« Skam » dédie sa saison 9 aux « chagrins d'amour », confie Ayumi Roux
La Mif est de retour ! Skam France a fait son retour le 5 janvier avec un clip annonciateur d’un cataclysme au sein de l’emblématique couple formé
depuis la saison 6 par Maya (
Ayumi Roux) et Lola (
Flavie Delangle). Alors que France TV Slash diffuse ce vendredi le premier épisode intégral de cette neuvième saison, rencontre téléphonique avec la charismatique Ayumi Roux, l’interprète de Maya, l’héroïne de cette nouvelle salve de 10 épisodes.
Est-ce qu’on n’a pas trop la pression quand on devient l’héroïne d’une série qui a déjà huit saisons ?
Si ! (rires) Après je pense qu’on est tellement bien dirigés qu’on ne sent pas tellement cette pression. Sur le tournage, on ne pense pas au produit final mais on est concentrés sur ce qui se passe sur le moment. Du coup, on vit les choses à peu près normalement.
France TV Slash l’a révélé sans détour dans son communiqué de presse : cette saison, Maya et Lola se séparent… Comment avez-vous réagi en découvrant le scénario ?
J’ai appris cela avant de lire le scénario, à un moment donné où ce n’était juste qu’une idée. Maya avait eu une place assez importante en saison 6 et même en saison 7 et 8. Je ne m’y attendais pas du tout, mais c’était une très belle surprise parce que j’avais très envie de voir une autre facette de Maya, de comprendre plus de choses sur ce personnage qui est quand même très fermé et paraît très seul depuis le début, j’ai l’impression. Du coup, c’est assez chouette !
Le public est très attaché à ce couple. Est-ce que vous appréhendez les retours que vous allez avoir du public ?
Je ne sais pas trop où cela en est en termes de réactions. J’ai du mal à savoir. J’imagine que cela va faire un petit choc. Mais comme cela a été annoncé, le public y est préparé. Je pense qu’ils vont comprendre, parce que comme la rupture arrive très rapidement, ce qui est important, c’est le chagrin d’amour, la réparation et la renaissance derrière. Tout cela va peut-être les rassurer. Disons que la rupture n’est pas une finalité à un problème, c’est le début de quelque chose, qui va déclencher autre chose… La rupture ouvre une porte.
« Skam » prouve en tout cas une fois de plus sa capacité, assez rare en France, à donner une place centrale à des personnages LGTBQIA+ et à leur offrir de vraies intrigues fortes. Quels retours avez-vous de la part de cette communauté ?
Je ne fais que des suppositions parce que je ne suis pas en contact direct avec des gens qui regardent la série. En tout cas, quand je parle avec des amis, la communauté LGTBQIA + est hyperinvisibilisée en France, j’ai l’impression, comparé au reste du monde. Ce qui est assez fou ! Surtout à la télévision, sur les plateformes et dans les Web-séries, cela se passe différemment. Si Skam France a une place aussi importante aujourd’hui, c’est parce qu’elle est l’une des seules. Je comprends donc l’engouement derrière parce que le manque de visibilité est si probant. Certains personnages de Skam sont queers, mais ce n’est pas souligné. On l’a beaucoup vendue comme une série queer mais c’est surtout une série qui représente la génération actuelle. On banalise cette question queer, et cela fait du bien, parce que cela se fait ailleurs dans le monde, alors qu’en France, on a habituellement besoin de souligner quand un personnage est queer.
Le thème de cette saison, c’est un peu le deuil au sens large, non ?
Cette saison m’a été présentée comme une saison sur le chagrin d’amour. Au début, je ne comprenais pas parce qu’on avait fait des saisons qui parlaient de déni de grossesse, de VIH, de religion, de précarité, et là, on allait parler de chagrin d’amour ? Au début, j’étais un peu surprise parce que je ne trouvais la nécessité de le faire, du moins, pas au niveau des autres sujets qu’on avait faits avant, qui sont pour moi hyperimportants. Et en fait, en lisant le scénario, je me suis rendu compte de l’importance de ce thème. La séparation ouvre les portes vers autre chose, cela traite des chagrins d’amour, du passé, cela va réveiller d’autres blessures.
