Retard de langage : faut-il s’inquiéter s’il ne parle pas encore ?
Notre langue étant riche et difficile à apprendre, l’acquisition du langage peut se faire plus ou moins vite selon les enfants. Comment l’aider à stimuler sa parole ? Quels peuvent être les causes d’un retard de langage ? A quel âge consulter ? Réponses du Dr Jacques Langue, neuro-pédiatre.
A quel âge bébé parle-t-il ?
Toutes les mamans ont hâte que leur enfant se mette à parler mais l’acquisition du langage demande beaucoup de patience. Heureusement, avant de savoir former des phrases, bébé va déjà pouvoir exprimer beaucoup de choses grâce à ses premiers mots.
Comment s’explique un retard de langage ?
Un retard de langage doit obligatoirement faire vérifier la qualité de l’audition de l’enfant.
Alors que certains enfants sont capables de formuler des phrases construites, d’autres ont un langage plus rudimentaire. Comment l’expliquer ? Les variations d’acquisition du langage peuvent être d’ordre familial : « on retrouve souvent un profil développemental propre à une fratrie dans laquelle on peut remarquer une différence d’acquisition de la marche par exemple ou du langage« , précise le Dr Langue. Également, des troubles de l’attachement ou des carences psychoaffectives peuvent nuire à la communication. Dans tous les cas, un retard de langage doit nécessairement amener à faire vérifier la qualité de l’audition de l’enfant. Car si de plus en plus de dépistages de surdité sont réalisés à la naissance, un certain nombre de surdités d’origine génétique ne sont pas forcément congénitales : une surdité d’origine génétique peut se développer chez un enfant qui entend normalement à la naissance. Par ailleurs, après les 2 ans de l’enfant, peuvent se développer des otites séro-muqueuses ou chroniques (otites à bas bruit et non douloureuses) qui peuvent entraîner une diminution de l’audition (appelée hypoacousie) et des difficultés dans l’apprentissage du langage. Par ailleurs, le retard de langage peut être la conséquence d’un trouble de la communication et de la relation, de type autistique. « Dans ce cas, le retard de langage est inclus dans un retard de communication beaucoup plus global et s’accompagne de difficultés à échanger verbalement et par voie visuelle« , précise le neuro-pédiatre. De la même façon, toutes les maladies du développement neurologique peuvent s’accompagner d’un retard du langage. Enfin, le retard du langage peut avoir une origine culturelle, « lorsque les parents de l’enfant ne possèdent pas correctement leur propre langue ou la langue du pays qui les accueille », précise-t-il.
Retard ou trouble du langage ?Le retard et le trouble sont deux anomalies du langage bien distinctes : le retard est un décalage de l’acquisition du langage destiné à être rattrapé avant l’entrée en primaire, tandis que le trouble ne pourra pas être rattrapé sans une prise en charge et une rééducation intensive. « Ce sont donc deux niveaux différents« , résume le spécialiste. Si l’enfant ne fait pas de gestes pour communiquer ou a un défaut de babillage (à 12 mois), qu’il ne comprend pas les consignes simples (à 15 mois), qu’il utilise très peu de mots (à 24 mois), qu’il n’est pas capable de faire des phrases courtes et simples ou qu’il mélange plusieurs sons (à 3 ans) ou encore, qu’il ne parvient pas à formuler des phrases avec une syntaxe correcte (à 4 ans), il présente peut-être un retard de langage. Rassurez-vous, un retard simple, pris en charge à temps, est temporaire et peut être corrigé par une prise en charge en orthophonie. En revanche, si le problème persiste jusqu’à 5 ou 6 ans, que la parole de l’enfant est décousue, que son élocution n’est pas bonne, qu’il fait des erreurs de vocabulaire, qu’il ne saisit pas les nuances ou le second degré, qu’il a tendance à chercher ses mots ou qu’il fait des erreurs de syntaxe, il peut s’agir d’un trouble du langage. Ce dernier pourra parfois être accompagné d’autres troubles comme des difficultés émotionnelles ou un manque de repères spatio-temporels. Il est souvent diagnostiqué par un bilan orthophonique et nécessite de réaliser un bilan ORL, une évaluation de l’audition et un bilan neuropsychologique afin de vérifier qu’il n’y a pas de troubles associés (hyperactivité, déficience mentale, troubles autistiques…). |
Comment repérer les troubles des apprentissages chez l’enfant ?
