Rupture d'anévrisme : les symptômes qui doivent alerter
- L’anévrisme intracrânien, une affection soudaine qui concerne plutôt les femmes
- Les possibles signes avant-coureurs de la rupture d’anévrisme
- Les symptômes de la rupture d’anévrisme
- De multiples causes peuvent entraîner une rupture d’anévrisme
- Anévrismes : des traitements existent
- Les personnalités qui ont témoigné de leurs ruptures d’anévrisme
En 2011, alors qu’Emilia Clarke vient de terminer le tournage de la première saison de Game of Thrones, en plein entraînement de sport, elle sent apparaître “un violent mal de tête” puis “un brouillard d’inconscience” : elle était alors victime d’une rupture d’anévrisme.
Cette affection consiste en la complication – par une fissure – d’un anévrisme déjà existant. Un anévrisme est une dilatation localisée d’une paroi d’une artère, « à l’image d’une hernie sur une chambre à air de vélo », qui est largement présent dans la population, nous informe le professeur Vincent Costalat, chef de service de Neuroradiologie Diagnostique et Interventionnelle au CHU de Montpellier.
Heureusement, la rupture reste un élément rare et survient lorsque l’anévrisme se fissure, entrainant un saignement cérébral (ou une hémorragie cérébrale) assorti d’un risque de décès très élevé.
“Entre 2 et 6% de la population possède un anévrisme intracrânien mais seulement 0,5% d’entre eux sont victimes d’une rupture”, informe le neuroradiologue.
Et si les anévrismes sont largement silencieux, il existe certains signes avant-coureurs pouvant parfois alerter sur une situation de pré-rupture.
L’anévrisme intracrânien, une affection soudaine qui concerne plutôt les femmes
Il existe en médecine trois types d’anévrismes très différents – intracrânien, de l’aorte abdominale et situés au niveau du cœur – et chacun possède ses propres symptômes et ses propres causes. Quand on parle de « rupture d’anévrisme », on fait généralement référence aux ruptures d’anévrismes intracrâniens, ou cérébraux.
À noter que si les ruptures d’anévrismes de l’aorte abdominale concernent un public mixte et plutôt âgé, les ruptures d’anévrismes intracrâniens touchent, eux, en grande majorité les femmes jeunes, avec un pic à 40 ans.
“C’est une pathologie très triste, car elle touche des sujets jeunes, avec un travail, une famille, une vie active… Mais on note une grande prévalence de la femme dans les situations de rupture d’anévrisme intracrânien. Ces dernières connaissent un pic de rupture autour de 40 ans puis de 60 ans”, témoigne Vincent Costalat.
Une étude, publiée le 5 janvier 2022 dans la revue scientifique Stroke, avait effectivement démontré que les femmes étaient plus touchées par les ruptures d’anévrismes intracrâniens. En effet, selon les données de cette étude, 66% des cas concernaient des femmes, âgées en moyenne de 62 ans.
La rupture d’anévrisme ne concerne qu’1 Français.e sur 10 000 chaque année, toutefois, comme le pointe le chef de service, “30% des gens victimes d’une rupture d’anévrisme décèdent avant même d’arriver à l’hôpital”.
Et lorsque que les victimes survivent, 30% d’entre elles garderont des séquelles graves, allant de la perte de mémoire à la perte de l’usage de la parole, en passant par une possible perte de mobilité des membres.
Les possibles signes avant-coureurs de la rupture d’anévrisme
Bien que l’apparition d’un anévrisme puisse être asymptomatique, et rendre très compliquée la prévention de cet accident, certains signes peuvent néanmoins alerter.
Lorsque l’anévrisme commence à saigner par petites gouttes – on nomme cela le syndrome fissuraire – l’individu peut ressentir les premiers symptômes.
“Avec des céphalées très brutales, des douleurs d’un côté du visage, une paralysie d’un œil, une paupière qui tombe, une vision dédoublée… », énumère Vincent Costalat.
« Malheureusement la plupart du temps, il n’y a pas de signes précédant la rupture », explique-t-il.
Les symptômes de la rupture d’anévrisme
Si elle est difficile à déceler en amont, il faut pouvoir reconnaître les symptômes quand elle se produit pour une prise en charge rapide.
Lorsque la rupture d’anévrisme intracrânien se produit, la douleur est immense. “C’est un coup d’éclair dans un ciel calme, illustre le professeur, qui ajoute que « même ceux qui ont des migraines quotidiennement comprennent, si cela leur arrive, que la douleur est bien plus intense que tout ce qu’ils ont connu. »
Une céphalée extrêmement brutale et anormale est donc le premier signe qu’un anévrisme est en train de se rompre ou vient de se rompre. D’autres symptômes plus ou moins graves peuvent l’accompagner : « La rupture peut également engendrer une crise d’épilepsie, une perte de connaissance, une nuque très raide et même une perte de souplesse dans les jambes », liste le neuroradiologue.
De multiples causes peuvent entraîner une rupture d’anévrisme
Si elle est extrêmement difficile à repérer précocement, les causes pouvant l’entraîner sont nombreuses.
