Sam Ryder, star de TikTok, n’est « pas intéressé par la coolitude »
- There’s Nothing but Space, Man, premier album solo de Sam Ryder, sort ce vendredi 9 décembre.
- « Toute l’année a été un enchaînement d’opportunités inattendues », déclare à 20 Minutes, le chanteur britannique de 33 ans qui a fini deuxième de l’Eurovision en mai, a chanté au Jubilé d’Elizabeth II en juin, puis au Grand prix de Silverstone, avant de se produire à l’automne dans toute l’Europe. Le 31 décembre, il sera aux commandes du divertissement de la Saint-Sylvestre de la BBC.
- « Je ne ressens pas de pression mais une profonde gratitude, assure-t-il également. Sortir un album signifie que je génère suffisamment d’intérêt pour que cela me le permette. Il y a dix ou quinze ans, il n’y aurait pas eu grand monde pour l’acheter. »
Si vous avez suivi l’Eurovision au printemps, vous avez sans doute vu Sam Ryder, s’envoler, dans sa combinaison noire et argentée, vers la deuxième place du classement final pour le Royaume-Uni avec Space Man. Ou peut-être l’avez-vous aperçu lors des retransmissions du Jubilé de platine de la reine Elizabeth II, en direct de Buckingham Palace, en juin, où il a interprété une version réorchestrée de sa chanson. Ou bien, c’est en regardant le Grand prix de Silverstone, en juillet, que vous avez fait sa connaissance : il y a chanté le God Save The Queen en ouverture de la compétition. Ou alors vous êtes l’un des 14 millions d’abonnés de son compte TikTok où il a percé lors du premier confinement, il y a deux ans, en postant des reprises excellentes… Autre éventualité, vous ignoriez jusque-là l’existence de ce blond chevelu de 33 ans, au sourire inamovible, et, dans ce cas, la sortie de son premier album, There’s Nothing but Space, Man !, ce vendredi, est une parfaite occasion de découvrir l’étendue de son talent. 20 Minutes s’est entretenu avec cet artiste attachant.
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Comment décririez-vous, sur le plan personnel, les derniers mois écoulé ?
Ils ont été plutôt intenses (il éclate de rire). Toute l’année a été un enchaînement d’opportunités inattendues. Cela a été une bénédiction, une année magnifique partagée avec des gens fabuleux.
Chanter au Jubilé de la reine, en tant qu’artiste et en tant que Britannique, ça doit être quelque chose…
C’était évidemment le plus grand des honneurs d’être invité à chanter pour une occasion aussi importante. Voir, dans la foule, des gens de tous les âges, de tous les horizons, brandir l’Union Jack [le drapeau britannique] en célébrant la diversité du pays m’a donné le sentiment d’une réelle unité. Etre témoin d’un moment d’union comme celui-là, notamment dans un monde où tant de choses s’effondrent, était stupéfiant.
En juillet, vous avez chanté l’hymne britannique au Grand prix de Silverstone… Vous vous êtes dit que, ça y est, votre vie avait complètement changé ?
Oui, complément. Tous ces moments se sont succédé, quand l’un finissait, un autre m’était proposé… C’était aussi une leçon pour apprendre à garder les pieds sur terre parce que ce genre de choses ne peuvent pas durer éternellement. On les vit à fond, mais on garde à l’esprit qu’il ne faut pas les prendre comme des validations. Il faut les savourer comme une expérience à vivre et livrer son meilleur travail en espérant que cela mène à une carrière réussie.
Quel regard portez-vous aujourd’hui sur vos jeunes années de musicien. En 2006, à 17 ans, vous faisiez partie du groupe The Morning After que vous aviez cocréé…
Oui, The Morning After a été mon groupe principal. A l’époque, j’ai entendu beaucoup de chansons horribles (rires), mais j’ai aussi appris beaucoup, notamment sur ce que la musique signifiait alors pour moi. J’essayais de suivre un chemin balisé par d’autres personnes qui racontaient leurs histoires. Aujourd’hui, avec la carrière que j’essaie de forger, je veux suivre ma propre voie et savourer la joie que la musique me donne. Je veux me connecter avec les gens et me livrer à cœur ouvert. Je ne suis plus intéressé par la coolitude.
Dans les années 2010, quand vous alliez travailler sur les chantiers avec votre père, puis quand vous avez ouvert un bar à jus de fruits vegan avec votre compagne, vous vous êtes dit que votre rêve de faire carrière dans la musique était inaccessible ?
Je ne l’ai jamais pensé. Mais je pensais en être plus éloigné que je ne l’étais réellement. Tout cela m’a enseigné une autre leçon : on ne sait jamais quand on approche la concrétisation d’un objectif. Tout peut changer du jour au lendemain. Je ne dirais pas que j’ai eu du succès du jour au lendemain mais plutôt qu’il y a eu un changement soudain. Pendant une dizaine d’années, j’ai joué de la musique uniquement pour moi ou presque, c’est long, surtout quand on doit garder l’espoir et la flamme. Mais je n’ai jamais abandonné. Je me suis accroché parce que je savais qu’au final, que je devienne célèbre ou pas, je ferais de la musique car c’est ce qui me procurait du plaisir.
