« Prendre l’air est la seule activité encore possible et gratuite en Île-de-France »

Le week-end dernier, de nombreux habitants d’Île-de-France se sont retrouvés à l’extérieur pour profiter du soleil, de retour dans le ciel parisien. Une attitude pas toujours comprise, alors que toute la région est en surveillance renforcée. Pour ELLE, plusieurs Franciliens expliquent leur choix.

Avec l’arrivée des beaux jours, les critiques se multiplient à l’égard des Franciliens qui prennent d’assaut les parcs et les jardins chaque week-end. Des reproches pas toujours bien compris par les principaux intéressés.

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Sam, 18 ans, Paris 13 : « Me balader le week-end est mon dernier espace de liberté » 

« Je passe mes journées à suivre des cours en distanciel. Avant, je sortais en fin de journée pour retrouver mes amis que je ne vois presque plus depuis un an. Avec l’avancée du couvre-feu à 18 heures, c’est devenu impossible. Certains continuent de se retrouver le soir, quitte à payer 135 euros d’amende. Personnellement, je ne peux pas me le permettre. Me balader le samedi et le dimanche, c’est vraiment le dernier espace de liberté qu’il me reste. On ne peut pas vraiment se retrouver entre amis dans des appartements car on a tous des chambres étudiantes minuscules. On était nombreux sur les quais le week-end dernier parce qu’on est tous dans la même situation. Au moins, on était à l’extérieur, c’est moins dangereux. Pouvoir retrouver un semblant de ma vie d’avant, l’espace de quelques heures, c’était super important pour le moral. Si on nous enlève ça, on va devenir fous. » 

Marion, 27 ans, Saint-Gratien (95) : « Je ne comprends pas pourquoi on culpabilise les gens qui n’ont pas de jardin » 

« Je ne comprends pas pourquoi on culpabilise les gens qui n’ont pas la chance d’avoir un extérieur. On est des primates, nous avons besoin d’air frais. Je n’imagine pas un futur confinement, je suis dans le déni. » 

Béatrice, 38 ans, Paris 5 : «  On passe la semaine à courir pour respecter le couvre-feu, le week-end est le dernier moment qu’ils nous restent pour relâcher la pression » 

« Avec l’arrivée des beaux jours, c’est prévisible que les Parisiens se retrouvent dans les parcs de la capitale. Dimanche dernier, avec mon mari, nous sommes allés nous promener au jardin du Luxembourg avec nos deux enfants. Nous avons un balcon dans notre appartement mais les parcs restent les meilleurs terrains de jeux pour eux et s’aérer l’esprit fait du bien à toute la famille. On passe la semaine à courir pour respecter le couvre-feu. Du lundi au vendredi, l’ensemble de nos distractions en dehors du travail ont disparu. Le week-end, c’est le dernier moment qu’ils nous restent pour relâcher la pression et nous retrouver en dehors des murs de notre appartement. C’est vital de garder un minimum d’accès à la nature. Je comprends que les images que l’on a vues ce week-end suscitent l’étonnement, voire la consternation pour les personnes qui vivent à la campagne. Seulement, il faut comprendre que lorsqu’on vit en ville, pour profiter du soleil on est souvent obligés d’aller se promener dans des parcs publics. Et en ce moment, l’ensemble des Franciliens a ce même besoin. » 

Lilian, 24 ans, Issy-les-Moulineaux (92) : « Prendre l’air est la seule activité encore possible et gratuite en Île-de-France » 

« Aller dans les parcs et jardins le week-end, ça reste le seul moyen de prendre l’air au sens premier du terme. Et puis ça apporte un peu de nature quand tout le monde n’a pas la possibilité de partir en week-end ou en vacances. C’est la seule activité encore possible et gratuite en Île-de-France. Ici, c’est la même problématique pour tout le monde : très peu de gens ont des jardins ou même des balcons. »

Gérard, 62 ans, Courbevoie / La Défense : « Un confinement le week-end ne servirait à rien » 

« Un confinement les week-ends ça ne servirait à rien. Ça va amener les gens à se regrouper et à s’entasser dans des espaces clos. Ce n’est pas la meilleure solution pour empêcher la circulation du virus. Le travail, c’est tout ce qui va rester au final. C’est dommage car le week-end, c’est le moment de la semaine qui est fait pour se ressourcer et sortir. » 

