Reconversion professionnelle : 5 architectes d’intérieur nous livrent leur parcours

  • Des questionnements qui font écho à l’actualité
  • Devenir architecte d’intérieur en reconversion professionnelle

Lectrices et lecteurs de Marie Claire Maison, passionnés de décoration n’avez-vous jamais déjà rêvé d’en faire votre métier ? Devenir architecte d’intérieur, faire de la décoration votre quotidien. 

Se réinventer professionnellement est une idée qui séduit de plus en plus. Selon un sondage réalisé en partenariat avec le CSA en janvier 2021 auprès de 1600 actifs français, un actif sur cinq est actuellement dans « un processus de reconversion professionnelle.* Faire toute sa vie le même métier est désormais révolu. Au même titre que l’on change d’entreprise, on peut désormais changer de métier. Mais il n’est pas toujours évident de se réinventer sans passer par la case formation. Une idée maintenant possible et accessible avec les formations proposées spécialement pour se reconvertir après une première vie professionnelle. Ces formations – pour certaines éligibles au CPF – esquissent la possibilité d’un nouvel avenir professionnel. 

Des questionnements qui font écho à l’actualité

La récente pandémie a également rebattu les cartes et nous a fait repenser notre bien-être au travail, mais aussi la définition que l’on mettait derrière le mot travail. En parallèle de ça, les confinements à répétition et le télétravail largement démocratisé nous ont poussés à revoir notre habitation. Certains ont développé un intérêt très fort pour la décoration et la nécéssité de se composer un intérieur confort, esthétique et surtout en accord avec leur mode de vie. Faire un nouveau métier, se réinventer et faire de sa passion pour la décoration, une activité professionnelle, c’est donc envisageable !

Devenir architecte d’intérieur en reconversion professionnelle

Perte de sens dans le travail ou encore urgence de découvrir un nouveau métier, ces 5 architectes d’intérieur ont sauté le pas de la reconversion professionnelle. Formées à l’École Boulle en partenariat avec le GRETA, au LISAA ou encore au CREAD, ces architectes d’intérieur sont retournées des années après sur les bancs de l’école pour apprendre les bases et notions indispensables au métier d’architecte d’intérieur. Un métier connu pour être technique, dont certaines notions nécessitent une grande méthodologie et des connaissances très précises (mesures de passage, écartement sanitaire, électricité, plomberie…) mais aussi des apprentissages plus récents via des logiciels de 3D et de construction de plans professionnels tels que SketchUp ou encore AutoCad. Des compétences qui ne s’apprennent pas seul ou alors difficilement. Les formations proposées – pour la plupart à temps plein – permettent de se consacrer pleinement à cet apprentissage et de sortir avec une solide formation donnée par des professionnels du milieu. 

Quelles formations d’architecte d’intérieur choisir ? Comment financer cette formation ? Comment se lancer en tant qu’architecte d’intérieur ? Comment en vivre ? 5 architectes d’intérieur ont répondu à nos questions.

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*source Le Point, février 2021

Caroline Andréoni

  • Pouvez-vous présenter en quelques mots et nous expliquer votre précédent métier et ce qui vous a poussé à changer de voie professionnelle ? Quel a été le déclic ? 

Je m’appelle Caroline Andréoni, j’ai 41 ans, maman de 2 petites filles de 3 et 5 ans. J’ai grandi dans une famille d’artistes et de bâtisseurs et naturellement, je me suis orientée vers un cursus artistique. Après mes études, j’ai décidé de travailler dans l’immobilier. Très vite, j’ai ouvert mon agence immobilière à Nice et ai exercé ce métier pendant 10 ans. Lors des visites, je conseillais souvent mes clients sur les aménagements à faire pour optimiser leurs intérieurs. Je voyais tout de suite le potentiel des lieux que je visitais et avec le temps, je me suis forgé un vrai œil d’expert. Mais j’étais frustrée de ne pas pouvoir plus m’impliquer dans les rénovations des biens que je vendais. J’aimais le côté commercial, mais il me manquait le côté plus créatif, artistique. 

À 30 ans, j’ai décidé de tout plaquer, rentrer à Paris et reprendre mes études pour me former au métier d’architecte d’intérieur.

  • Quelle formation avez-vous suivie ? Comment l’avez-vous trouvée ? Comment l’avez-vous financée ?  

Une amie m’a conseillé de suivre le cursus de l’École Boulle avec le GRETA que j’ai financé en fonds propres. J’ai foncé, enthousiasmé par l’idée de faire autre chose et de renouer avec mes premiers amours.

  • Pouvez-vous nous parler de la formation ? Quelles ont été les contraintes et ou difficultés rencontrées ? Qu’est-ce qui vous a le plus plu ? 