Durant cette période, vous étiez régulièrement engagé pour chanter à des mariages. C’est une bonne école ? Si on arrive à se mettre les convives d’un mariage dans la poche, alors on pourra séduire n’importe quel public ?
Parfois, il n’est pas possible d’embarquer l’assistance d’un mariage parce que, et ce n’est pas forcément une mauvaise chose, personne ne se soucie de vous. Vous êtes juste là pour fournir une atmosphère musicale, les gens ne sont pas venus pour voir un groupe mais les membres de leur famille. L’école des bals de mariage m’a appris à ne pas chercher une validation dans les applaudissements après avoir chanté une chanson parce que, la plupart du temps, il n’y en aura aucun, c’est à peine si les gens s’aperçoivent que vous avez fini un morceau. Alors vous essayez de vous amuser à vous impressionner vous-même. C’est-à-dire que vous chantez pour vous faire du bien et vous dire ensuite : « Super, tu as tout défoncé, tu as fait du bon boulot. » C’est ce qu’il faut faire parce que la validation, au final, c’est la musique qui vous la donne. Quand on est jeune, on fait les choses en pensant à la réaction des gens. On veut qu’ils nous disent : « C’était fantastique, la meilleure chanson que j’ai jamais entendue ». Mais si vous n’avez pas besoin de ça, vous avez un super-pouvoir : vous pouvez suivre votre cœur et tracer votre chemin.
Vous parliez tout à l’heure d’un changement soudain dans votre parcours. C’était il y a deux ans, quand vous avez créé votre compte sur TikTok…
Cette période dramatique m’a mené à une opportunité que beaucoup n’ont pas eue. J’ai la chance de vivre dans une maison avec un cabanon dans le jardin alors que la plupart de mes potes qui chantaient dans leurs appartements toute la journée finissaient par taper sur les nerfs de leurs voisins. J’étais confiné, tous les mariages étaient annulés et il m’a fallu trouver quelque chose pour continuer. Alors, j’allais chanter dans un coin de mon cabanon et je postais mes vidéos sur TikTok. J’ai pris un chemin différent, essayé quelque chose de nouveau plutôt que de refaire encore et toujours les mêmes choses que tant d’autres ont déjà faites. Une fois que je suis sorti de ma propre ombre, les planètes se sont alignées et voici où j’en suis aujourd’hui.
C’est en partie grâce à votre succès sur TikTok que vous vous êtes retrouvé à représenter le Royaume-Uni à l’Eurovision en mai. Votre deuxième place a mis fin à une série de résultats calamiteux de vos compatriotes… Vous avez le sentiment d’avoir réconcilié votre pays avec le concours ?
Avec toute l’équipe qui m’a entourée sur le projet, on s’est engagé à fond dans l’Eurovision pour livrer la meilleure performance, sans nous soucier du classement final. Finir deuxième a été du bonus. C’était inattendu, car tout ne relevait pas de notre contrôle. Ce sur quoi on avait prise était notre attitude pendant tout le processus. Je ne sais pas si j’ai réconcilié les Britanniques avec l’Eurovision, je ne suis pas dans leurs têtes. Mais je n’ai jamais souscrit à l’idée que nous, les Britanniques, n’étions pas aimés en Europe. Mon expérience m’a prouvé que ce n’était effectivement pas le cas.
Les mauvais résultats des années passées n’avaient donc rien à voir avec le Brexit ?
On blâme trop vite le contexte politique quand les choses ne se passent pas comme on le voudrait. Etre négatifs en disant : « On est toujours derniers parce qu’on ne nous aime pas » est une réaction habituelle. En Angleterre, on fait la même chose avec la météo alors que le temps n’est pas si horrible (rires). On continue, tous les jours, à se répéter qu’il pleut tout le temps, et on finit par s’en convaincre.
L’Eurovision 2023 se tiendra à Liverpool. Vous serez impliqué dans l’organisation ou dans le spectacle ?
Je ne sais pas, je ne peux rien confirmer ou infirmer, mais j’aimerais y être. J’adorerais voir le spectacle.
Dans quel état êtes-vous alors que votre premier album solo s’apprête à sortir ?
Je ne ressens pas de pression mais une profonde gratitude. Sortir un album signifie que je génère suffisamment d’intérêt pour que cela me le permette. Il y a dix ou quinze ans, il n’y aurait pas eu grand monde pour l’acheter (rires). Je ne prends jamais rien comme acquis.
Que voudriez-vous inspirer, à travers vos chansons, aux personnes qui les écouteront ?
J’aimerais que les gens écoutent l’album en se disant qu’il y a toujours un moyen pour trouver la foi et de l’espoir. Tous les projets ne se concrétisent pas forcément, mais ce n’est pas cela qui doit définir la joie, la raison d’être, la légitimité ou l’épanouissement d’une personne. J’en ai fait l’expérience. Avant que tout ce qui m’arrive commence, j’ai, pendant des années, connu des bonheurs et des accomplissements. La validation et la légitimité ne se trouvent pas dans la notoriété ou parce que l’on vous demande des selfies dans la rue. Ce n’est pas ça la source du bonheur.
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