient régulièrement dans le cadre de relations échangistes, note 20 Minutes, Olivier B. n’aurait concrétisé aucun rendez-vous avec ses interlocuteurs. À cause du confinement, précise le site d’information.
Les enquêteurs, alertés par un autre utilisateur de Wyylde au sujet des propositions sordides d’Olivier B., ont eux-mêmes échangé avec lui sur le site, sous pseudo. Mais lorsqu’ils lui demandent de transformer les échanges virtuels en rencontre concrète, celui-ci ne donne plus suite, souligne France 3.
Selon le quotidien régional, le père de trois enfants aurait également transmis des photos de l’adolescente en maillot de bain à ses interlocuteurs. Auditionnée, celle-ci a affirmé qu’elle n’a subi aucune violence sexuelle.
La mère mise hors de cause
Sa femme, magistrate également, a dit ne rien savoir des échanges de son mari au sujet de leur fille. Lorsque l’affaire éclate, elle » tombe des nues », décrit L’Est Républicain. Olivier B. a assuré qu’elle n’était au courant de rien. Elle a été mise hors de cause.
Lors de la perquisition de leur matériel informatique, aucun « fichiers pédopornographiques, souvent retrouvés chez les personnes pathologiquement attirés par les mineurs », n’ont été découverts, précisait le procureur en juin 2020.
Afin d’éviter qu’ils soient jugés par leurs collègues dijonnais, le procès a été délocalisé en Franche-Comté.
L’identité de la victime préservé
Dans les médias français, contrairement à la presse étrangère, jamais le nom complet d’Olivier B. n’est publié en rapport avec l’affaire. Sur les réseaux sociaux, des militantes féministes et pour la défense des enfants ne comprennent pas ce choix qui protège l’identité de l’ancien juge mis en cause.
« Quand les médias français étouffent une affaire de pédocriminalité en cachant l’identité d’un magistrat, regrette par exemple le compte Instagram Dis bonjour sale pute, qui œuvre contre le harcèlement sexiste et les violences sexuelle.
Ainsi, les médias opposent à ces remarques la nécessité de protéger l’identité de la fille, victime encore mineure. Même après le jugement, celle-ci risque de voir son nom associé au procès de son père tout au long de sa vie.
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