Se retrouver sur les bancs de l’école à 33 ans, c’est particulier, mais j’ai adoré retrouver mon carnet et mes crayons ! Les cours de perspectives, dessin et couleur, quel bonheur ! . En revanche, nous faisions à l’époque les plans à la main et j’avoue que j’étais assez perplexe de ne pas directement apprendre sur AutoCAD. La formation fut courte (6 mois, pour apprendre un nouveau métier, c’est quand même peu !) mais m’a beaucoup plu. Il me manquait néanmoins de l’expérience terrain.

Projet Foch – Caroline Andréoni

  • Pouvez-vous nous raconter le lancement de votre activité ? Comment avez-vous trouvé votre premier chantier ? Comment cela s’est passé ? 

En sortant de l’école, j’ai postulé à un nombre incalculable d’offres, j’ai contacté de nombreuses agences d’architecture parisiennes, mais je n’ai jamais été rappelé. N’ayant aucune expérience dans l’architecture d’intérieur, mon profil n’intéressait personne. J’ai eu l’énorme chance de pouvoir reprendre un chantier en cours dont le client n’était autre que l’acquéreur de l’appartement de mes grands-parents dans lequel 20 ans plus tôt, j’apprenais à dessiner avec mon grand-père. Incroyable non ? Au fur et à mesure, de petits projets en petits projets les clients m’ont fait confiance. Par un effet de bouche à oreille, on a commencé à me confier des projets des plus en plus importants. Je me suis mise à tout relayer sur les réseaux sociaux, ce qui m’a permis de me créer une communauté fidèle et de toucher de nouveaux clients. L’aventure était lancée… Instagram a clairement été et est encore aujourd’hui un outil indispensable pour faire connaître notre travail. 

Ma petite revanche suite à ma reconversion ? Je recrute essentiellement des décorateurs reconvertis au sein de l’agence. Ils ont une énergie et une créativité débordante, ne se prennent pas trop au sérieux, et ont des profils aux multiples casquettes. 

  • Comment se passe cette reconversion depuis ?

Bien, très bien même ! Aujourd’hui, nous sommes douze à l’agence et je ne regrette rien ! Certes, nous avons énormément de travail et les projets de rénovation réservent toujours leurs lots de surprises… Mais j’ai la chance d’avoir un carnet de commandes bien rempli et de pouvoir proposer de magnifiques projets de rénovation à mes clients. J’essaye de me challenger au maximum et de toujours proposer de nouvelles choses à mes clients, mais aussi à ma communauté qui me suis en ligne depuis sept ans ! 

Je souhaite rester accessible et continuer à travailler avec mon instinct, car pour l’instant, cela fonctionne plutôt bien !

  • Qu’est-ce que vous donneriez comme conseil aux personnes qui ont envie de se lancer ?

De croire en vous ! De faire des stages, car il n’y a que sur le terrain que l’on apprend ! Et d’être persévérante, car c’est un métier difficile, dans lequel il est dur de se faire respecter (surtout lorsqu’on est une femme !) et qui demande d’être extrêmement polyvalente : vous devez être à la fois créatif, commercial, opérationnel, soigner votre relation client, gérer votre propre communication, faire votre comptabilité, être un bon manager pour vos équipes… C’est un métier qui demande énormément d’énergie et qui n’offre pas beaucoup de répit mais qui procure un bonheur immense !

  • Quels sont vos prochains projets et objectifs ?

L’année 2022 est un vrai tournant pour notre agence : de beaux projets B2B, une ouverture à l’international, une série sur les aventures de l’agence et le lancement de notre marque de mobilier et d’objets de décoration ! Rendez-vous le 15 Mai sur notre site Internet pour y découvrir notre toute première collection ! Et sinon, après Caroline Andréoni design d’intérieur en 2014,Caroline Andréoni la Maison en 2022, on se donne rendez-vous en 2023 pour Caroline Andréoni l’Ecole ? Why not ! Stay tuned ! 

Constance Laurand

  • Pouvez-vous présenter en quelques mots et nous expliquer votre précédent métier et ce qui vous a poussé à changer de voie professionnelle ? Quel a été le déclic ? 

J’ai suivi une formation d’école de commerce et travaillé dans les médias pendant 18 ans. Toujours baigné dans l’univers de la déco, j’ai travaillé dans différents groupes de presse. J’ai fait des métiers différents et le dernier métier en date était dans une cellule créative d’un groupe de presse. J’ai eu envie de donner plus de sens à mon métier et je n’étais « mal heureuse » dans le métier que j’exerçais. J’ai donc quitté mon boulot et je suis partie à Lyon rejoindre mon mari. À l’aube de mes 40 ans, j’avais envie de donner du sens et l’arrivée à Lyon a précipité les choses. J’ai rénové notre appartement et là, j’ai eu le déclic : devenir architecte d’intérieur ! Mais je ne me voyais pas me lancer comme autodidacte, j’avais besoin de suivre une formation diplômante pour me donner une assise pour des potentiels clients. Pour démarcher des clients, j’avais besoin d’être rassurée par un diplôme.

