Teddy Riner : « Le judo, c'est l'école de la vie ! »

Le célèbre et sympathique judoka, Teddy Riner, nous livre ses secrets pour bien pratiquer son sport, mais aussi pour garder la forme et la bonne humeur.

Dix titres de champion du monde, deux médailles d’or olympiques : le palmarès de Teddy Riner est impressionnant ! Au-delà de l’exploit, l’athlète aux qualités physiques hors norme ne transige pas sur les valeurs de la solidarité et du partage. Rencontre.

Vaut-il mieux être grand et costaud comme vous pour devenir un bon judoka ?

Teddy Riner – Contrairement à ce que l’on peut croire, mesurer 2 mètres et peser 130 kilos ne représentent pas forcément des atouts ! Pour réussir à mettre un adversaire au tapis, il faut être bon en attaque, rapide dans ses déplacements et savoir tenir sa garde. L’important est de se montrer rapide, agile et fiable dans l’exécution du geste car, en face, l’adversaire ne vous fait pas de cadeau ! Il est essentiel aussi de garder une bonne condition physique pour ne pas fléchir. S’y ajoute l’impor-tance de cultiver un bon mental : ne pas douter de ses capacités et ne pas se laisser impressionner.

A quel âge peut-on commencer la pratique de ce sport ?

Teddy Riner – Il existe des cours de baby-judo accessibles dès 2-3 ans. Mais, personnellement, j’ai découvert ce sport à 5 ans et c’est à mon sens le bon âge pour commencer puisque l’on a acquis une bonne psychomotricité. En prime, les enfants sont naturellement dynamiques, volontaires, et ils n’ont pas peur de tomber. Débuter à l’âge adulte peut se révéler un peu plus problématique car, même si l’on apprend à chuter sans se faire mal, on peut avoir plus d’appréhension. On ne se comporte plus comme un casse-cou ! Cela dit, que l’on soit jeune ou un peu plus vieux, l’important reste de trouver un bon professeur, celui avec qui on se sent à l’aise, avec qui on a envie de travailler et de progresser…

Pour quelles raisons conseilleriez-vous cette activité ?

Teddy Riner – Le judo est un sport complet par excellence. Sur le plan physique, il entretient toute la musculature, car il sollicite l’ensemble du corps : cuisses, mollets et fessiers lors des déplacements ; bras et épaules lors des attaques ; centre du corps pour garder son équilibre. C’est bénéfique aussi pour le dos, car toutes les chaînes musculaires se voient renforcées. Et comme on apprend à tomber, on ne se fait jamais mal : en quinze ans de pratique, je n’ai jamais souffert du dos. Avec le judo, on augmente également ses capacités cardio-respiratoires, car on travaille l’endurance, la puissance et la vitesse. Enfin, on améliore son équilibre sans s’en rendre compte.

Et votre sens de la convivialité, l’avez-vous hérité de votre pratique ?

​​​​​​​Teddy Riner – Absolument ! Le judo permet de développer les qualités morales que sont le respect et l’acceptation de l’autre. C’est appréciable pour un enfant d’être élevé dans cet esprit ! On se retrouve face à quelqu’un contre qui on doit se battre, mais aussi à qui l’on ne doit pas faire mal. Ce sport sollicite beaucoup les neurones, car il faut anticiper les attaques de l’ad­versaire et élaborer des stratégies. Je suis convaincu que cette activité donne parti­culièrement confiance en soi, développe le courage, permet de canaliser son éner­gie… Bref, le judo, c’est l’école de la vie !

Comment avez-vous réussi à continuer votre entraînement pendant la période particulière du confinement ?

​​​​​​​Teddy Riner – Si je n’ai pas pu pratiquer sur le tatami – et si j’ai trouvé le temps long ! –, j’ai néanmoins fait beaucoup de sport : car­dio, musculation… J’y consacrais entre quatre et cinq heures par jour ! Je variais les plaisirs avec des poids, des haltères, un vélo, un banc de musculation… Ça m’a permis à la fois de maintenir une bonne condition physique, mais aussi d’éviter de prendre trop de poids durant ces deux mois à la maison. D’ailleurs, j’en ai même perdu !

Surveillez-vous votre alimentation ?

​​​​​​​Teddy Riner – Je fais surtout attention à mon hygiène de vie générale : je veille à dormir envi­ron huit heures par nuit et, si mon emploi du temps le permet, je m’octroie une petite sieste en début d’après-­midi. J’évite aussi l’alcool et je privilégie une alimentation saine et équilibrée : pois­son, viande, légumes, féculents, fruits… Je ne m’interdis rien. J’ai un bon coup de fourchette et je suis un très grand gour­mand : je craque facilement pour les sucreries, j’évite juste les excès… Mon péché mignon ? Les pancakes. Après une séance d’entraînement, je m’en prépare quelques ­uns : c’est à la fois une source de glucides lents et de plaisir. Rien de tel pour me requinquer !

Que pensez-vous des cours de judo en ligne ?

​​​​​​​Teddy Riner – Ce format ne permet pas de pratiquer le judo de façon traditionnelle puisqu’il s’agit évidemment d’un sport de contact. Cependant, je trouve que les cours sur le Net représentent une bonne manière de s’entraîner en travaillant des exer­cices. Tout cela ne peut être que du bonus pour des combats en condition réelle. Plus globalement, le sport en ligne est un bon moyen d’entretenir sa forme. Voilà pourquoi j’ai accepté le partenariat avec la chaîne de remise en forme Basic­Fit : je montre des enchaînements de HIIT (efforts brefs à haute intensité entrecoupés de périodes de récupéra­tion) en ligne et délivre des conseils de musculation en podcast.

Comment gérez-vous le stress avant une compétition ?

​​​​​​​Teddy Riner – Je commence toujours par une séance d’« automotivation » : je me dis que tout va bien se passer, je me répète que je suis prêt, j’évite de me mettre la pression et de laisser aux autres la possibilité de me stresser. De plus, j’ai pris une habitude qui me coupe du monde ambiant : depuis que j’ai 14 ans, je me mets un casque audio sur les oreilles et j’écoute la musique du moment, de préférence des chansons qui bougent. Je me retrouve dans ma bulle et, de cette façon, la pres­sion ne m’atteint plus.

Comment faites-vous pour garder votre joie de vivre ?

​​​​​​​Teddy Riner – Cette joie de vivre, elle est ancrée dans ma tête, quels que soient les problèmes qui peuvent arriver. Je fais en sorte de ne pas transformer les contrariétés du quotidien en drames. J’essaie de prendre de la distance avec les aléas de la vie et je me dis que, quoi qu’il arrive, il y a une solution. Cette philosophie me permet de garder le sourire… par exemple, quand j’ai appris le report des prochains jeux Olympiques !

Mon rituel « apaisant »

« Je commence la journée par des étirements de toutes les zones du corps : les bras, les épaules, le dos, les cuisses… Ainsi, je dénoue tous les muscles et les articulations en douceur. Cela me détend pour mieux pouvoir me dépenser ensuite. Pratiqués le soir, ces étirements m’aident aussi à trouver le sommeil. »

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