Portrait d’artisan : Vincent Giavelli , céramiste
Découvrez en vidéo le métier de céramiste. Vincent Giavelli répond à nos questions et nous en dit plus sur ce savoir-faire et le métier d’artisan.
Le fait-main vous fascine ? Chaque semaine, Marie Claire Idées s’associe à WeCanDoo pour vous faire découvrir un métier de l’artisanat. Aujourd’hui, c’est au tour de Vincent Giavelli, céramiste, de nous ouvrir les portes de son atelier.
Le grand retour de la céramique
Depuis déjà quelques années, la céramique fait son grand retour. Vaisselle ou objets déco : cet artisanat ancestral redonne de une nouvelle dimension à ces objets du quotidien que l’on ne regardait plus. Bien plus qu’une tendance déco c’est le métier de céramiste qui fait rêver. Une activité qui remet de l’authenticité et de la simplicité au coeur de nos quotidiens et surtout un retour au concret. Manipuler la terre présente de nombreuses vertus thérapeutiques. On compare même cette activité au Yoga ou encore à la Méditation. Un moment de déconnexion à soi loin des écrans.
De nombreux ateliers de céramistes ont ouvert leurs portes pour permettre à tous de s’initier et découvrir les joies de cette activité.
Parmi eux, l’Atelier Kruttt : un espace accueillant qui propose des cours. C’est ici que nous avons rencontré Vincent Giavelli, céramiste depuis quelques années.
Rencontre avec Vincent Giavelli, céramiste
Un céramiste qui partage son temps entre sa passion et ses missions en freelance en graphisme et son métier d’enseignant. Bien plus qu’un hobby, cette activité créative occupe désormais une très grande place dans sa vie.
Il partage avec nous son parcours et son quotidien.
Parles-nous ton métier
Je m’appelle Vincent Giavelli, je suis céramiste depuis quelques années. J’ai plutôt appris en auto-dictacte en travaillant d’abord tout seul. Puis j’ai intégré l’atelier Kruttt il y a environ un an et demi. Nous sommes 5/6 personnes à partager cet espace.
Quel a été ton parcours ?
Mon parcours, alors comme je l’ai dit en céramique je suis auto-dictate, je suis un peu arrivé au hasard. J’ai une maitrise en expression plastique et audiovisuelle. J’ai travaillé dans la musique, dans le graphisme, dans la publicité. J’ai travaillé à La Grande épicerie de Paris comme directeur artistique pendant 3 ans. Je suis devenu enseignant. Aujourd’hui ça fait plus de 10 ans que j’enseigne dans une école d’arts appliqués. Je suis plus qu’un enseignant classique, je suis plutôt un tuteur de projets. Je suis tuteur avec des enseignants qui sont en 5ème année. Je les aide à « accoucher » de leur diplôme. J’ai beaucoup travaillé sur ordinateur et y a vraiment eu un moment où effectivement y a eu un ras le bol de ca et un besoin de décrocher et puis la terre s’est présentée par une rencontre et un hasard.
À un moment je passais 80% de ma vie professionnelle sur un ordinateur ou au téléphone. Parce que dans mon métier j’étais beaucoup dans l’organisation. J’orchestrais des gens. Je faisais travailler les différentes personnes entre elles.Il y a aussi un moment où je me suis dit que j’en avais assez de mettre en place toutes les conditions pour que les autres s’expriment et du coup juste être le chef d’orchestre. Je me suis dit je vais un peu refermer la voile et je vais moi m’exprimer. Pendant longtemps, il y avait une certaine pudeur de ma part à ne pas prendre la parole moi mais à donner la parole à d’autres gens autour de moi, et à contrôler un peu cette parole car la direction artistique c’est ça. Un jour il a fallu que je dise ok maintenant c’est moi qui parle. Et donc maintenant c’est moi qui parle.
À un moment je passais 80% de ma vie professionnelle sur un ordinateur ou au téléphone.
Pourquoi la céramique ?
Il y avait longtemps que je cherchais une activité manuelle qui pouvait me faire du bien aussi dans le fait de faire quelque chose avec mes mains et me libérer la tête. Je suis très mauvais en dessin. Ça m’a très longtemps handicapé puisqu’il y a beaucoup d’activités qui passent par le dessin. J’ai un gros complexe sur ça et le jour où j’ai eu de la terre ça m’a décomplexé. Il suffit juste d’essayer et de trouver là où on est bien et où on est fier de ce qu’on fait. Aujourd’hui, je suis céramiste, mais je suis plutôt un plasticien qui utilise la céramique pour s’exprimer.
As-tu une technique de prédilection ?
Je suis plus dans une recherche sculpturale. J’aime bien travailler des formes très simples. Ma technique de prédilection c’est la plaque. Ce sont des plaques qui sont étalées, égalisées et puis collées entre elles. Ça implique souvent des formes assez géométriques et beaucoup d’arrondies.