À l’aube de mes 40 ans, j’avais envie de donner du sens, j’ai eu le déclic : devenir architecte d’intérieur !

  • Quelle formation avez-vous suivie ? Comment l’avez-vous trouvée ? Comment l’avez-vous financée ? 

J’ai cherché sur internet et j’ai trouvé une école à Lyon CREAD qui propose une formation de décorateur d’intérieur. Après quelques démarches – lettre de motivation, dossiers – j’ai été prise. Arrivée en décembre à Lyon, j’ai démarré la formation très rapidement au CREAD, établissement qui forme notamment des architectes d’intérieur. Au même moment, le CREAD a lancé une formation « Architecte d’intérieur » en reconversion professionnelle. J’en ai profité et j’ai donc enchaîné les deux formations pour me donner confiance et obtenir le diplôme. Soit six mois suivi de neufs mois, donc 2 ans. Quand on retourne à l’école à 40 ans, on se donne à 100%. J’ai financé à 50% par le Pôle Emploi et 50 % avec des fonds propres pour la formation décorateur tandis que la formation architect d’intérieur a été à 100% personnellement. 

Le métier d’architecte est très sérieux et nécessite des assurances obtenues uniquement si on est reconnu en tant qu’architecte. Quand on casse une cloison, la responsabilité est engagée. La formation donne des notions très techniques à connaître impérativement.

  • Pouvez-vous nous parler de la formation ? Quelles ont été les contraintes et ou difficultés rencontrées ? Qu’est-ce qui vous a le plus plu ? 

Durant la formation, la charge de travail est colossale, il faut être prêt à travailler tout le temps. Quand on se reconvertit, on a une famille, il faut que la personne qui vit avec vous vous suive dans votre projet et qu’elle accepte ces sacrifices. Le plus dur, c’est le moment dans l’entre deux : la peur ou le quête de sens. Je me suis donné 3 ans pour que cela fonctionne.

Il y a des matières qu’on aime plus que d’autres. J’ai adoré retourner à l’école ! Quand c’est quelque chose qu’on aime, l’approche n’a rien à voir, on est prêt à bosser, j’ai été transportée. Les logiciels type ArchiCad sont très difficiles, je me suis payée des cours d’e-learning pour compléter la formation. Plus on le pratique, plus on le comprend. 

Durant la formation, il faut être prêt à travailler tout le temps.

Projet Léon Constance Laurand

  • Pouvez-vous nous raconter le lancement de votre activité ? Comment avez-vous trouvé votre premier chantier ? Comment cela s’est passé ? 

J’ai fini les études en juillet, j’ai accouché au mois de novembre. Au mois de décembre, des amis qui m’ont proposé de rénover un plateau vide à Boulogne. Ce n’était pas le chantier le plus simple car tout était à faire, ma fille avait un mois mais j’ai accepté. C’était intense en émotions mais ça s’est très bien passé. C’était un très gros premier chantier ! Finalement ça m’a mis le pied à l’étrier pour ce type de projet : plan d’éléctricté, dessin des meubles, suivi de chantier, plan de plomberie… Mais ça m’a permis de me sentir plus confiante et d’être bien formée pour les autres ensuite. 

  • Comment se passe cette reconversion depuis ?

Ça ne s’est jamais arrêté depuis trois ans, mais je travaille beaucoup ! C’est un métier passion mais il ne faut pas oublier de garder du temps pour soi. Personne vous attend, donc ça rend humble ! Je ne connaissais personne, donc il fallait que je communique sur Instagram régulièrement. Avant j’aidais les marques à raconter une histoire, donc je suis familière avec ce milieu de storytelling. 

  • Qu’est-ce que vous donneriez comme conseil aux personnes qui ont envie de se lancer ? 

 Il faut vraiment croire en ses rêves et le faire avant qu’il soit trop tard ! Il était urgent de le faire quand j’avais 40 ans. Je ne m’en étais pas rendu compte – j’avais terriblement peur – que toutes les expériences professionnelles nous enrichissent. Tous les métiers que j’ai pu faire m’aident au quotidien, la communication, le marketing… ça m’aide beaucoup ! Je sais comment communiquer. 

Pour autant, l’architecture d’intérieur, c’est de la gestion de projet, d’hommes, du management, de la relation client… Il faut beaucoup écouter ses clients, j’ai besoin qu’ils me racontent comment ils vivent : s’ils aiment cuisiner, recevoir des amis. Il faut entrer dans leur univers. Je leur demande aussi quand même d’aller voir mon univers, mon compte Instagram,  mon site et si ça correspond avec leurs goûts. Il faut qu’ils adhèrent et qu’on s’entendent. S’ils n’aiment pas mon univers, on ne peut pas travailler. Les gens sont chez eux finalement et on se choisit tous les deux. 

