Think Tank Marie Claire : du salaire au sexisme, comment atteindre l’égalité au travail ?
Pour la première session du Think Tank Marie Claire "Agir pour l’égalité" de cette année 2019-2020, c’est la question du travail qui a été au cœur des discussions. Retour sur cette matinale du 5 novembre.
Et c’est parti pour une deuxième saison ! Après un final remarqué le 18 juin dernier à l’Unesco – ayant notamment permis la remise d’un livre blanc de propositions au gouvernement – le Think Tank “Marie Claire : Agir pour l’égalité”, en partenariat avec le Connecting Leaders Club, reprend de plus belle en 2019-2020. Cette année, seront abordés les thèmes suivants : la finance et l’argent ; la tech ; la santé ; et l’espace public. Avec toujours pour objectif “d’élaborer des solutions concrètes”, comme l’a rappelé Valérie Hoffenberg, présidente du Connecting Leaders Club.
Plafond de verre et autonomie financière
Et pour commencer cette nouvelle saison, c’est la question du travail qui a été décortiquée. Car, à travail égal et compétence égale, une femme gagne toujours 19% de moins qu’un homme. C’est donc la Ministre du travail, Muriel Pénicaud, qui a ouvert les débats, en insistant d’abord sur “le plafond de verre intérieur, qui fait que parfois on se sent moins légitime, qu’on a le sentiment de ne pas avoir le droit à l’erreur ou qu’on doit absolument être parfaite quand on est une femme.” Surtout, elle insiste sur l’importance de l’autonomie financière, “car le pouvoir de dire non vient aussi de la possibilité de prendre sa valise et de s’en aller.”
La Ministre a ensuite fait la promotion de l’index de l’égalité mis en place par le gouvernement, outil pratique permettant de réduire les inégalités femmes-hommes dans les entreprises grâce à l’évaluation de cinq critères : l’écart de rémunération femmes-hommes, l’écart de répartition des augmentations individuelles, l’écart de répartition des promotions (uniquement dans les entreprises de plus de 250 salariés), le nombre de salariées augmentées à leur retour de congé de maternité, la parité parmi les 10 plus hautes rémunérations. “On s’est aperçu que les entreprises étaient vraiment mauvaises sur deux critères : l’augmentation au retour du congé maternité, pourtant une obligation légale, et la parité dans les dix plus hauts salaires.”
La discussion s’est poursuivie lors de la première table ronde “Salaires, promotions, charge mentale… Comment aider les femmes à assumer leur ambition ?”, qui a réuni Véronique Marimon, senior director chez Salesforce ; Olga Trostiansky, présidente fondatrice du Laboratoire de l’Égalité ; Guillaume Richard, président de Oui Care ; et Sibylle Quéré-Becker, directrice du développement social, Diversité et Inclusion chez AXA. Guillaume Richard a partagé ses difficultés à recruter des femmes pour des postes à responsabilité : “Quand je cherchais une directrice commerciale, moins de 10% des personnes ayant postulé étaient des femmes. J’ai remplacé ‘directrice’ par ‘responsable’, j’ai eu plus de 50% de candidates. Même chose pour la direction générale, sur 107 CV, aucun ne provenait d’une femme.”
De son côté, Olga Trostiansky a salué la mise en place de l’index de l’égalité, “passage d’un objectif de moyen à une objectif de résultat. Une belle étape, mais qui n’est pas suffisante, il faut désormais avancer sur les temps partiels et la non-mixité des métiers.”
Du sexisme au harcèlement au travail
Après la présentation de l’étude Marie Claire – Harris Interactive consacrée au sexisme en entreprise, s’est déroulée la deuxième table ronde, portant justement sur le thème “Harcèlement, sexisme … Comment en finir avec les violences au travail, freins à l’égalité professionnelle ?”. Elle a rassemblé Murielle Dubois, responsable de la mise en œuvre et de l’animation du programme RATP au Féminin depuis 2018 ; Anne Lebel, directrice des Ressources Humaines chez Natixis ; Marylin Baldeck, présidente de l’AVFT (Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail) et Alice Gayraud, collaboratrice parlementaire et membre du collectif “Chair Collaboratrice” visant à faire la lumière sur le sexisme en politique.
Ainsi chez Natixis, c’est un plan d’action en trois axes qui a été instauré, alliant communication, formation et sanction. Marylin Baldeck a d’ailleurs souligné la hausse des demandes de formation de la part des entreprises sur la question des violences sexistes et sexuelles au travail. Et n’a pas manqué de rappeler que la RATP, malgré son récent programme dédié, avait été condamnée pour harcèlement sexuel.
Enfin, les nombreuses participantes ont pris part aux trois ateliers de cette session : “Comment obtenir l’égalité salariale ?”, “Comment le management peut favoriser l’égalité ?” Et “Harcèlement, sexisme… Comment se défendre ?”.
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