Tout ce qui peut fragiliser les vaisseaux et créer un anévrisme peut logiquement également causer sa rupture : “Le tabac est en première position de cause de rupture d’anévrisme”, révèle Vincent Costalat. Une étude parue en novembre 2021 au sein du Journal of the American Heart Association révélait que “le risque d’anévrisme intracrânien était environ trois fois plus élevé chez les fumeurs que chez les non-fumeurs.”
En seconde position, c’est l’hypertension artérielle qui cause l’apparition d’anévrismes mais aussi leurs ruptures, nous informe le neuroradiologue. C’est parce qu’elle entraîne une grande fragilité des artères en mettant une pression excessive sur les vaisseaux, qu’elle engendre ces troubles.
L’étude publiée dans la revue scientifique Stroke en janvier 2022 mentionnée plus haut, dévoilait d’ailleurs que “le risque d’anévrisme intracrânien était presque trois fois plus élevé pour chaque augmentation de 10 mm Hg de la pression artérielle diastolique.”
En troisième position, les antécédents familiaux d’anévrismes causent l’apparition d’anévrismes chez certain.es patient.es puis leur possible rupture. Il est donc nécessaire d’effectuer un IRM lorsqu’on connaît, dans notre famille, un antécédent d’anévrisme.
L’âge reste également un facteur de risque important pour développer des anévrismes. Plus nos artères vieillissent, moins elles deviennent flexibles et élastiques. Les vaisseaux deviennent alors durs, épais et perdent de leur souplesse. Ils sont donc plus fragiles et ont plus de risques de se dilater.
Anévrismes : des traitements existent
Si l’anévrisme intracrânien est détecté – souvent par hasard avec un IRM ou un scanner – avant de se rompre, des techniques médicales existent pour lui permettre de ne pas engendrer une grave hémorragie cérébrale.
Par exemple, dans le service du neuroradiologue Vincent Costalat, l’équipe utilise un traitement préventif. En entrant par le poignet – ou dans la cuisse selon les techniques – le médecin se rend, à l’aide d’un tuyau, jusqu’à l’anévrisme et réussit à le boucher. Ainsi, le ou la patiente concerné.e pourra continuer à vivre normalement.
C’est un traitement appelé endovasculaire, ou par embolisation, utilisé dans la majorité des cas pour éviter la chirurgie, beaucoup plus invasive. Cette dernière consiste, elle, à clipper l’anévrisme.
Malheureusement, lorsque l’anévrisme intracrânien s’est rompu et entraîne une hémorragie cérébrale, il est nécessaire de le traiter pour qu’il ne ressaigne pas à nouveau. Des soins visant à limiter les séquelles liées à l’hémorragie sont également mis en place par les médecins.
Après l’opération, des mois de rééducation sont souvent nécessaires si les fonctions motrices ou cognitives ont été endommagées par l’hémorragie cérébrale.
Pour éviter d’en passer par là et pour prévenir les ruptures d’anévrismes, Vincent Costalat conseille de soigner son hygiène de vie. Cela passe par une alimentation équilibrée, une activité physique régulière ainsi que par une limitation de la consommation de tabac et d’alcool.
Les personnalités qui ont témoigné de leurs ruptures d’anévrisme
Bien que cette affection reste plutôt rare, de nombreuses personnalités publiques ont déjà témoigné avoir été victimes de ruptures d’anévrismes intracrâniens.
En mars 2019, Emilia Clarke, actrice incontournable de Game of Thrones, publiait une tribune dans le New Yorker et racontait comment elle avait survécu à deux ruptures d’anévrismes intracrâniens.
Si l’actrice a pu être soignée grâce à des opérations au cerveau et qu’elle n’en garde pas de graves séquelles, elle évoque des « signes avant-coureurs » passés qui auraient dû l’alerter. “De temps en temps, j’avais des vertiges et je m’évanouissais. Quand j’avais quatorze ans, j’ai eu une migraine qui m’a gardée au lit pendant quelques jours, et à l’école de théâtre, je m’effondrais de temps en temps […] Maintenant, je pense que j’ai peut-être ressenti des signes avant-coureurs de ce qui allait arriver.”
Et elle n’est pas la seule. L’actrice Sharon Stone a elle aussi raconté, en décembre 2014 au Hollywood Reporter, les multiples dégâts qu’a causés sa rupture d’anévrisme sur sa carrière, à cette époque en pleine expansion, et sur sa vie.
« Mon cerveau a saigné durant neuf jours. J’ai passé deux ans à réapprendre à marcher et à parler. Après cet accident, je suis rentrée chez moi, et je n’ai rien pu lire pendant deux ans. J’étais en soins intensifs durant neuf jours et mes chances de survie étaient très faibles. »
D’après le neuroradiologue Vincent Costalat, la prochaine étape est maintenant de trouver de nouvelles façons de détecter précocement les anévrismes à risque de rupture, grâce à la génétique ou à l’imagerie, et les traiter avant que ces derniers ne se rompent.
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