Le bouche à oreille et Instagram m’amènent des clients et des gens qui me connaissent donnent mon nom. En terme de ressources, je gagne certes moins bien ma vie qu’avant mais je vais au boulot avec le sourire ! 

  • Quels sont vos prochains projets et objectifs ? 

L’année 2022 s’annonce bien, des projets lyonnais et parisiens, j’aime travailler sur deux villes. Ça me plaît et il faut avoir des bonnes équipes sur place. Je travaille avec une architecte d’intérieur et une stagiaire. Il faut parler autour de soi, rencontrer des entrepreneurs et des savoir-faire spécifiques, j’ai dû trouver une céramiste, une peintre de ciel… On trouve des artistes incroyables ! Les artisans ça se trouve, c’est pas facile mais ça se trouve au fur et à mesure avec les chantiers. Plus on travaille avec les mêmes, on se connait et ils connaissent nos exigences, le sens du détail.

Atelier Hans

  • Pouvez-vous présenter en quelques mots et nous expliquer votre précédent métier et ce qui vous a poussé à changer de voie professionnelle ? Quel a été le déclic ? 

J’ai travaillé pendant 15 dans la mode au sein du groupe LVMH, à des postes différents : développement business, achats, marketing…  Passionnée de mode mais aussi d’architecture et de décoration, j’aime regarder comment c’est chez les gens, comment ils vivent. Les intérieurs sont un révélateur de personnalité au même titre que les vêtements. Après 15 ans dans la mode, que j’ai adoré, j’avais envie d’explorer une autre facette de moi. On est dans une époque où on peut se réinventer, essayer un autre métier. Pour moi, ce sont des métiers connexes, similaires : deux métiers avec des matériaux, des couleurs, on part d’une idée, d’un concept. On raconte des histoires autant pour les collections de vêtements ou d’accessoires que la décoration d’un appartement, c’est la même idée du fil rouge.C’est intellectuellement semblable. Ce changement s’est donc fait dans la continuité et très naturellement. La recherche du Beau et de l’esthétisme est présente dans ces deux métiers. Les vêtements disent une chose de notre personnalité et les intérieurs aussi. Aussi, l’aspect humain me plait beaucoup, j’aime beaucoup les gens et échanger avec eux. Dans mon métier antérieur, j’étais côté business mais en contact avec la création. Maintenant j’explore plus la création qui elle-même est liée au business. Avant j’accompagnais la création, maintenant je pilote les deux côtés. 

La recherche du Beau et de l’esthétisme est présente dans ces deux métiers

  • Quelle formation avez-vous suivie ? Comment l’avez-vous trouvée ? Comment l’avez-vous financée ? 

Cela m’a longuement travaillé, j’ai acheté mon premier appart il y a dix ans que j’ai refait. J’aidais aussi des amis à repenser leur appart et leur déco que je faisais sur un bout de table. Et au bout d’un moment, vers 40 ans, je me suis dit “ça y est, je me lance !”. J’ai quitté mon entreprise et j’ai choisi de faire une formation au LISAA qui propose un programme en 1 an de design intérieur et décoration. C’est une formation courte et complète qui permet d’acquérir les bases et qui a l’avantage d’être intégrée dans une école d’architecture : les  interventions d’architectes en exercice ont une approche très concrète du métier et on dispose de tous les outils pour créer son agence par la suite. Une formation qui donne tous les outils clés en main : gestion de projet, aspect juridique.. C’est assez exhaustif. C’était nécéssaire pour moi de répondre à la question de la légitimité qui m’interrogeait et cela m’a permis d’asseoir cette dimension académique. Même si mes clients ne me demandent finalement pas mon diplôme, c’est rassurant. 

  • Pouvez-vous nous parler de la formation ? Quelles ont été les contraintes et ou difficultés rencontrées ? Qu’est-ce qui vous a le plus plu ? 

La formation a duré un an avec une partie cours et une partie stage. Ce sont vraiment des bases que l’on est amenés à approfondir en fonction des projets. Cela permet aussi de se constituer un réseau et l’école permet de se faire un réseau de pairs. C’est aussi à ce moment que l’on forme un nouveau cercle de collègues architectes avec qui on lie des amitiés professionnelles (aller ensemble aux salons, voir des expositions, se donner des conseils… ) J’allais en cours et je travaillais sur mes différents projets. C’était intense, un peu douloureux pour être honnête.  J’aime beaucoup travailler et j’avais besoin de sentir que les choses s’enchaînent. 