Dans cette saison, on se rend compte que Maya a des difficultés à exprimer ses sentiments et ses émotions, est-ce plus difficile à interpréter quand on est actrice ?
Je suis une professionnelle en la matière, donc, je n’ai pas eu beaucoup de mal à jouer cela. Je crois que je suis un peu comme cela dans la vraie vie. J’étais mon propre exemple, cela m’a servi.
Justement, pensez-vous que Déborah Hassoun, directrice de collection de « Skam » s’inspire de ce que vous êtes en tant qu’acteurs et actrices pour étoffer les personnages ?
Je ne sais pas pour les autres acteurs et actrices. Je pense définitivement qu’à force de nous voir jouer à chaque saison, de nous connaître au fil des années, elle sait pour qui elle écrit. Elle sait avec qui elle compose. Elle arrive, je suppose, à mettre des petites choses de nous parce qu’elle s’inspire de ce qu’on émane en tant qu’humains et humaines. Mais de là à faire un calque de nos vies, non ! J’ai l’impression que notre génération dans Skam a beaucoup été écrite à partir de ce que l’on renvoyait en tant qu’acteurs et actrices. La première saison avec la nouvelle MIF a été écrite après le casting, à partir de l’image qu’on représentait. C’est donc une interprétation de qui on est.
J’ai l’impression que l’environnement, la coiffure et les tenues de Maya transcrivent les émotions qu’elle n’arrive pas à exprimer, en avez-vous parlé avec la réalisatrice Shirley Monsarrat ?
C’était à la base une envie de Shirley Monsarrat. Au fur et à mesure, des répétitions et du tournage, la réalisatrice s’est rendu compte que les cheveux longs et noirs allaient mieux avec le personnage, son style vestimentaire est devenu plus sobre avec des lignes plus droites. Cela assombrit.
Avec deux femmes aux manettes, Déborah Hassoun à l’écriture et Shirley Monsarrat à la réalisation, sentez-vous que « Skam France » a une nouvelle sensibilité ?
Peut-être, probablement. David Hourrègues a dû longtemps respecter le format norvégien, il n’était pas libre à 100 %. Et il l’a très bien fait. Je connais beaucoup plus le travail de Shirley Monsarrat, j’ai été beaucoup plus sous sa direction que celle de David Hourrègues. Mais, le peu de fois où j’ai pu travailler avec lui en saison 6, j’ai trouvé qu’il était un chef d’orchestre formidable ! En étant une femme dans notre société actuelle et concernée par l’engagement et toute la communauté queer, c’est vrai que je ressens toujours qu’on a besoin d’être racontés par des femmes ou des personnes qui ne sont pas cisgenres et masculines. Je pense que de nombreuses personnes ressentent la même chose.
Maya est toujours très impliquée dans l’écologie et la sauvegarde de la planète, on la voit notamment protester contre la « fast fashion », est-ce un combat qui vous touche ?
Oui, évidemment, ce thème me touche. Je suis très engagée sur ces questions, comme toute ma génération d’ailleurs, c’est notre vie future qui est en jeu, non ?
Qu’est-ce que « Skam » a changé dans votre vie ?
Je ne sais pas. Je pense que je m’en rendrais compte plus tard. Je suis encore trop dedans. Je ne réalise pas encore que cela fait déjà trois ans que je suis dessus. Chaque année, on revient comme si c’était normal, en mode rentrée des classes. Il y a ce truc-là d’habitude. Dans la vie de tous les jours, je sors assez rarement de chez moi, je suis un peu un ermite. Je ne vois pas vraiment la réaction des gens. Du coup, cela ne change pas grand-chose à ma vie. Mais Skam m’a permis de rencontrer des gens formidables, d’apprendre plein de choses et de m’intéresser à des thèmes qui ne seraient pas présentés à moi autrement.
« Skam » vous a-t-elle ouvert des portes professionnellement ? Vous avez d’autres projets ?
Certainement, même si on ne vient pas me voir en me disant : « Tu passes un casting grâce à « Skam » ». Mais cela en découle, c’est sûr. Prochainement, on va me voir dans une série de David Perrault, Endless Night, une coproduction franco-belge qui sortira sur
Netflix en 2022 et un film de Nicolas Giraud, L’Astronaute, qui devrait sortir fin septembre début octobre.
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