Première en Europe : l’Espagne en passe d’instaurer un congé menstruel de trois jours chaque mois
C’est une première en Europe. L’Espagne serait en passe de mettre en place un congé menstruel de trois jours par mois, pour les personnes souffrant de règles douloureuses, selon les informations du journal espagnol El Pais, traduites par Euronews.
Le quotidien rapporte que ce congé pourrait même être étendu à cinq jours “pour les femmes aux règles invalidantes qui souffrent de crampes sévères, de nausées, de vertiges et de vomissements”, si elles présentent un certificat médical.
Cette mesure s’intègre à “un projet de loi plus large sur la santé reproductive et les droits à l’avortement”, dont les détails devraient être divulgués mardi 17 mai 2022, selon les médias espagnols.
“Il est logique qu’on prononce une incapacité temporaire de travail”
Selon les chiffres cités par la secrétaire d’État espagnole à l’égalité et contre la violence sexiste, Ángela Rodríguez, à l’occasion d’une interview pour El Periodico, 53% des Espagnoles souffriraient de dysménorrhées, un pourcentage qui bondirait à 74% chez les jeunes femmes.
« C’est inacceptable et ça devrait faire réfléchir les médecins et la société. Lorsque le problème ne peut pas être résolu médicalement, il est logique qu’on prononce une incapacité temporaire de travail », a-t-elle déclaré.
« Il est important de clarifier qu’on ne parle pas d’un léger inconfort, mais de symptômes graves et handicapants. Si quelqu’un a une maladie avec de tels symptômes, un arrêt temporaire lui est accordé. Il devrait en être de même pour les menstruations », a poursuivi la politicienne.
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Un congé menstruel qualifié de “stigmatisant” par ses détracteurs
Si l’Espagne est considérée, en Europe, comme un pays pionnier en matière de droits des femmes, la proposition de ce congé menstruel a immédiatement créé la controverse.
Selon la BBC, plusieurs figures politiques ont exprimé leur inquiétude, arguant qu’un congé menstruel pourrait se retourner contre celles qui le demandent, en « décourageant les employeurs de les embaucher ».
« Nous pensons que cette question est complexe et n’est pas traitée de manière adéquate », a déclaré Cristina Antoñanzas, secrétaire adjointe de l’UGT (un important syndicat espagnol), citée par Euronews, avant de demander que « les femmes soient considérées comme des travailleuses ayant les mêmes droits que les hommes ».
« Permettez-moi de le répéter très clairement, ce gouvernement croit en l’égalité des sexes et y est absolument attaché et nous n’accepterons jamais aucune mesure qui puisse entraîner la stigmatisation des femmes« , a répondu Nadia Calviño, ministre de l’Économie, auprès d‘Europa Press.
En Espagne, un projet de loi global sur la santé menstruelle et reproductive en cours
Ce congé menstruel n’est qu’une des mesures qui se verraient appliquer si le projet de loi sur la santé menstruelle et reproductive est entériné.
Comme le précise El Pais, ce dernier prévoit également de réduire la TVA sur les protections périodiques (la fameuse taxe rose, ndlr) et de les rendre gratuites et accessibles dans les écoles et les centres éducatifs. Ces propositions visent à enterrer « les stéréotypes et les mythes sur les menstruations qui existent encore et qui entravent la vie des femmes seront combattus », selon le quotidien espagnol.
Le projet comprend également un congé maternité payé prolongé avant l’accouchement et des modifications des lois concernant l’accès à l’avortement, précise la BBC.
Cette “loi pour la protection des droits sexuels et reproductifs et la garantie de l’interruption volontaire de grossesse”, supprimerait, entre autres, l’obligation pour les jeunes femmes de plus de 16 ans d’obtenir le consentement parental avant d’entamer une procédure d’IVG.
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