Pédocriminalité : Jacques Higelin fut longtemps victime de violences sexuelles dans son enfance et voulait libérer la parole

Car toujours le silence tue. C’est le titre puissant de l’ouvrage de Valérie Houx, biographe et amie de Jacques Higelin, paru le 1er mars 2023 aux éditions Flammarion.

Cinq ans de violences sexuelles

Cette journaliste à Télérama y révèle, à la demande répétée du chanteur avant sa disparition, les violences sexuelles dont il fut victime durant plusieurs années, au cours de son enfance et de son adolescence.

Jacques Higelin a été violé de ses dix ans à ses quinze ans par un homme, qui avait pris un rôle de mentor artistique. Son bourreau, à la fois musicien, comédien et cascadeur, l’avait initié au théâtre, à la musique, et fait embaucher dans une comédie musicale. Des années plus tard, cet homme est condamné pour une autre affaire. Et décédera en prison.

« La première fois qu’il m’a parlé de ce qu’il avait vécu, je ne m’y attendais pas du tout. Nous déjeunions ensemble après une interview, et, subitement, il me raconte cette histoire, Il me dit qu’il a été abusé. Ce devait être en 2011. J’avais écrit un livre révélant l’inceste dont la chanteuse Barbara avait été victime. Il m’a dit que le bouquin l’avait beaucoup touché. Mais à ce moment-là, il n’avait pas envie que ça se sache. Donc, je n’ai rien dit, j’ai gardé son secret. Peut-être me mettait-il à l’épreuve, consciemment ou inconsciemment… Peut-être, est-ce pour cela qu’il m’a fait confiance ensuite », rembobine la journaliste spécialiste de la chanson auprès du Parisien.

Jacques Higelin souhaitait que son témoignage aide d’autres victimes 

Cette dernière a cédé l’intégralité de ses droits d’auteur à l’association Colosse aux pieds d’argile, créée par Sébastien Boueilh, ancien rugbyman abusé sexuellement entre 12 et 16 ans par un proche de sa famille. Car Jacques Higelin avait ensuite témoigné publiquement, afin « d’aider d’autres à prendre la parole ». 

Tu porteras cette parole.

« Au moment de l’écriture de ses Mémoires [Je vis pas ma vie, parues en 2015 chez Fayard, co-écrites par Valérie Houx, ndlr], c’est moi qui le freine. Lui, il voulait tout dire. Je l’ai prévenu qu’il devrait alors en parler partout, dans la presse, à la télévision », se remémore l’autrice auprès du quotidien. Ce à quoi l’interprète d’Alertez les bébés ! décédé en 2018 lui avait à l’époque répondu : « Tu porteras cette parole ». « En parler l’a soulagé de quelque chose. Mais surtout, il me disait que c’était important de le faire pour les autres, pour encourager la libération de la parole. Il m’a demandé de porter cela ».

La biographe a honoré cette volonté, avec ce témoignage posthume, préfacé par Arthur H, fils aîné de l’artiste et grand-frère d’Izïa Higelin. « Ce livre, c’est la promesse que j’avais faite à Jacques Higelin, confie encore Valérie Houx. J’ai attendu cinq ans pour le faire. Mais si je ne l’avais pas fait, je n’aurais pas pu continuer à me regarder dans une glace. »

Depuis la sortie de Car toujours le silence tue, Valérie Houx reçoit des courriers de victimes de pédocriminalité et de violences sexuelles qui la remercient pour ce texte. Qui regrette : « J’aurais tellement aimé que Jacques puisse les lire… »

Dans La vie, son nouvel album dévoilé en février dernier, Arthur H dédie un morceau à son père, évoquant ses souvenirs traumatisants. « Alors cette histoire qui me tue, révèle-la, libère-moi », chante le fils dans « Le secret ».

Car toujours le silence tue, Valérie Houx, préface de Arthur H, éditions Flammarion

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