Un dépistage précoce et pluridisciplinaire est indispensable pour orienter les enfants souffrant de troubles de l’apprentissage vers le bon spécialiste. Entretien avec le Dr Willig, pédiatre et membre du groupe de recherche « Troubles des apprentissages ».
Retard de langage : à qui en parler ?
En cas d’inquiétude, le mieux est d’en discuter avec son pédiatre ou son médecin traitant qui pourra alors dépister un éventuel retard de langage avant de prescrire, si nécessaire, des séances en orthophonie. Le médecin pourra également vous diriger vers un médecin ORL s’il a un doute sur la bonne audition de votre enfant. Après un diagnostic précis, et selon le problème et le profil de l’enfant, le médecin vous proposera une prise en charge adaptée : elle pourra se faire à l’aide d’un(e) orthophoniste, mais aussi à l’aide d’un(e) psychologue ou d’un(e) pédopsychiatre si l’origine du trouble est psychologique ou si l’enfant présente un défaut de communication globale. Le Dr Langue rappelle également qu’un enfant porteur d’un retard de langage et présentant des troubles autistiques aura une prise en charge différente d’un enfant présentant un retard de langage simple.
À quel âge consulter ?
« N’hésitez pas à consulter en orthophonie dès l’âge de deux ans si votre enfant semble présenter un retard de langage important« , préconise le pédiatre. L’orthophoniste ne prendra pas nécessairement votre enfant en charge, mais pourra vous donner des conseils de guidance et vous expliquer comment parler à votre enfant. « À partir de 3 ans, l’enfant est capable de suivre une rééducation en orthophonie. Généralement, une séance par semaine est suffisante, voire deux si le retard de langage est important« , précise-t-il.
Comment l’aider à stimuler son langage au quotidien ?
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Pour encourager votre enfant à s’exprimer, échangez avec lui, en lui faisant répéter des sons, en nommant des objets situés devant lui ou en faisant des gestes… Placez-vous à sa hauteur de façon à le regarder dans les yeux lorsqu’il parle et montrez-vous disponible lorsqu’il tente de communiquer (gestes, balbutiements…) : il verra qu’il arrive à capter votre attention et sera plus à l’aise pour s’exprimer. Aussi, laissez-lui le temps de choisir ses mots et de comprendre ce que vous dites : pour cela, faites des pauses, parlez lentement, répétez si besoin, parlez plus fort, laissez-lui le temps d’interagir… Car oui, « lors d’un échange, le tour de parole se respecte et ce, même avec un nourrisson qui ne parle pas encore« , précise le spécialiste. Les chansons et les histoires sont idéales pour échanger en tête-à-tête : écouter des comptines et regarder des livres ensemble lui permettra d’apprendre de nouveaux mots de vocabulaire sans pression et sans avoir l’impression d’être « contraint ». Aussi, essayez d’être le plus expressif possible, en racontant ce que vous faites, en lui posant des questions, en utilisant un vocabulaire varié et en jouant avec l’intonation de voix. En effet, le langage doit toujours s’accompagner de signes visuels et de gestes qui permettent de faire passer un message. Autrement dit, le langage « doit être illustré dès le plus jeune âge, bien avant que le bébé ne parle : ce dernier est en effet capable de comprendre ce qui lui est dit avant de pouvoir s’exprimer« . Enfin, invitez-le à communiquer régulièrement avec d’autres enfants de son âge et organisez des activités stimulantes (musées, zoo, parcs d’attraction, cinéma, expos…).
Chuintements, zozotements : que faire ?
Les difficultés à prononcer les « s » et les « ch » sont fréquentes et considérées comme normales jusqu’à la perte des dents de lait. Que faire si ces troubles du langage persistent ? On fait le point avec Françoise Garcia, orthophoniste et vice-présidente de la Fédération nationale des orthophonistes.
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