Je vais découper toutes mes formes. C’est un peu comme faire un vêtement, comme un patron. Vous découpez toutes vos formes et vous devez les laisser quelques temps pour qu’elles soient moins fragiles à la manipulation. Puis après, vous les collez entre elles avec de la barbotine. Un mélange de terre et d’eau. Puis après il faut contrôler le séchage pour que ça ne craque pas, pour que ça ne se déforme pas trop, pour que les formes ne s’affaissent pas puisque la terre c’est lourd, surtout quand c’est encore humide.
J’aime beaucoup les matériaux, les fibres naturelles. Donc je travaille beaucoup le raphia, le lin, le chanvre, le coton ou des matières pour faire des paniers par exemple. Pour faire de la vannerie.
Être céramiste c’est aussi pour moi une manière d’avoir une vision et de la retranscrire avec mes mains.
Être céramiste c’est aussi pour moi une manière d’avoir une vision et de la retranscrire avec mes mains.
Est-ce qu’il y a une journée type ?
Je suis vraiment un slasher parce que j’ai été salarié très longtemps mais je faisais toujours du freelance à côté en graphisme et direction artistique. Aujourd’hui je suis enseignant une journée par semaine. J’ai encore des clients donc je fais de la direction artistique dans la communication dans la mode, dans le luxe en général et je fais de la céramique.
Est ce que c’était important pour toi de travailler en indépendant ?
Retourner dans un travail à plein temps, je ne pourrais pas parce que je ne pourrais pas faire 5 jours par semaine la même chose. Ce n’est pas parce que je n’aimais pas le système. J’ai eu des expériences de travail formidables, j’ai rencontré des gens incroyables qui m’ont appris beaucoup de choses. Aujourd’hui ce que j’aime dans ma vie, c’est que tous les matins je me lève et (c’est pas ce que je veux parce que la vie c’est pas aussi simple) mais je sais que je peux travailler le matin pour un client et venir passer l’après-midi ici. Aller à l’école et revenir à l’atelier et que tout ça est poreux.
Pourquoi à ton avis la céramique connait un si grand engouement ?
Dans la céramique, il y a toujours une imperfection. Il y a quelque chose qui est touchant dans le fait de toucher un objet en céramique parce qu’il porte toujours la main de l’être humain. Même quand il a l’air parfait, si vous avez bien l’œil. il y a une déformation du mug, une légère courbure, un accident sous le pot qui rappelle que l’artisan est derrière. Un ensemble de vaisselle en céramique artisanale n’aura jamais le même rendu qu’une céramique industrielle. Elle aura quelque chose de plus vivant. Vous aurez 12 assiettes et les 12 assiettes seront toutes un peu différentes. Aujourd’hui pour les gens, je pense que c’est important. L’artisanat redonne de la valeur aux objets qu’on ne regardait plus.
L’artisanat redonne de la valeur aux objets qu’on ne regardait plus.
As-tu un conseil à donner à ceux qui hésitent à se lancer dans un métier d’art ?
Le seul conseil que je donnerais aux personnes qui veulent se lancer dans un métier d’art, ce serait de se lancer mais de ne pas croire que c’est simple d’en faire un métier. Il faut déjà trouver son médium. Moi quand j’ai trouvé la terre, je savais que c’était ça. Je n’ai plus eu besoin de chercher ailleurs. J’ai fait plein de choses… Une fois que j’ai trouvé la terre c’était la terre. Il faut essayer et puis faire en sorte que ça prenne le plus de place possible dans sa vie.
Est ce que tu arrives à vivre de ton activité ?
La manière dont les gens consomment changent donc on peut accompagner ce mouvement et donc je pense que ça a de l’avenir. Après, je pense que ce n’est pas simple parce que la céramique ce ne sont pas des objets de valeur. Ça demande beaucoup de manipulation et une certaine quantité pour arriver à en vivre. Moi je me suis jamais posé la question car je n’ai jamais dû vivre de cette activité. Après, je commence à vendre aujourd’hui je commence à avoir des commandes et des expos. Je ne me suis jamais dit il faut que j’arrive à en vivre dans un an ou dans deux ans. C’est les vases communicants. Si j’ai plus de travail du côté céramique, je travaillerai moins d’un autre côté. C’est ma liberté à moi. J’ai fait mon petit système pour trouver ma liberté comme ça.
Un mot pour conclure sur cette belle expérience ?
Au début c’était parti sur un hobby et très vite ça a pris de la place parce que le jour où j’ai vraiment touché la terre, où j’ai vraiment commencé à comprendre comment cette terre pouvait fonctionner entre mes mains j’ai compris que c’était là qu’il fallait que je sois et que je n’avais pas besoin de chercher plus loin sur le moyen d’expression qui était le mien. J’ai trouvé la terre, j’ai de la chance, j’y suis, j’y reste.
Envie de vous initier à cet art ? Inscrivez-vous à un atelier « Initiation à la céramique » sur We Can Doo pour découvrir ce savoir-faire et créer votre première création.
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