Pas-de-Calais : l'un des enfants de la fratrie maltraitée témoigne des années de violences
Pour mettre fin à son calvaire et celui de ses frères et soeurs, il avait fait un signalement aux services sociaux. Bryan, 24 ans, est membre de la famille de dix enfants retrouvés attachés, négligés et maltraités par les forces de l’ordre dans le Pas-de-Calais. Une enquête a été ouverte à la suite de son alerte.
Mardi 30 août 2022, au domicile de ses parents à Noyelles-sous-Lens, des policiers ont découvert deux enfants de 2 et 5 ans, à « l’hygiène déplorable », ligotés à leurs chaises hautes. Au commissariat, les enfants de la fratrie, dont les membres sont âgés de 4 mois à 24 ans, ont expliqué avoir subi des sévices continus de la part de leurs parents.
Bryan raconte la dispute de trop
Des violences « physiques » et « verbales » dénoncées également par Bryan, aîné de la famille, qui s’est exprimé à visage découvert sur BFMTV, mardi 6 septembre. Le jeune homme a décidé de sortir du silence après une scène de bagarre entre son père, son beau-frère et l’une de ses sœurs, qui s’en seraient pris à l’un des frères de la famille, âgé de 16 ans : « Je ne pouvais plus voir et vivre des scènes que j’ai vécues. »
Bryan évoque alors des « coups de bâton, de fouet, de raquette, de balai », mais aussi des « scènes de sexualité », relaye BFMTV. Selon lui, ses petits frères ou petites sœurs pouvaient être immobilisés des heures par leurs parents.
Après l’intervention de la police, le couple de quadragénaires a reconnu les faits, il est poursuivi pour violences volontaires et délaissement d’enfants.
Toujours d’après le témoignage de Bryan, qui est aujourd’hui jeune papa, les parents du foyer se servaient de leurs enfants pour toucher des aides : « Quand un enfant part de la maison, ils font un autre enfant pour ne pas perdre une seule somme d’argent. On est leur salaire, l’argent ne va pas aux enfants. »
- « Elle nous battait » : Jennifer Lopez se confie sur sa jeunesse difficile auprès de sa mère
- #MeTooAnimation : « En colonie de vacances, j’ai vu des animateurs décrire des positions sexuelles à des enfants »
Soupçon de défaillances, une enquête administrative ouverte
« Maison de l’horreur, le mot est trop faible », estime Bryan qui s’est dit « choqué » par les propos du procureur de la République de Béthune. Lundi 5 septembre, écrit Europe 1, Thierry Dran avait rejeté le surnom donné au foyer du nord de la France. « On n’a pas de trace de coups sur les enfants qui ont tous été vus par des médecins légistes. On n’a pas d’enfants couverts d’excréments, comme j’ai pu lire partout. Non, ils sont sales et il y a des manquements », avait-il précisé.
« J’ai très mal au cœur de dire à mon petit frère de 16 ans que la justice n’est pas derrière nous, qu’on est encore seuls », a estimé Bryan, racontant qu’à plusieurs reprises, des assistants sociaux sont venus à leur domicile mais que ses parents étaient prévenus et étaient parvenus à cacher les sévices dénoncés.
Dépêchée à la préfecture d’Arras pour échanger avec des acteurs de la protection de l’enfance sur le dossier, lundi 5 septembre, la secrétaire d’État à l’Enfance Charlotte Caubel a reconnu des défaillances : « Il y a eu des signalements qui se sont révélés d’année en année, mais qui n’ont pas nécessairement été recoupés les uns avec les autres. (…) Quand [la famille] avait une visite des services sociaux, elle mettait peut-être en ordre sa maison avec bonne volonté ou consciemment pour cacher sa réalité. »
Une enquête administrative va être ouverte pour déterminer s’il y a eu des manquements dans l’affaire. Présentés à un juge du tribunal judiciaire de Béthune puis mis en examen et placés sous contrôle judiciaire, les deux parents attendent désormais leur procès qui se tiendra en janvier 2023.
Source: Lire L’Article Complet