Pologne : Pour la première fois, une militante va être jugée pour avoir aidé une femme à avorter
C’est une affaire inquiétante que révèle The Guardian ce lundi 28 mars 2022. Justyna Wydrzynska, une Polonaise membre du mouvement Aborcyjny Dream Team (ADT), qui milite pour le droit à l’avortement, doit être jugée la semaine prochaine dans son pays, pour avoir aidé une femme enceinte qui souhaitait avorter en lui fournissant des comprimés afin de provoquer une fausse couche.
Pour la première fois depuis le durcissement de la loi sur l’avortement, une militante doit se présenter devant un tribunal pour l’avoir enfreinte.
Elle aidait une femme victime de violences conjugales
Les activistes d’ADT font toujours parvenir des médicaments aux femmes enceintes qui souhaitent avoir recours à un avortement médical via l’étranger. Une façon de contourner la loi stricte polonaise.
Mais en février 2020, Justyna Wydrzynska fait envoyer les comprimés directement au domicile d’une femme de douze semaines et victime de violences conjugales. L’époux violent a ainsi appris que sa femme souhaitait mettre un terme à sa grosse. Il a dénoncé l’association auprès de la police. « C’était la première fois que je prenais un risque… et bam », raconte la militante au quotidien d’outre-Manche.
Risque de prison ferme
Justyna Wydrzynska encourt jusqu’à trois ans de prison.
Quelques jours avant son procès, elle craint que la justice souhaite faire de son cas un exemple.
« Je pourrais être traitée comme la plupart des autres personnes dans cette situation et être condamnée à une peine de six mois avec sursis, ou ils pourraient vouloir faire de moi un exemple et m’envoyer en prison, peut-être même pendant des années », appréhende-t-elle auprès de The Guardian.
Durcissement de la loi anti-avortement
Dans ce pays traditionnellement catholique qui disposait déjà de l’une des lois les plus restrictives d’Europe en matière d’avortement, la situation s’est aggravée en octobre 2021 lorsque la Cour constitutionnelle a déclaré les interruptions de grossesse pour malformation fœtale « inconstitutionnelles ».
Tout avortement est désormais interdit en Pologne, sauf en cas de viol et d’inceste, ou lorsque la vie ou la santé de la mère sont considérées en danger.
Le gouvernement a justifié cette interdiction comme un moyen de mettre fin à ce qu’il appelle des « avortements eugéniques » mais, selon les militantes, la nouvelle loi oblige les femmes à mener des grossesses non viables.
La plupart des personnes qui ont décidé de se faire avorter en Pologne le doivent aux personnes qui ont décidé de les aider. Les gens comme Justyna devraient être protégés.
« La plupart des personnes qui ont décidé de se faire avorter en Pologne le doivent aux personnes qui ont décidé de les aider. Les quelques cas d’avortements couverts par la loi actuelle ne sont qu’une goutte d’eau dans l’océan des besoins. Les gens comme Justyna devraient être protégés », alerte le mouvement Aborcyjny Dream Team sur son compte Instagram, suivi par 96 000 internautes.
https://www.instagram.com/p/CbpQs6bIP1L/
On compte aujourd’hui moins 2 000 IVG légaux par an en Pologne, selon les données officielles citées par l‘AFP. Mais pour les associations féministes, 200 000 avortements sont réalisées illégalement ou à l’étranger chaque année.
Celles et ceux qui militent pour un droit non-restreint à l’avortement dénoncent les conséquences tragiques de ces lois durcies. En novembre 2021, des milliers de Polonaises et Polonais choqués ont manifesté dans tout le pays en scandant « Pas une de plus » après la mort d’Izabela. Enceinte de cinq mois, la femme de 30 ans est décédée d’un choc septique après que les médecins lui ont refusé une IVG.
https://www.instagram.com/p/CV3K2f5gkth/
- Les pays où l’avortement est encore interdit
- En Pologne, la nouvelle loi encadrant l’IVG tue des femmes
Source: Lire L’Article Complet