J’ai aimé le côté professionnalisation : 2 projets à rendre pendant l’année.  Un appartement à refaire avec un brief client. On apprend à travailler avec les différentes étapes archi. Finalement c’est une synthèse de toutes les notions qu’on apprend : brief, 1er plan, plan projeté, plan matérialisé.. On le transpose dans la réalité, comment on exprime ses idées, comment on le traduit pour les entreprises techniques (menuiseries, techniques, plomberie…) C’est une super manière d’apprendre. Les aspects juridiques de la profession ne sont pas forcément faciles à appréhender. On nous livre une version vulgarisée mais ces B.A. BA. sont indispensables. 

  • Pouvez-vous nous raconter le lancement de votre activité ? Comment avez-vous trouvé votre premier chantier ? Comment cela s’est passé ? 

Mon stage a été très intéressant et m’a permis de voir comment les autres font. En parallèle de la formation, j’ai tout de suite créé mon agence. J’aimais cumuler les deux et être confrontée directement au réel. J’ai pu avoir de l’aide juridique et technique. C’était très rassurant et on gagne beaucoup de temps. J’ai fait mon stage en agence avec des projets plus complexes. Cela m’a permis de rencontrer d’autres architectes et une mentor à contacter. Cela permet de se créer un cercle professionnel. 

Ça a commencé par des cercles de proches, d’amis qui m’ont confié leur rénovation. Des amis d’amis et ensuite Instagram, un outil assez puissant qui m’amène des clients complètement extérieurs. Maintenant c’est 50% bouche à oreille  50% Instagram. C’est une clientèle intéressante car ils viennent nous chercher pour notre style. Il y a des archi qui s’adaptent, mais je pense qu’inconsciemment ou sciemment on apporte un style, une patte. Le registre du beau est proche et la confrontation est fertile.

  • Comment se passe cette reconversion depuis ? 

Ça se passe bien, les projets s’enchaînent naturellement. Mon challenge est de tout gérer et de répondre à toutes les demandes.  Je me suis beaucoup investie et il faut équilibrer la vie pro et vie perso. Cette année, c’était plus un enjeu de structuration : apprendre toujours plus mais garder du temps perso. Je travaille maintenant avec une chef de projet et un stagiaire. L’expérience pro antérieure apporte et compte aussi en accélérateur sur différents aspects. On change de métier mais on crée une entreprise, c’est une double problématique. Mon bagage d’école de commerce m’a aussi beaucoup servi. 

Quand on crée une entreprise, on est seul. Après avoir travaillé 15 ans en entreprise, c’est pas évident d’être tout le temps seul et avoir des collègues, c’est bien de pouvoir échanger, se confronter et quelqu’un qui a un œil d’archi, c’est riche. J’aime beaucoup travailler en équipe, ça me nourrit. Il y a deux métiers, donc deux changements. J’ai préféré faire le grand saut, ça faisait vraiment partie de mon projet, j’avais envie de donner de la voix à cette partie créative que j’ai en moi (et mon passé dans la mode ne vient pas de nulle part). J’avais envie d’exprimer cette partie créative en moi. 

J’avais envie de donner de la voix à cette partie créative que j’ai en moi

  • Qu’est-ce que vous donneriez comme conseil aux personnes qui ont envie de se lancer ? 

Pour ma part, c’était un double enjeu : d’un côté le changement de métier et de l’autre, la création entreprise, qu’il ne faut pas oublier. Dans le métier d’architecte d’intérieur, il y a une vraie dimension créative et une autre business dans laquelle il faut être à l’aise.. Il ne faut pas sous-estimer cette part. Il y a beaucoup d’humain, de proximité, avec les entreprises, les clients. On rentre dans l’intimité des gens, c’est un vrai accompagnement. Il faut faire preuve d’un grande écoute, de psychologie. On ne s’y attend pas au début. C’est un vrai investissement émotionnel qui peut être aussi un peu flou, les gens ne se rendent pas compte que c’est un métier. 

Les relations professionnelles sont différentes et particulières car c’est lié à l’intime, il y a double critère d’entente et de personnalité. Mais on sent rapidement si ça va marcher. Il faut qu’une vraie connivence s’installe. C’est un rapport professionnel à personnel, ça crée du lien mais si c’est asymétrique. 

  • Quels sont vos prochains projets et objectifs ?

Mon premier cap serait d’embaucher. Un projet plus commercial se profile à l’horizon 2022 et d’autres problématiques, de nouveaux enjeux, de nouvelles questions aussi… La palette d’expression s’étend et j’adore être nourrie de nouvelles choses ! J’aimerais continuer à créer une équipe soudée, créer un réel échange autour des différents projets. J’ai besoin de ce ping pong d’idées, cette émulation collective… ça augmente le champ des possibles ! J’ai aussi investi dans un petit bureau qui permet de recevoir et cela me permet aussi de couper quand il faut couper ! 