Sandra, 30 ans, Paris 17 : « Je suis plus choquée par un métro bondé qu’un jardin blindé » 

« Avec le couvre-feu, les gens se restreignent toute la semaine. Ils rentrent chez eux à 18 heures, ils ne font rien. On arrive au printemps, il fait beau, on a envie de prendre l’air, c’est normal. Ce week-end, je suis sortie me promener dans le Marais. Dimanche, j’étais au Jardin du Luxembourg pour profiter du soleil. J’ai été plus choquée par les scènes de foule pendant les soldes que par des gens qui se posent tranquillement dans un parc. Sortir, voir un peu de végétation, c’est plus important que d’acheter des articles non-essentiels. De la même façon, je suis davantage choquée par les rames de métro bondées, qu’un jardin blindé. Et puis, c’est mieux que les gens se retrouvent à l’extérieur que dans des appartements. À Paris, on est dans une ville bétonnée, on ne peut pas nous enlever les seuls moments où on peut voir de la verdure. Si on refuse ça, autant être confiné totalement. J’ai l’impression que le confinement le week-end c’est illusoire et j’en ai marre. »

Rachel, 24 ans, Ivry-sur-Seine (94) : « Ce week-end ensoleillé, je l’ai vu comme un aparté dans le temps » 

« Ça fait un an que la vie est faite de restrictions. Ce week-end ensoleillé, je l’ai vu comme une respiration, une espèce de bulle, un aparté dans le temps. C’est légitime de se dire “on va profiter pendant qu’il fait beau”, je ne vois pas le mal. C’est la seule chose qu’on peut faire en restant dans la légalité. Si on est confinés dans les prochains jours, ça va être compliqué pour beaucoup : avec le couvre-feu c’est impossible de sortir. Le week-end, c’était notre dernier moment de respiration. Ça va nous forcer à ne faire que du boulot-dodo. »

Emma, 25 ans, Paris 5 : « Je préfère sortir que de voir ma santé psychologique se détériorer » 

« Le week-end dernier, j’étais au jardin du Luxembourg et j’ai été prise en photo sans mon accord, par d’autres passants qui étaient choqués de voir autant de monde. J’étais indignée. Personne ne cherche à comprendre les raisons qui nous poussent à sortir. Personnellement, je préfère prendre le risque d’attraper le virus en allant dans un parc, plutôt que de voir ma santé psychologique se détériorer parce que je suis restée enfermée chez moi. Je vis dans un 20m2 qui donne sur une cour sombre. C’est vital pour moi d’aller me promener dans un jardin, alors que tous les autres lieux de divertissements sont déjà fermés. Si on est reconfinés, je vais retourner dans ma famille qui habite à la campagne. Mes parents sont d’accord. On a déjà fait ça lors des précédents confinements. Mais je trouve cette mesure injuste car tout le monde n’a pas la chance de s’échapper de la capitale. » 

Sabrina, 42 ans, Courbevoie / La Défense : « Qu’on laisse les gens vivre et qu’on vaccine le plus possible » 

« J’ai la chance d’avoir un jardin mais j’admets que la possibilité d’un nouveau confinement m’ennuie profondément. Je préférerais qu’on laisse les gens vivre et qu’on vaccine le plus possible. » 

Louise, 24 ans, Paris 14 : « Ça fait du bien au moral » 

« Moi-même, je suis allée prendre le soleil au canal St-Martin et dans un parc pas loin de chez moi ce week-end parce qu’il faisait beau et que la grisaille de l’hiver me pèse. Ça fait du bien au moral et à la santé de manière générale. Le tout c’est de prendre ses précautions. C’est important pour moi parce que je vis dans un 20m2 avec mon copain. Si nous sommes de nouveau confinés, je ne le vivrai pas très bien mais je me dis que c’est un mal pour un bien. Je préfère que ce soit tout de suite pour enrayer la propagation de l’épidémie et qu’on ait un peu de liberté cet été. Qu’on soit patient maintenant pour profiter plus tard. » 

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