Prééclampsie : causes, symptômes, traitements et risques de cette complication de grossesse

La prééclampsie est une complication possible de la grossesse : le Dr. Beillat, gynécologue obstétricienne, nous explique tout.

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Prééclampsie : de quoi s’agit-il exactement ?

La prééclampsie est une complication possible de la grossesse : les spécialistes estiment qu’environ 8 % des femmes enceintes sont concernées – la prééclampsie n’est donc pas rare.

Prééclampsie : définition. La prééclampsie se définit comme l’association d’une hypertension artérielle (avec une tension artérielle supérieure à 14/9) et d’une protéinurie (un taux de protéines dans les urines supérieur à 0,30 g/L) pendant la grossesse. Dans le langage médical, on parle aussi de  » toxémie gravidique « .

Que se passe-t-il exactement ?  » Pour schématiser, on pourrait dire que le corps de la femme enceinte rejette le placenta, sur le modèle d’un rejet de greffe  » explique le Dr. Tiphaine Beillat, gynécologue obstétricienne.

L’élévation de la pression artérielle (ou de la tension artérielle, c’est la même chose) au-dessus de 14/9 est responsable de mauvais échanges sanguins entre la femme enceinte et le fœtus à travers le placenta ; les reins sont altérés par cet excès de tension artérielle, d’où un passage de protéines dans les urines.

À noter : la prééclampsie est une complication de grossesse qui survient après la 20ème semaine d’aménorrhée (20 SA), c’est-à-dire après la 18ème semaine de grossesse (4ème mois de grossesse).  » Elle est toutefois très rare avant 25 SA, c’est-à-dire avant 23 semaines de grossesse  » précise la gynécologue obstétricienne.

Prééclampsie : quels sont les causes ?

Un facteur de risque génétique. Les causes exactes de la prééclampsie ne sont, à ce jour, pas totalement élucidées. «  On sait toutefois qu’il existe un facteur de risque génétique, donc familial  » remarque le Dr. Tiphaine Beillat.

L’âge de la mère, les maladies chroniques… Du côté des facteurs de risque hors-génétique, on peut notamment mentionner l’âge de la future mère : la prééclampsie concerne les femmes enceintes jeunes (avant 18-20 ans) ou, au contraire, plus âgées (après l’âge de 40 ans).

Par ailleurs, la prééclampsie est une complication de grossesse plus fréquente chez les primipares (c’est-à-dire : chez les femmes qui attendent leur premier enfant), chez les femmes souffrant d’hypertension artérielle (HTA) ou encore chez les femmes souffrant de diabète (diabète de type 1 ou diabète de type 2).

Prééclampsie : quels sont les symptômes à identifier ?

Les symptômes de la prééclampsie sont :

  • Les œdèmes :  » très concrètement, la femme enceinte se met à gonfler des jambes, des bras, des mains, du visage…  » précise le Dr. Tiphaine Beillat,
  • Les phosphènes : «  la femme enceinte voit des  » mouches  » ou des  » taches brillantes  » devant ses yeux « ,
  • Les acouphènes :  » la femme enceinte a des bruits parasites dans les oreilles, qui peuvent être des sifflements par exemple « ,
  • Les céphalées :  » la femme enceinte a des maux de tête qui semblent prendre tout le crâne : on parle de céphalées  » en casque «  « ,
  • Les douleurs épigastriques en barre :  » ces maux de ventre dessinent un  » C  » à l’envers dans le ventre : c’est un signe particulièrement inquiétant puisqu’il peut indiquer une souffrance hépatique « .

Prééclampsie : c’est grave, docteur ? Oui. «  La prééclampsie présente d’abord un risque pour la future mère : la présence d’œdèmes aux jambes, au foie, au cerveau… peut conduire au développement de complications graves, voire mortelles : des convulsions, une insuffisance hépatique (à cause de la formation d’un hématome sous-capsulaire du foie)…  » répond le Dr. Tiphaine Beillat. Il existe également un risque pour le fœtus : la prééclampsie peut ainsi être responsable d’un retard de croissance et d’un petit poids de naissance.

Prééclampsie : quelle prise en charge et quelles mesures de prévention ?

Attention !  » Si vous êtes enceinte et que vous présentez un ou plusieurs symptôme(s) pouvant faire penser à une prééclampsie, le mieux reste de consulter votre médecin ou votre sage-femme dans les plus brefs délais ; les douleurs épigastriques en barre méritent même une visite aux Urgences !  » nous avertit la gynécologue obstétricienne.

Prééclampsie : en prévention.  » La mesure de la tension artérielle et du taux de protéines dans les urines (protéinurie) font partie des examens de suivi mensuels pendant la grossesse  » indique le Dr. Tiphaine Beillat. En cas de risque important (en cas d’antécédents familiaux ou personnels de prééclampsie, par exemple), un traitement préventif à base d’aspirine pourra être mis en place.

À savoir.  » Pour les femmes à risque ou qui ont déjà fait une prééclampsie lors de grossesses précédentes, il existe un test qui permet de détecter une protéine spécifique : ce test n’est toutefois ni remboursé ni totalement fiable. « 

Prééclampsie : les traitements.  » Le seul traitement contre la prééclampsie consiste à enlever le placenta, c’est-à-dire à provoquer l’accouchement  » explique la gynécologue obstétricienne.

  • Si la prééclampsie est modérée ou débutante,  » on va prolonger aussi longtemps que possible la grossesse  » afin que l’enfant naisse le moins prématurément possible, développe le Dr. Tiphaine Beillat. La femme enceinte sera hospitalisée et traitée par antihypertenseurs par voie intraveineuse.  » L’accouchement doit être prévu dans une maternité dont le niveau est adapté à la prématurité de l’enfant à naître : les maternités de niveau 1 peuvent procéder à des accouchement à partir de 36 SA (34 semaines de grossesse), les maternités de niveau 2A à partir de 34 SA (32 semaines de grossesse), les maternités de niveau 2B à partir de 32 SA (30 semaines de grossesse) et les maternités de niveau 3 à partir de n’importe quel terme. « 
  • Si la prééclampsie est sévère, l’accouchement doit être déclenché au plus vite.

Merci au Dr. Tiphaine Beillat, gynécologue obstétricienne et membre de la Fédération Nationale des Collèges de Gynécologie Médicale (FNCGM).

À lire : Le grand livre de ma grossesse – Collège national des gynécologues et obstétriciens (CNGOF), éd. Eyrolles.

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