Laurie Aufschneider

  • Pouvez-vous présenter en quelques mots et nous expliquer votre précédent métier et ce qui vous a poussé à changer de voie professionnelle ? Quel a été le déclic ? 

J’étais chef de projet communication en agence de publicité et ma dernière expérience chez l’annonceur a révélé en moi un manque de créativité énorme qui m’a poussé à réaliser que je m’ennuyais dans ce métier. J’avais besoin d’un métier qui prenne vie et qui se réalise concrètement. J’avais en tête depuis un certain temps ma passion pour la déco, j’ai refait mon appart à Glasgow, j’adore chiner et faire des travaux. 

Il me fallait du créatif et de l’architecture, donc le métier d’architecte d’intérieur me parlait beaucoup ! 

  • Quelle formation avez-vous suivie ? Comment l’avez-vous trouvée ? Comment l’avez-vous financée ? 

J’ai suivi GRETA CDMA à l’école Boulle j’ai trouvé sur internet et j’ai appelé l’architecte d’intérieur Cécile Humbert qui m’a conseillé cette formation. J’ai financé cette formation avec mes fonds propres. Je n’ai pas pu bénéficier des aides de l’Etat, ni du Pôle emploi car avec mon Bac +5 en communication, ils estimaient que c’était plus une volonté personnelle. 

  • Pouvez-vous nous parler de la formation ? Quelles ont été les contraintes et ou difficultés rencontrées ? Qu’est-ce qui vous a le plus plu ? 

La formation a duré six mois en présentiel à l’école Boulle et un mois de stage. On avait plein de professeurs différents et de matières différentes. Au début, on se concentre beaucoup sur le dessin, la réflexion et l’optimisation de l’espace, l’apprentissage de mesures standards (hauteur plan de travail, passage…) Ensuite, on est passés à l’apprentissage des logiciels : Autocad, Sketchup, Artlantis (rendu 3D). Tout au long de la formation, on a un projet à mener à terme et à présenter devant des professionnels de l’architecture et des architectes d’intérieur. On devait présenter le projet à la fin de la formation. Ça s’est super bien passé ! Nous avions un véritable loft à Paris, qu’on a visité. On devait faire un projet public à la fois privé, accueillant du public et un appartement privatif. J’ai inventé un atelier pour faire du gin où les invités pouvaient choisir dans le jardin les essences de gin, avec un endroit d’accueil et un endroit de conception du gin. C’était intéressant à faire. Et au-dessus, un appartement privatif à imaginer pour une famille. En nous demandant ce genre de projet, on réfléchit à 2 types de public : toutes les normes ERP (établissement à recevoir du public) et toute la partie privée plus “simple”, plus déco, plus petite car la surface publique était plus importante. Cela nous a permis d’avoir les 2 côtés.

La difficulté, c’est de retourner à l’école à 30 ans, de changer de vie perso. Des projets à rendre tous les lundis donc peu de temps perso à côté. Il a fallu travailler le soir, le weekend. La première difficulté était lors du rendu de maquette. Je ne l’avais jamais fait auparavant, c’était un gros challenge. Mais on se rend vite compte qu’on peut s’en sortir et on se donne. Il fallait que ce soit à l’échelle. C’était le plus dur, il fallait convertir pour être juste. Mais je me suis bien amusée à faire cette maquette. Ils nous ont laissé chercher par nous même mais c’était bien. Les cours de dessin nous ont appris la technique du point central. Le dessin technique, plus scolaire, consistait à dessiner des coupes face, de côté, de profil et du dessous, c’était très intéressant. C’était intense ! La tête pleine de nouvelles notions et le soir il faut continuer. Le cours d’histoire de l’art était passionnant, on apprend plein de choses, c’est assez incroyable. Après les études, on apprend moins et là on apprend tous les jours. 

Le stage je l’ai trouvé via Instagram chez Atelier Devergne, c’était très intense mais bénéfique car on pratique les vrais outils, on présente au client un plan, moodboard… 

  • Pouvez-vous nous raconter le lancement de votre activité ? Comment avez-vous trouvé votre premier chantier ? Comment cela s’est passé ? 

Après le stage, je n’ai pas voulu me lancer tout de suite seule (syndrome de l’imposteur) j’avais besoin de me rassurer avec des expériences.  J’ai trouvé dans une agence d’architecture d’intérieur, la Belle Experience, par le biais d’un contact. Ils ont été séduit par le fait ma double casquette car c’est leur deux métiers. C’est une agence hybride qui combine marketing et architecture d’intérieur.  J’y suis restée six mois et il y a eu le covid ! Il a fallu que je me lance à mon compte. Finalement sans le covid, je me serais pas lancée aussi vite à mon compte. 

Pour me lancer, j’ai commencé à faire mon site internet pendant le confinement avec le peu de contenu que j’avais. Finalement ça me faisait une première présence sur internet. Je l’ai posté sur Linkedin, et finalement j’ai été contacté par une ancienne élève de mes études de marketing. Elle travaillait pour un promoteur immobilier et elle cherchait une architecte d’intérieur. Ils leur fallait un premier devis et les accompagner dans la création d’un showroom pour présenter les matériaux. J’ai donc créé ce showroom qui représentait une maison avec des arches et on rentrait dans le projet avec tous les éléments, les matériaux et c’était plus visuel pour les clients de se projeter. Et ce premier projet m’a lancé et m’a donné confiance en moi. Les autres clients, c’est beaucoup de bouche à oreille. 

Finalement sans le covid, je me serais pas lancée aussi vite à mon compte.

Projet S&C Laurie Aufschneider

  • Comment se passe cette reconversion depuis ?

Maintenant je fais à la fois de la rénovation de bureaux mais aussi des logements particuliers. On m’a contacté pour une maison de santé. L’idée est de varier les projets, pas uniquement que du particulier. Ça fait deux ans mais là je sens une évolution, mon réseau s’agrandit, j’ai même des projets grâce à des chefs de chantier. Finalement ça se fait tout seul ! J’ai été contacté via instagram. C’est la recommandation qui prime. 

Dans un premier temps, on commence par un rendez-vous téléphonique pour comprendre le projet, le budget, les souhaits et bien comprendre leurs besoins. Quand j’ai bien cerné, j’envoie un devis. Puis je passe au relevé métré. Puis vient la phase de conception, la phase de dossier de travaux et la phase suivi de chantier. J’aime beaucoup la phase de conception, repartir d’une page blanche tout en prenant en compte les contraintes du lieu. Dessiner un projet qui correspond au mieux au projet des clients. C’est très psychologique, connaître les usages pour répondre aux mieux aux besoins des clients. La recherche de matériaux est très intéressante aussi, je cherche constamment des matériaux originaux, pas trop vus tout en respectant le budget. Le suivi de travaux peut être délicat et nécessite une bonne communication avec l’entrepreneur. Il faut se créer un carnet d’adresse et rencontrer les personnes et voir si ça passe ou pas. Au fur et à mesure on étoffe son carnet d’adresse : un bon menuisier, un bon peintre avec des belles finitions.. Après on s’aide entre archi et avec la formation, on garde des contacts et on s’en donne.

  • Qu’est-ce que vous donneriez comme conseil aux personnes qui ont envie de se lancer ? 

Il faut foncer ! Il ne faut pas avoir peur de ce qu’il va se passer après. Il ne faut pas regarder la montagne mais le passage qu’on est en train de se créer et on va réussir à gravir la montagne. Il ne faut pas se mettre des bâtons dans les roues avant de commencer. Finalement, les portes s’ouvrent au fur et à mesure. Les contacts se font naturellement. Tester des logiciels pour voir si c’est quelque chose qui vous intéresse. On peut supprimer cette première barrière facilement. Ça m’a boosté ! 

Je voudrais proposer de plus en plus des matériaux plus responsables, des peintures écologiques.

  • Quels sont vos prochains projets et objectifs ?

Je vais faire beaucoup de sur-mesure, dessiner des meubles de A à Z. Je vais aussi travailler avec Marie-Sophie Donnedieu pour cumuler nos compétences et avoir des projets de plus grande envergure. Et proposer des matériaux plus responsables, des peintures écologiques, éviter de tout déposer (j’ai convaincu des clients de garder un parquet des années 70 juste de le poncer) car cela à un intérêt financier mais surtout un intérêt écologique !

Isabelle Solers

  • Pouvez-vous présenter en quelques mots et nous expliquer votre précédent métier et ce qui vous a poussé à changer de voie professionnelle ? Quel a été le déclic ? 

J’ai passé 30 ans en tant que journaliste pour de l’information et des magazines comme le Magazine de la Santé. J’ai notamment travaillé pour TV5 Monde. En parallèle de ma vie professionnelle, j’ai toujours été très intéressée par l’architecture ancienne, j’ai acheté mon premier appartement seule que j’ai rénové puis au fur et à mesure, j’ai acheté, rénové avec mon compagnon plusieurs fois. C’est comme ça que j’ai développé un sens aigu pour l’immobilier et la rénovation. 

  • Quelle formation avez-vous suivie ? Comment l’avez-vous trouvée ? Comment l’avez-vous financée ?

TV5 Monde a proposé en 2020 des départs et j’ai décidé d’en profiter pour me réinventer et suivre la rénovation et la décoration qui m’ont toujours intéressée. J’ai été rassuré par le fait de former dans une école. Malheureusement, il n’y a pas énormément de formations pour devenir architecte d’intérieur. Il y a l’école Boulle à Paris mais il faut disposer de compétences en dessin au préalable. De plus, je cherchais une place pour septembre 2020 et l’école Boulle ne proposait qu’une rentrée en janvier 2021. J’ai eu la chance d’être acceptée à LISAA et j’ai pu commencer ma formation en septembre 2020 comme je le souhaitais. En termes de financement, c’est le plan proposé par TV5 Monde qui m’a proposé de financer ma reconversion et de conserver pendant une durée limitée mes ressources financières à taux plein et c’est un sacrée chance ! 

  • Pouvez-vous nous parler de la formation ? Quelles ont été les contraintes et ou difficultés rencontrées ? Qu’est-ce qui vous a le plus plu ? 

La formation a courru de septembre à juin 2021 dont trois mois de stage que j’ai réalisé chez une architecte d’intérieur déjà connue, amie d’ami. Elle est auto-entrepreneur, c’était tout à fait ce que je recherchais pour une première expérience car j’ai toujours été salariée en entreprise et j’ambitionnais un futur professionnel en totale autonomie. La formation a été très dense car il faut assimiler en 6 mois toutes les bases qui servent à un architecte d’intérieur telles que des ressources informatiques comme le logiciel Sketchup qui a été une grande difficulté pour moi et des notions techniques très précises. Dans architecte d’intérieur, il y a architecte et cela comprend beaucoup de notions techniques. Il est vrai que c’était parfois très lourd mais je me suis accrochée. 

Dans architecte d’intérieur, il y a architecte et cela comprend beaucoup de notions techniques.

Lors de la formation, nous avions 2 projets à réaliser : le premier en décembre. Il fallait rendre un projet pour un client fictif mais dans les règles de l’art, grandeur nature en maîtrisant tous les outils : moodboard, plans, devis…. Le 1er a eu le mérite de mettre en lumière les sujets que je devais intensifier. Le deuxième a été mieux reçu et m’a bien plus encouragé et je me suis sentie plus à l’aise sur Skechup notamment. La formation a été vraiment très complète et j’ai appris beaucoup de notions indispensables à ce métier comme les mesures techniques, la prise de cote, le dessin en perspective et le dessin de plans à la main ! Une technique un peu ancienne puisqu’il y a des logiciels pour ça maintenant mais une bonne chose à connaître. J’ai également appris les calculs en perspective et toute la partie administrative et financière : faire des devis, calculer les coûts de main d’œuvre, etc… 

C’est une grande partie dans le métier d’architecte d’intérieur, il nous ont prévenu à LISAA, architecte d’intérieur c’est : un tiers esthétique, un tiers administratif et un tiers financier, c’est quelque chose à savoir ! Mon stage m’a permis de réaliser certains aspects de ce nouveau métier qu’il fallait que j’intensifie mais j’ai été bien accompagné par une personne bienveillante qui m’a aidé. 

Projet Bastille Atelier H4

  • Pouvez-vous nous raconter le lancement de votre activité ? Comment avez-vous trouvé votre premier chantier ? Comment cela s’est passé ?

Mon premier projet a été pour des personnes de ma famille avec qui cela s’est bien passé mais il faut être conscient que ce n’est pas toujours le cas malheureusement, surtout quand on est proches. J’ai aussi la chance, avec mes nombreuses rénovations à mon actif, d’avoir rencontré un entrepreneur qui me suit et qui sait répondre à mes interrogations. C’est rassurant et agréable de travailler avec une personne comme ça. 

  • Comment se passe cette reconversion depuis ?

Mon activité a commencé en septembre 2021 et je prends confiance en moi, les choses se mettent en place naturellement. Grâce à mes ventes de biens, je connais beaucoup d’agents immobiliers ce qui m’amène des clients et des sollicitations. C’est aussi du bouche à oreille, mon nom circule. 

  • Qu’est-ce que vous donneriez comme conseil aux personnes qui ont envie de se lancer ? 

De se former en amont et de se renseigner. Sketch Up est un logiciel indispensable et demande une réelle maîtrise. Ce n’est pas toujours évident de se lancer dans ce genre de logiciel. Il y a aussi les autres ressources informatiques à connaître comme Layout, Indesign… Si vous avez déjà des bonnes bases, vous gagnerez du temps pendant votre formation. Il y a aussi une revue Le Moniteur qui peut être utile. C’est un métier pas facile, qui demande du temps et de la concentration et les vacances quand on est à son compte, ce n’est pas la priorité !

C’est un métier pas facile, qui demande du temps et de la concentration

  • Quels sont vos prochains projets et objectifs ?

Signer plus de chantiers et consolider mon entreprise.

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